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›› Editorial

Chine 2010, le défi

L’année 2009 s’est terminée sur quelques raidissements qui rappellent à quel point la Chine entend calculer son ouverture au monde à l’aune de ses intérêts. Le vice-ministre des affaires étrangères Dai Binguo en avait d’ailleurs défini les modalités, ainsi que les limites des possibles concessions chinoises lors des dernières consultations stratégiques sino américaines : « Pour s’assurer que la relation sino-américaine se développe de manière stable, il est important que chacun s’applique à défendre ses intérêts vitaux (...). Pour la Chine, ces derniers sont le maintien et la sécurité de son système politique, la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale, ainsi que le développement stable de l’économie et de la société ». On ne saurait mieux dire.

La déclaration sans ambiguïtés du MAE chinois éclaire le comportement de Pékin qui, au cours du seul mois de décembre 2009 a, par 4 fois, vivement rejeté d’importantes pressions des nations occidentales. A Copenhague, la Chine a d’abord pris la tête d’une fronde des pays émergents pour affirmer la priorité de son développement économique et refuser les contraintes des promesses chiffrées et des vérifications indépendantes proposées par les pays développés. Puis, critiquée par les organisations de droits de l’homme, par plusieurs pays occidentaux et par Taiwan, elle a durement condamné à 11 années de prison pour atteinte à la sécurité de l’Etat l’activiste des droits de l’homme LIU Xiaobo, auteur, avec d’autres, de la Charte 08, signée il y a un an par 300 intellectuels, et réclamant l’adoption d’un système démocratique.

Peu après, elle a, en dépit des protestations des Etats-Unis et des Nations Unies, tous deux pris à contrepied, exercé de lourdes pressions sur le Cambodge pour le contraindre à renier sa signature de la Convention des Nations Unies sur le statut des réfugiés en expulsant, par avion spécial affrété par Pékin, vingt réfugiés Ouïghours accusés d’avoir participé aux émeutes au Xinjiang de juillet 2009. Enfin, resté sourd aux interventions de Gordon Brown et aux appels de plusieurs associations internationales et de quelques capitales occidentales, le bureau politique a, le 29 décembre 2009, laissé exécuter un ressortissant britannique, convaincu de trafic de drogue.

La vigueur des réactions et la fermeté des attitudes chinoises, qui, au passage, flattent les sentiments nationalistes du peuple, expriment l’extrême sensibilité de Pékin en manière de souveraineté nationale et rappellent les trois grands défis auxquels le pays et le système politique sont confrontés : la nécessité d’une croissance minimum, facteur essentiel de la stabilité sociale, pour l’instant préférée - quoi qu’on en dise - aux préoccupations écologiques ; la pérennité du système politique, menacée par l’ouverture économique, les pressions des mécontents et des laissés pour compte, relayées par les nouveaux moyens d’information et de communication, dont la rapidité et l’ubiquité pourraient fédérer les dissidences politiques et la grogne sociale ; la violence des troubles ethniques, qui menacent à la fois la stabilité politique et l’intégrité territoriale du pays.

Ce n’est pas la première fois que le Parti défend avec quelque rugosité ses intérêts. La tragédie de Tian’anmen, également liée aux impératifs de survie du régime, avaient plongé les relations de Pékin avec l’Ouest et ses alliés dans des abîmes de méfiance et de réprobation. Il y eut aussi, au milieu des années 90 et quelques années plus tard, d’autres épisodes alarmants, quand Taiwan essuyait les plâtres de sa démocratie sous le feu des missiles inertes chinois, ou quand, en 2001, un avion américain de reconnaissance EP 3 et son équipage, obligés d’atterrir en catastrophe sur l’Ile de Hainan après une collision avec un chasseur chinois, avaient été retenus en otages pendant plus d’une dizaine de jours.


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