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Chine - Inde : la détente se poursuit en dépit des méfiances

A la mi-janvier Manmohan Sigh, premier ministre indien, s’est rendu en visite officielle en Chine. A l’issue il a signé avec son homologue Wen Jiabao un document de 7 pages, résumant les bonnes intentions des deux pays pour développer leurs relations dans tous les domaines. L’emphase du texte et la multiplicité des sujets abordés qui balayent tout le spectre de la relation depuis la grande stratégie et l’impact du rapprochement sino-indien sur la situation mondiale, jusqu’à la lutte contre le terrorisme et le changement climatique, en passant par la coopération économique, le partenariat pour le développement des hautes technologies, sans oublier la solution des querelles de frontières, cachent mal la réalité d’une relation extraordinairement complexe, encore teintée de scepticisme.

Il a d’abord fallu attendre près de 30 années, après le bref conflit de frontières de 1962, avant que Rajiv Ghandi venu en visite en Chine en 1988 relance le processus de réconciliation. Celui-ci dure toujours. Une prudente lenteur marquée par la méfiance qui fonde une relation ponctuée de rivalités et d’escarmouches plus que de conflits graves. Et il est vrai que les deux pays n’ont pas connu d’épisodes dramatiques, dont les réminiscences pèseraient gravement sur leur histoire commune. Il n’empêche que la faiblesse des échanges traduit un malaise (à peine 50 milliards de dollars contre 350 avec les Etats-Unis et 370 avec l’UE). Le PM indien a d’ailleurs, dans un discours officiel, exprimé ses craintes que le développement de la relation ne se traduise par l’augmentation du déficit de New Delhi, tandis que les hommes d’affaires indiens, instruits pas l’ampleur de l’expansion commerciale chinoise qui plombe la balance commerciale de tous ses partenaires, ont pesé pour faire avorter un projet d’accord commercial régional sino-indien.

En dépit des échanges culturels par le biais du boudhisme, actif dès le premier siècle en Chine, les relations politiques ont longtemps été faibles, souvent réduites à des rivalités de frontières et à des querelles pour des territoires, où le contrôle du Tibet et des zones limitrophes, encore contestées aujourd’hui, a joué un rôle important. L’invasion du Tibet par les troupes de Mao en 1950 a contribué à enraciner la méfiance indienne, d’autant que les Chinois ont, dans la foulée, occupé les territoires légués à la Chine par la Ligne Mac Mahon, que New Delhi n’a jamais reconnue. La fuite du Dalai Lama en Inde en 1959, puis l’attaque lancée à l’automne 1962 par la Chine contre l’Inde furent l’apogée des querelles, qui fondèrent la méfiance réciproque. Celle-ci dure encore aujourd’hui. Pour faire bonne mesure, New Delhi a, en 1998, offusqué la Chine en justifiant ses essais nucléaires par la crainte de « la menace chinoise ».

Aujourd’hui, les querelles de frontières ne sont toujours pas réglées, mais - la dissuasion nucléaire aidant - il est peu probable qu’elles dégénèrent en conflit armé. D’autres méfiances sont apparues, liées au déséquilibre d’audience et d’influence. A côté des affirmations de puissance de la Chine, de ses succès économiques et du haut profil de sa politique internationale, l’Inde fait aujourd’hui figure de « discret second », dans la classe des géants émergents. New Delhi, placé en position de faiblesse, avec de surcroît un armement nucléaire que l’Occident lui conteste, ne peut que constater l’asymétrie de la relation, face à une Chine membre permanent du Conseil de sécurité, de plus en plus influente dans les affaires du monde. Le fait que New Delhi doive encore rechercher l’approbation de Pékin au sein du « groupe des fournisseurs » de combustible nucléaire pour son programme de réacteurs civils, ajoute encore aux frustration indiennes.


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