›› Editorial
Depuis le déclenchement des frappes occidentales contre la Libye, la Chine, qui les a autorisées en ne jouant pas de son droit de véto, multiplie les déclarations qui les condamnent. Ces réactions conformes à l’attitude traditionnelle, opposée aux ingérences militaires, viennent cependant après deux prises de position assez inhabituelles de la Chine au Conseil de Sécurité, dont elle assure la présidence.
Le 26 février, Pékin a en effet voté presque sans hésitation la résolution 1970 imposant des sanctions sévères à Tripoli - embargo sur les armes, interdiction de voyages à plusieurs personnalités du régime, gel de leurs avoirs -, accompagnée d’une saisine de la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité.
Le 17 mars, Li Baodong, l’Ambassadeur de Chine, s’est abstenu d’opposer son véto à la résolution 1973, autorisant l’usage de la force pour instaurer une zone d’interdiction aérienne, et dont les modalités étaient pourtant suffisamment ambigües pour permettre des frappes au sol.
L’attitude chinoise est assez inhabituelle pour être relevée, d’autant que stricto sensu, rien ne permet de dire que les représailles déclenchées par Kadhafi contre ses opposants menacent la sécurité internationale, comme le répète la coalition. C’est donc la toute première fois que Pékin a choisi de ne pas bloquer une action militaire déclenchée contre un pays souverain pour des raisons humanitaires internes.
Depuis, le Régime chinois s’applique à corriger l’impression que ses décisions dans l’affaire libyenne pourraient constituer un précédent, signalant une modification de sa politique de non ingérence. Récemment deux déclarations du pouvoir ont rappelé la position officielle de Pékin.