›› Editorial
Après Lee Teng-Hui (KMT) et Chen Shui-Bian (DPP), deux natifs de l’Ile, Ma Ying-Jeou (KMT), 58 ans, né à Hong Kong dans une famille issue du Hunan, docteur en droit formé à New York et Harvard, sera le troisième président de l’ère démocratique à Taiwan. Ancien collaborateur proche de Jiang Jing-Guo, le fils de Tchang Kai-Chek qui lança l’ouverture politique de l’Ile, Ma fut également vice-directeur du Comité pour les Affaires Continentales, ministre de la justice de Lee Deng Hui et maire de Taipei de 1998 à 2006.
Même s’il se souvient que Ma fut, en 2005, le seul dirigeant du KMT à critiquer la loi anti-sécession, ce qui lui valut d’être persona non grata à Hong Kong, le Parti Communiste Chinois est doublement soulagé. D’une part c’est le candidat du KMT, dont la plate-forme politique reconnaît - il est vrai à sa manière - le consensus d’une seule Chine de 1992, qui a été élu président de la République, avec une large avance sur Frank Hsieh son rival du DPP (17 points d’écart, plus de 58% des voix, et plus de 76% de participation, cependant inférieure aux 80% des scrutins présidentiels précédents) ; D’autre part le double référendum sur l’accession de l’Ile à l’ONU sous le nom de « République de Taiwan », ou sous celui de « République de Chine », a échoué, le quorum de 50% de votants n’ayant pas été atteint. Alors que la communauté internationale, inquiète des événements au Tibet, a les yeux rivés sur Pékin, la question taiwanaise a donc pour l’instant évolué favorablement pour le régime chinois.
Depuis la semaine dernière, la question tibétaine en pleine effervescence, mise en avant par le DPP qui cherchait à refaire son retard dans les sondages, s’était invitée dans la campagne présidentielle. L’amalgame entraîna quelques surenchères qui stigmatisaient la brutalité de Pékin, tandis que Ma Ying-Jeou, pour ne pas être en reste, menaçait de boycotter les JO. Ce discours était entièrement destiné à rassurer les électeurs sur sa détermination à préserver les libertés des Taiwanais, alors que Frank Hsieh, l’accusait de vouloir « vendre l’Ile » à Pékin.
La victoire de Ma, qui fait suite à la déconfiture du DPP au Yuan Législatif, consacre le retour du KMT au pouvoir après huit années d’absence. Les électeurs, excédés par les scandales, inquiets des provocations indépendantistes de Chen Shui-Bian, mais surtout mécontents des mauvais résultats économiques de l’Ile ont, à deux reprises, clairement signifié qu’ils étaient bien plus soucieux des équilibres internes à Taiwan et de la préservation de son statut d’indépendance de fait, que de promouvoir des initiatives de principe spectaculaires pour rehausser le statut international de l’Ile.