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›› Politique intérieure

A Hong Kong, un tribunal invalide 4 parlementaires récemment élus

Doutes sur l’avenir des « Deux Systèmes ».

En haussant l’analyse d’un étage on touche une fois de plus aux limites des « Deux Systèmes ». Il est vrai que la nervosité de Pékin et ses reflexes répressifs augmentent à mesure qu’à Hong Kong l’adhésion à la Chine et au principe des « Deux Systèmes » faiblissent, laissant craindre que, de proche en proche, l’idée d’une rupture pourrait faire tâche d’huile. Un sondage conduit du 23 mai au 3 juin derniers par l’Université de Hong Kong auprès de 1000 citoyens de la R.A.S interrogés sur 10 sujets liés à la qualité de la mise en œuvre par Pékin de l’autonomie du territoire donne des résultats contrastés dont certains sont alarmants.

Aux questions générales sur les libertés économiques et individuelles ainsi que sur le niveau de démocratie du territoire, le pourcentage combiné des réponses mesurant, selon les sondeurs, la qualité de la mise en œuvre des « Deux Systèmes » atteint le score très favorable de 65,2%. De même, allant dans le détail, les questions concernant la liberté d’expression recueillent un score équivalent de 63,6% de réponses positives. L’indépendance de la justice et du Legco sont moins bien appréciées mais restent largement au-dessus de la moyenne, à 57,2 et 55,3%.

En revanche, de sérieux doutes se sont exprimés quant à la possibilité de résoudre par le dialogue les différends entre la R.A.S et le Continent, avec seulement 40,04% des sondés estimant qu’une négociation avec Pékin était possible. Un pourcentage tout aussi faible de 44% estime que le Territoire est protégé des ingérences de Pékin.

Enfin, résultat inquiétant, conséquence des dernières tensions à propos de l’élection du gouverneur au suffrage universel dont Pékin n’accepte le principe qu’à la condition de contrôler au préalable l’allégeance à la Chine des candidats, 89% des personnes interrogées avouent ne pas avoir confiance dans l’évolution des « Deux Systèmes » et font le projet de quitter le Territoire dans les 5 prochaines années.

Ce pourcentage signale un effondrement de la confiance. Pékin le sait et s’en inquiète. C’est probablement la raison pour laquelle les députés invalidés ne seront pas poursuivis pour « sédition », comme ils l’auraient été en Chine.

Conséquences politiques des provocations.

Dernière facette de l’analyse, dans un contexte où il est clair que Pékin n’acceptera ni un suffrage universel authentique mettant en concurrence des candidats libres, ni le développement du mouvement séparatiste, il faut s’interroger sur la pertinence de cette stratégie de la provocation conduisant à un cul-de-sac conduite par des élus indépendantistes radicaux.

Comme s’ils voulaient initier une subversion dont les conséquences seraient incalculables, ces derniers sont en opposition frontale, non seulement avec Pékin, mais également avec la constitution du Territoire et avec les accords entre Londres et Pékin de 1984.

Les premiers contrecoups politiques de leurs actions sont que leurs appels séparatistes ferment le dialogue, produisent un durcissement à la fois du gouvernement central et du gouverneur et, effet pervers direct, réduisent la présence de l’opposition démocrate au Legco.

Alors que l’opposition considère que les jugements d’invalidation du 14 juillet sont une « déclaration de guerre », les provocations indépendantistes ou injurieuses envers le Continent induisent un raidissement de Pékin au point que le 29 avril dernier Wang Zhenmin responsable des affaires légales au Bureau de liaison de Pékin à Hong Kong, avait laissé planer la menace d’une suppression pure et simple des « Deux Systèmes » si la R.A.S s’engageait dans une voie de rupture en contradiction avec les accords. En visite à Hong Kong, le 1er juillet Xi Jinping avait clairement marqué les limites des « Deux Systèmes ». La contestation de la prévalence de Pékin ne serait pas tolérée.

Après le jugement d’invalidation du 14 juillet, le gouverneur Carrie Lam, réputée pour ne pas faire de démagogie, a fait savoir qu’elle ne négocierait pas en pure perte pour le simple but d’apparaître amicale et ouverte au dialogue, avec une mouvance décidée à ne pas faire de compromis.

Enfin, au Conseil Législatif (Legco), la disparition des 6 députés invalidés a fait perdre aux démocrates le quorum autorisant un droit de veto permettant de bloquer les amendements à la constitution proposés par leurs adversaires pro-Pékin.

Dans ce contexte, une prochaine offensive légale des conservateurs au Legco pourrait précisément viser à supprimer le principe de la minorité de blocage. Ainsi, en voulant faire avancer la démocratie et les droits par la provocation, les flibustiers indépendantistes l’auront fait reculer, créant une situation où la seule respiration démocratique possible sera la protestation de la rue.


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