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Au milieu des gesticulations militaires, l’Île est à nouveau au cœur des rivalités sino-américaines

Une crispation nouvelle attisée par le « rêve chinois ».

Depuis l’avènement en 2012 de Xi Jinping et son affirmation nationaliste du « rêve chinois » recélant une impatience à l’égard de la question taïwanaise, les relations dans le Détroit se crispent à nouveau.

La différence est que les tensions reflètent désormais une plus forte sensibilité où s’enchevêtrent les inquiétudes taïwanaises de l’irrésistible prévalence économique et commerciale du Continent, l’impétuosité nationaliste du parti communiste exprimée par la recrudescence des démonstrations militaires autour de l’Île et, en réaction, la particularité démocratique de l’Île où le dernier sondage sur la question effectué en juin 2017 confirme que près de deux personnes sur trois considèrent Taïwan comme un pays séparé de la Chine, quand seulement 14% croient encore que les deux rives sont partie d’une même Nation.

Cette flagrante dichotomie entre, d’une part, le discours chinois « d’une seule Chine » articulé à une affirmation nationaliste irrépressible et, d’autre part, la réalité d’une situation insulaire de plus en plus éloignée de la chimère ré-unificatrice, fondera les crises à venir.

Celles-ci seront cependant tempérées par le fait qu’à Taïwan l’électorat, jaloux de son identité craint cependant que les tensions s’exacerbent, tandis que les hommes d’affaires dont le succès dépend des bonnes relations dans le Détroit, resteront en majorité accrochés à la vision chinoise des rapports entre l’Île et le Continent.

Les enchères montent.

En attendant, l’effervescence autour des démonstrations de force chinoises et américaines pourrait continuer, tandis qu’à Taïwan les commentaires à usage interne sur la capacité des armées de l’Île à résister à une agression chinoise feront la une des médias.

En arrière plan, fond de tableau des stratégies chinoises, Pékin ne cessera pas ses pressions sur ses partenaires – faites de menaces de représailles et de séductions commerciales autour de l’attrait de son marché – pour persuader la communauté internationale de rester fidèle à « la reconnaissance “d’une seule Chine“ » .

Dans son discours sur la sécurité nationale du 18 décembre, le président américain a, comme tous ses prédécesseurs, réaffirmé la « solidité des liens de l’Amérique avec l’Île selon les principes du Taïwan Relations Act », dans le but de « lui procurer les moyens légitimes de se défendre et de tenir à distance toute coercition ».

S’il est vrai que le discours de la Maison Blanche est conforme à la position traditionnelle États-Unis à l’égard de la Chine et de Taïwan, le 12 décembre dernier cependant, Donald Trump a, conformément à sa manière, monté les enchères d’un cran en signant une clause budgétaire par laquelle il autorisait la reprise déjà proposée par le Congrès en septembre dernier, des échanges entre l’US Navy et la marine de l’Île, laissant planer – véritable chiffon rouge pour Pékin - la possibilité de l’escale d’un porte-avion à Taïwan en 2018. La décision a immédiatement déclenché des mises gardes très émotionnelles de la direction chinoise.

Après qu’un diplomate chinois en poste aux États-Unis ait menacé de manière non officielle d’une attaque militaire chinoise contre l’Île « le jour même où un navire de guerre américain ferait escale à Taïwan », Pékin a formellement réagi en mettant en garde Taipei dont, a dit le porte-parole les tentatives pour se ménager le soutien de « puissances étrangères » seront toutes vouées à l’échec. Il a ajouté que « l’Île étant territoire chinois », Pékin était opposé à toute forme de coopération militaire entre Taipei et Washington.

*

Enfin, alors qu’à Taïwan les commentaires officiels et officieux spéculent sur la capacité de l’Île à se défendre contre une agression militaire chinoise, signalant l’impréparation de l’APL, son inaptitude à prendre le contrôle de l’espace aérien au-dessus du détroit ou la puissance de la défense aérienne de l’Île, en Chine, les commentaires des centres de recherche regrettent que la Maison Blanche n’ait pas choisi la voie de la coopération avec la Chine.

Simultanément, le porte-parole du Waijiaobu, déportant le débat au niveau des grands principes, mettait une nouvelle fois en garde contre le « jeu à somme nulle d’une mentalité égocentrique de guerre froide, uniquement articulée aux intérêts de l’Amérique dont la voie mène à l’isolation et provoquera des effets adverses tant pour la Chine que pour les États-Unis. ».

En même temps, faisant allusion aux tensions sino-américaines à Taïwan et en mer de Chine du sud, il répétait les mises en garde très nationalistes du président : « Personne ne doit nourrir l’illusion que la Chine avalera les pilules amères des attaques contre ses intérêts ».


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