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›› Taiwan

Chine – Taïwan – Etats-Unis, sérieux orages en vue

Notes de Contexte.

1.- Exercices des F16 taïwanais

(Source : http://psk.blog.24heures.ch/archive/2019/07/30/taiwan-les-f-16-operationnels-pour-la-lutte-antinavires-867763.html )

L’annonce aurait pu être relativement anodine, mais Taipei signe ici une mise en garde très claire vis-à-vis de la Marine de guerre chinoise. En effet, cette dernière a débuté des manœuvres navales de grandes envergures dans le dans le détroit de Taïwan près de Dongshandao, à environ 55 km de Jinmen.

De son côté Taïwan est décidé à ne pas se laisser intimider par le grand voisin chinois. En contre -partie, l’armée de l’air taïwanaise a
envoyé deux avions de chasse Lockheed-Martin F-16 « Viper » armés de missiles Raytheon AGM-84 « Harpoon » simuler une attaque sur des navires désaffectés au large de la côte sud-est de Taïwan dont l’un portait le nom du porte-avions chinois Liaoning.

Après avoir détruit leurs objectifs par des tirs de missiles Harpoon les deux F-16 sont rentrés sans incident à leur base. Il s’agissait du premier tir réel de missiles AGM-84 effectué par les F-16 modernisé en service à Taïwan.
Petite anecdote : L’un des deux navires cibles avait été baptisé « Liaoning », soit le nom de l’actuel porte- avions chinois.

Mise à jour des F-16 :

Taïwan a commencé à moderniser ses F-16 dès 2017 par l’adjonction du nouveau radar Northrop-Grumman APG-83, d’une avionique modernisée, d’un cockpit aux écrans compatibles avec des lunettes de vision nocturne, d’une central de navigation GPS et un nouveau système de guerre électronique de type l’ALQ-176 couplé avec système de leurres ALQ-184 (V) 7.

En matière de communication, les appareils sont équipés de nouvelles radios numériques, et d’un système amélioré de transmission de donnée (Link16) . Les pilotes sont dotés d’un viseur de casque permettant l’emploi du missile Raytheon AIM-9X « hyper véloce » en remplacement des AIM-9PM actuels.

Question motorisation, les moteurs Pratt & Whitney F100-PW-220 seront portés à la norme -229E plus puissant et permettant de réduire les délais de maintenance.

Taïwan a aussi passé commande de nacelles de ciblage, mais n’a pour l’heure pas précisé le modèle choisi entre le AN/AAQ-33 SNIPER ou AN/AAQ-28 LITENING plus ancien. Concernant l’armement, les F-16 seront dotés en plus de l’AIM-9X de missiles AIM-120C7 AMRAAM et d’une variété d’armes guidées d’attaque au sol comme les bombes GBU-10 Enhanced Paveway II ou GBU-56 JDAM Laser.

Taiwan a reçu des missiles Raytheon AGM-84L « Harpoon » BlockII et du matériel connexe tels que les équipements de contrôle et de guidage « Harpoon » (au total 30 conteneurs de lancement, ainsi que des kits de configuration AGM-84G à AGM-84L.)

La vente comprenait des équipements de maintenance et de tests.

2. Manipulations électorales par le Net

En quittant Taïwan le 11 juillet, interviewée à l’aéroport de Taoyuan, Tsai a, sans nommer Pékin, fait allusion à des interférences extérieures ayant influé sur les élections législatives de novembre 2018 où elle et son parti ont essuyé une sévère défaite. Lire : Une gifle électorale de mi-mandat.

Le 27 juin un article d’Asia Times assurait que le Front Uni auquel le président Xi Jinping accordait des fonds et des moyens de plus en plus importants avait réussi à distordre les élections législatives de novembre 2018 par le truchement de fonds secrets alloués aux candidats pro-PPC et par la diffusion sur les réseaux sociaux de fausses informations discréditant des candidats du DPP.

Au même moment paraissait dans Foreign Policy un article signé Paul Huang qui étudiait plus particulièrement les circonstances de la victoire de Han Kuo Yu à Kaoshiung en novembre dernier. Comment est-il possible interroge t-il que, « sorti de nulle part », ce parfait inconnu du grand public ait réussi à conquérir le vieux fief du Minjindang et, six mois plus tard, à se placer avantageusement dans la course à la présidence pour le scrutin de janvier 2020 ?

Si pour Pékin, Han est la divine surprise d’un candidat populiste entièrement acquis à sa cause, la suspicion d’ingérence chinoise avant le scrutin avait déjà été évoquée par un article du New-York Times publié le 21 novembre 2018. Contrairement aux dénégations de Pékin la tentation impériale d’influer sur les élections de l’Île est irrépressible et ancienne.

De grossière et brutale en 1996 quand des salves de missiles furent tirées dans les parages de l’Île pour dissuader l’élection au suffrage universel de Lee Tung-hui, elle est aujourd’hui devenue plus sophistiquée. Cette fois la manœuvre a consisté à noyer Facebook dans une avalanche d’appuis hyperboliques à Han Kuo-yu en prenant soin de mettre toute critique sous le boisseau, tout en discréditant par la diffamation le candidat du DDP à Kaoshiong, Chen Chi-mai.

Il est vrai, explique Paul Huang, qu’en 2018, Tsai était déjà impopulaire, avec un taux d’approbation en chute libre, tombée de 70% d’opinions favorables en 2016 à moins de 30% juste avant les élections. Le déclin a été attribué à une série de réformes internes controversées et, selon certains, à son style de communication et de leadership inefficace.

Pour autant peu de personnes s’attendaient à ce que le DPP perde le fief de Kaohsiung - 2,8 millions d’habitants – conquis en 1998. En 2014, le parti de Tsai avait même infligé une des plus sévères déroutes de son histoire au KMT, raflant 68% des suffrages.

Le candidat de Tsai à la course de 2018 à Kaohsiung était Chen Chi-Mai, 55 ans un député expérimenté originaire de Keelung, proche de Chen Shui-bian avocat du changement constitutionnel du nom de l’Île en « République de Taïwan », médecin du travail et professeur, élu à trois reprises député indépendantiste de Kaoshiung (1996 – 2004) puis porte parole du Yuan exécutif.

De février à septembre 2005, il fut, à 41 ans, le jeune maire intérimaire de Kaoshiung après Frank Hsieh et avant Chen Chu, deux figures emblématiques du mouvement indépendantiste [3].

Han, l’outsider surprise

En revanche, Han Kuo-yu était un choix initialement controversé du KMT et détesté par l’appareil qui le considère comme un parvenu. Étrangère à la politique de Kaohsiung, sa rhétorique pro-chinoise et populiste « Make Kaoshiung great again - 讓高雄再次偉大- Rang Gaoxiong zaici weida » semblait déconnectée du vieux fond indépendantiste de la ville.

Son investiture à la candidature pour la mairie, était au mieux, un pari risqué et de long terme, ouvertement articulé à la réunification où le Continent, à ménager absolument dans les discours, apparaissait comme la solution à tous les problèmes de développement de la ville. « Ne dites pas ce que Pékin ne veut pas entendre et l’argent viendra naturellement comme par magie. » Enfin Han s’est également laissé aller à des remarques improvisées qui lui valurent des accusations de sexisme et de préjugés à l’encontre de minorités.

Mais contrairement à Trump, célèbre homme d’affaires avant son investiture à qui les critiques le comparent, Han, en revanche, était un nom largement inconnu jusqu’à la fin de l’été 2018, à peine quatre mois avant la date du scrutin. C’est à ce moment que démarra son ascension fulgurante dans les sondages. Fin octobre, 3 semaines avant le scrutin, il avait presque rattrapé les 20 % d’avance du DPP.

Le surgissement inattendu de la « vague Han » dont la popularité s’est étendue à de nombreuses régions de Taïwan, a surpris le KMT lui-même. La machine politique du DPP et la base à Kaohsiung ont eu beau se démener pour aider la campagne de Chen, il était trop tard : Han a finalement remporté la victoire avec 892 000 voix, soit 53% contre 44% pour Chen, record absolu pour un candidat du KMT à Kaohsiung.

Note(s) :

[3Madame Chen, actuelle secrétaire générale de la présidence de Tsai, avait même déclenché la fureur de Pékin en invitant à Kaoshiung le Dalai Lama en 2009 sous la présidence KMT de Ma Ying-jeou.


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