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›› Politique intérieure

La Chine et le péril du « Djihad »

La « nouvelle sécurité » contre la menace islamiste

Le nouveau concept global de sécurité « Zongti Guojiaanquan 总体国家安全 » inauguré avec la création de la Commission Centrale de Sécurité en novembre dernier ayant à sa tête le Secrétaire Général du parti Xi Jinping, le premier ministre Li Keqiang et le président de l’Assemblée Nationale Zhang Dejiang, les trois têtes du Bureau Politique, envisage désormais, comme en Occident, la sécurité d’une manière transversale sans cloisonnement entre les ministères qui tous, du Waijiaobu, à l’économie, en passant par la culture, l’intérieur, les armées, l’industrie et les finances, sont partie prenante de la défense nationale.

Cette approche globalisante convient d’autant mieux au traitement de la question du Xinjiang que les troubles dont la province est le théâtre, sont non seulement enracinés dans des contentieux de sécurité au sens militaire ou policier, marqués par des agressions violentes, mais également dans des frustrations ethnico-religieuses ou sociales. Dans leurs récentes déclarations, les dirigeants chinois, qu’il s’agisse de Xi Jinping à la tête de la Commission de sécurité ou de Yu Zhengsheng, en charge des questions ethniques, ont, comme le Parti le répète depuis toujours, associé les actions de développement au contrôle militaire de la province et à la répression, les deux piliers de l’action de l’État dans la province.

La rupture de juillet 2009 et la contagion djihadiste

Sauf que ce branle-bas risque de venir trop tard. Certains observateurs estiment en effet que le point de non retour, fracture irrémédiable entre les communautés Ouïghour et Han qui, depuis longtemps vivaient côte à côte, séparées par un profond fossé culturel, s’est produit le 5 juillet 2009 à Urumqi, quand au moins un millier de Ouïghours en colère avaient sauvagement assassiné près de 200 Han au cours d’une razzia qui en avait blessé plus ou moins gravement 1700 autres.

La menace serait encore plus redoutable si, comme le dit le Parti lui-même, les irrédentistes ouïghours recevaient une aide logistique et opérationnelle venue de l’extérieur par le truchement de groupes liés à la mouvance du terrorisme international.

L’hypothèse, souvent mise en avant par le gouvernement chinois prompt à dévier ses responsabilités vers un complot extérieur, vient cependant de gagner en crédibilité depuis que « le Parti Indépendantiste du Turkestan » - acronyme anglais TIP -, assimilé par les autorités chinoises à l’ETIM a mis en ligne le 11 mai sur son site une vidéo de 10 minutes en ouïghour clamant sa responsabilité dans l’attentat de la gare d’Urumqi le 30 avril dernier, au cours duquel, dit la vidéo, deux des militants ont trouvé la mort dans l’explosion de leur engin.

Les actions terroristes en général limitées à des attaques contre des forces de police, des bâtiments administratifs et des commissariats se développent depuis une trentaine d’années. Les raisons évoquées par la communauté Ouïghour en exil représentée par Rebiya Khadeer se rapportent aux griefs culturels et sociaux d’une communauté non Han qui se dit exclue du développement et bafouée dans sa culture et sa religion, par l’afflux des Chinois dont la proportion est passée de 7% en 1940 à 40% aujourd’hui. Une première série d’effervescences eut lieu après l’effondrement de l’URSS qui, chez les irrédentistes, instilla l’espoir d’un affaiblissement de l’État chinois.

La formidable machine répressive…

Entre 1989 et 1997 eut lieu une série d’échauffourées qui peuvent être attribuées au renforcement de l’influence de l’ETIM dans les pays d’Asie Centrale nés après la chute de l’URSS sur les marches occidentales de la Chine et dont les populations sont culturellement proches des Ouïghours et des autres ethnies non Han du Xinjiang. Mais l’appareil de sécurité chinois réussit à contenir la menace au point qu’en moyenne, la fréquence des incidents sérieux entre 1989 et 2008 resta négligeable par rapport à ceux survenus en Russie, au Moyen Orient, ou aux États-Unis.

En même temps, la stratégie de contrôle et de répression développée à une échelle massive qui plaça le pays sous un quadrillage très serré de forces de sécurité déployées à plusieurs niveaux portait en elle les ferments des incidents beaucoup plus graves et plus nombreux survenus à partir de 2009.

Articulée autour de l’armée, de la police armée populaire, des forces de réserve et des unités paramilitaires héritées des « Bingtuan », unités de développement devenues des entités économiques civiles, le réseau de contrôle et de répression a pris un caractère étouffant, ponctué d’incessantes restrictions de circulation accompagnées de coupures d’internet, de descentes de police, d’intrusion à domicile, de contrôles d’identité indiscriminés, à quoi il faut ajouter les campagnes de répression « Yan Da 严打 - frapper fort », à la suite desquels de nombreux suspects sont placés en garde à vue ou simplement « éliminés » sans jugement.

…attise le radicalisme

Sans qu’il soit cependant possible d’attester une relation de cause à effet avec la force de la répression, le fait est que durant cette période qui court depuis la chute de l’URSS les groupes indépendantistes non structurés, souvent composés d’individus isolés n’ayant entre eux que des liens épisodiques, se sont durcis et ont émigré vers l’Asie Centrale, l’Afghanistan et le Pakistan, où ils ont noué des liens avec les factions Djihadistes liés à Al-Qaeda et aux Talibans en guerre contre les Etats-Unis et leurs alliés.

Photo : Le déploiement des forces de sécurité au Xinjiang est considérable. L’ampleur des déploiements, la fréquence des contrôles le caractère indiscriminé des répressions attisent la rancœur entre les communautés Han et Ouïghour.


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