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La thèse de la radicalisation islamiste du Xinjiang

Sur la question du Xinjiang, une controverse est née entre Washington et Pékin pour expliquer l’aggravation des troubles dont la province est le théâtre depuis 2009. La Maison Blanche relayant l’analyse de quelques chercheurs chinois et celle de nombreux observateurs extérieurs, estime que la politique de peuplement, la répression indiscriminée et le non respect de la culture ouïghour ont provoqué une exaspération à la racine des incidents meurtriers de ces dernières années et principale cause de leur brutal durcissement depuis 2013.

Les dernières déclarations et initiatives du pouvoir dans la province indiquent que la Chine est entrée dans un cercle vicieux dangereux où l’alourdissement des répressions et des quadrillages attisent le repliement identitaire des Ouïghours et la haine des Han. De fait, les mesures prises au cours du mois de mai et particulièrement après l’attentat contre un marché aux légumes d’Urumqi le 22 mai qui tua au moins 42 personnes, enserrent la capitale de la province dans un filet très serré de forces de police ciblant à la fois les lieux publics (gares, marchés, écoles, hôpitaux) et les réseaux internet où la police recherche le prosélytisme radical et les organisations terroristes.

Durant le mois de mai, les autorités ont saisi 200 engins explosifs, interdit 23 organisations religieuses considérées comme extrémistes et arrêté plus de 200 suspects – pour la plupart âgés de 20 à 30 ans, accusés par la police de visiter des sites internet spécialisés dans la fabrication d’explosifs -, alors que les médias officiels annonçaient une vaste opération anti-terroriste dans la province et dans le reste du pays. Pour le Parti, ces répressions sont nécessaires pour barrer la route aux menées terroristes appuyées de l’étranger et pour s’opposer à l’action prosélyte de prédicateurs radicaux dont l’audience augmente au sein de la population, avec pour ultime but la partition de la Chine.

Prenant le contrepied des thèses d’une fracture culturelle qui serait fomentée par les politiques de développement inégalitaires et la brutalité de la répression, Pékin a intensifié son discours anti-terroriste accusant les organisations islamistes radicales et dénonçant le durcissement de leur prosélytisme sectaire au Xinjiang. A l’appui de cette hypothèse, le Global Times a, le 26 mai, publié un article intitulé « derrière le voile » qui spécule sur la « Talibanisation » de la province.

Reconnaissant que la tendance n’est pas générale, l’auteur cite des sociologues vivant sur place et Turgunjan Tursun, un chercheur d’origine ouïghour de l’Académie des Sciences sociales du Xinjiang. Ce dernier constate l’action perverse des prédicateurs, mais insiste aussi sur les inégalités de développement dont souffre la population ouïghour.

Par ailleurs, alors qu’en Chine les cultures des minorités ne sont souvent vues que sous leur angle folklorique et touristique, il est intéressant de noter que l’auteur s’applique à démontrer qu’une des armes pour lutter contre la propagation du radicalisme serait le retour à la culture traditionnelle ouïghour, très différente de celle très rigide que tentent de propager les radicaux.

Photo Femmes ouïghour voilées à Urumqi en décembre 2013


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