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Les chiffres contrastés de l’économie à l’aune de la guerre en Ukraine

Les chiffres de l’économie donnent une image nuancée. Ses points forts connus résident en une dette publique presque entièrement interne, en un matelas de réserves de change de 3400 Mds de $, les premières de la planète, complétées par un appréciable stock d’or de 1948 tonnes, stable depuis août 2019, dont l’ampleur cachée est, selon les experts au moins sept à dix fois plus importante.

Ces « ceintures de sécurité », constituent la première assurance interne en cas d’épidémie de défauts des banques ou des administrations locales surendettées. Les autres points forts sont l’ascension rapide dans la chaîne de valeurs de la production globale, un secteur des services dynamique porté par l’extension du commerce en ligne, un réseau d’infrastructures de transport et d’énergie performant et, avec réserves, des retours profitables des « Nouvelles routes de la soie » en Afrique et en Asie du sud-est.

La croissance baisse. Les fondamentaux résistent. Forte hausse des IDE.

Après une hausse de +18,3% en janvier-février 2021, la croissance a brutalement décéléré à +7,9% au 3e trimestre, pour continuer à chuter encore au 4e trimestre à +4,9%, établissant une moyenne pour 2021 à +8,1% comparable à ce qu’elle était en 2012, mais dépassant largement les objectifs de gouvernement fixés +6%. Continuant à freiner après le 4e trimestre 2021, elle a commencé l’année 2022 à +3,9% au premier trimestre.

En même temps, en 2021, le pays a bénéficié de 179 Mds de $ d’investissements extérieurs soit une hausse de 20% par rapport à 2020 qui s’inscrit dans la tendance générale d’un rebond global des investissements extérieurs en 2021 en hausse moyenne de +77%.

En Chine, la plus grande part des investissements est allée vers les services financiers, les services liés au secteur des hautes technologies (36,9%) et à la production manufacturière automatisée, assistée par ordinateur (10,7%). La part des IDE dans le secteur productif classique est restée à 22%.

La puissance record du flot des IDE en 2021 suggère que les investisseurs privés sont toujours les bienvenus dans des niches où ils peuvent tirer leur épingle du jeu, en dépit des inquiétudes nées d’un sentiment de risques politiques conséquences des récentes mises aux normes par l’appareil des entreprises numériques privées.

Un commerce extérieur florissant.

Le commerce qui a augmenté par rapport à 2020 reste un autre point fort. La puissance des exportations a créé un excédent record jamais vu depuis 1950, s’élevant à +676,43 Mds de $, en hausse de 30% par rapport aux 523,99 Mds de $ de 2020.

Même si les États-Unis ont maintenu des droits de douane de 25% sur environ la moitié de ce qu’ils importent de Chine, les exportations chinoises vers les États-Unis ont malgré tout augmenté de 28%. Dans le sens inverse les importations chinoises augmentées de +33% ne sont pas en reste. Les tensions qui persistent n’ont donc pas éteint l’irrésistible élan commercial des Chinois.

Avec l’UE, l’image est tout aussi déséquilibrée en faveur de la Chine. Les exportations chinoises ont atteint 472,2 Mds d’€, contre seulement 223,3 Mds d’€ d’exports européens, créant un déficit de 248,9 Mds d’€, en hausse de +36% par rapport à 2020.

Les raisons de la forte prévalence globale des exportations chinoises à un niveau historiquement élevé, tiennent d’abord au maintien du niveau de vie des consommateurs des marchés européen et américain grâce aux mesures de relance décidées par Washington et les 27 de l’UE.

Les confinements ont en outre modifié la structure des exportations chinoises face à la forte demande d’ordinateurs portables, de smartphones et d’équipements de sports en salle, à laquelle la production chinoise a répondu de manière réactive.

Les premiers mois de 2022 ont cependant été marquées par un net fléchissement de la croissance des exportations. Alors que le rebond avait été de +20,9% en décembre 2021, la hausse s’est contractée à +16,3% au cours des deux premiers mois de 2022. Ce freinage relatif est attribué au ralentissement de la période du nouvel an et à la contraction de la demande suite au conflit en Ukraine.

Mise en garde de la Banque Mondiale.

Le 5 avril la Banque Mondiale publiait un rapport qui jetait une ombre en réduisant les perspectives de croissance chinoises 2022 à 5%. Un freinage dont les conséquences seront perceptibles dans toute l’Asie.

On y lit notamment :

1) Que plus de 8 millions de ménages d’Asie de l’Est et du Pacifique retombés dans la pauvreté pendant la pandémie « verront leurs revenus réels diminuer encore plus à mesure que les prix grimperont » ;

2) Que la Chine et les États-Unis contribueront moins à la croissance mondiale en 2022 et 2023 qu’en 2021 ;

3) Que les secteurs de la construction, de l’industrie et des services ralentiront en Chine avec des conséquences directes sur la croissance de l’Asie de l’Est et du Pacifique.

4) Qu’en partie à cause de la hausse des salaires réels en Chine et des tensions commerciales avec les États-Unis, les incitations pour les entreprises à se délocaliser hors de Chine pourraient augmenter. Ce qui reste à vérifier tant, il est vrai que, pour l’instant, on n’observe pas (encore) de mouvement de fuite significatif.


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