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La Chine suit de très près la bataille des compagnies minières mastodontes BHP Billiton et Rio Tinto. Elle est le premier pays importateur de minerai de fer (380 millions de tonnes en 2007, presque la moitié du trafic mondial) et aussi la première victime des hausses de prix annuelles (offre à +50% pour 2008). Actuellement BHP tente d’acquérir Rio Tinto, ce qui lui permettrait de contrôler plus du tiers du marché mondial du minerai de fer et, accessoirement, d’importantes ressources de pétrole, gaz naturel, aluminium, uranium, or, argent, nickel, diamants, etc.
Pékin, voyant là un fournisseur indispensable et beaucoup trop puissant, se devait de faire quelque chose, sans toutefois prendre le risque d’investir à des niveaux astronomiques (l’offre BHP du 5 février, qui n’est peut-être pas la dernière, dépasse 147 milliards de dollars US). L’Aluminium Corp. Of China (Chinalco) et l’Aluminium Corp. of America (Alcoa) venaient d’annoncer, le 1er février, la formation d’une joint venture, basée à Singapour, offrant 14 milliards USD pour prendre 12% des parts de Rio Tinto.
L’investisseur chinois en prend pour 12,8 milliards tandis que son compère américain s’engage pour 1,2 milliard. L’initiative chinoise est habile : elle rend l’acquisition de Rio Tinto par BHP plus chère, donc plus difficile ; elle crée une présence chinoise minoritaire chez Rio Tinto ou l’éventuelle compagnie BHP-RT ; elle permet enfin le plus gros investissement chinois à l’extérieur, avec une excellente couverture américaine. C’est, au total, assez bien joué.