›› Politique intérieure
Li Keqiang et les financiers réformateurs face aux résistances.
Lui-même licencié en droit et titulaire d’un doctorat d’économie de l’université de Pékin, le premier ministre, résolument réformateur est assisté de spécialistes d’expérience ouverts aux réformes.
Dans son équipe on retrouve Lou Jiwei, le nouveau ministre des finances, ancien Directeur du fonds souverain chinois doté de 500 Mds de $, adepte convaincu d’une réforme fiscale et de l’ouverture de la finance chinoise au marché ; Xu Xiaoshi, nouveau Président la Commission pour la Réforme et Développement et son n°2 Liu He, titulaire d’un master d’économie de la Kennedy School à Harvard, cheville ouvrière des réformes dont la teneur sera révélée au plénum de l’automne ; à qui il faut ajouter Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque Centrale, maintenu à son poste en dépit de son échec à l’élection au Comité Central, qui veille, contre nombre de ses détracteurs, à freiner les tentations de relance par l’investissement et prône, comme Lou Jiwei la libéralisation du Yuan.
Agissant en parallèle de ces hussards de la réforme financière on trouve un allié de poids en la personne de Wang Qishan, membre du Comité Permanent, n°6 du régime également spécialiste de la finance, ancien Directeur de trois des grandes banques d’Etat, et aujourd’hui président de la Commission Centrale de discipline, en charge de la lutte contre la corruption. Sans faire de bruit, faisant appel aux dénonciations par internet, connu pour ses méthodes expéditives et son refus du compromis, il dit vouloir installer un sentiment de malaise dans la haute direction du régime.
Récemment cette petite brigade de choc a rencontré quelques difficultés sur le projet emblématique de la Zone de Libre Echange de Shanghai, lancée par Li Keqiang, au cœur de la réforme financière et dont le développement est envisagé sur dix ans. A la clé il y a le relâchement progressif des contraintes imposées aux taux d’intérêts des banques, la libéralisation du marché financier, des garanties accordées aux dépôts bancaires et la mise au point d’une loi règlementant les faillites.
Un article du 15 juillet du South China Morning Post (SCMP) insiste sur l’importance que le Premier Ministre accorderait au projet au point qu’un renoncement lui ferait perdre la face et affaiblirait sa position dans le Parti. Le SCMP explique que – citant des sources proches des instances dirigeantes et familières des réunions au sommet –l’équipe de Li s’était sur certains des aspects du projet heurtée à l’opposition de Shang Fulin, président de la Commission de régulation bancaire et de Xiao Gang Président de la Commission de régulation des opérations boursières, ancien patron de la Banque de Chine, pourtant très critique des acteurs de la finance grise.
Xiao Gang a ouvertement refusé la constitution à Shanghai de stocks de minéraux et leur cotation en bourse par des intermédiaires chinois ; quant à Shang Fulin, il ferait obstacle à l’autorisation donnée aux banques de la Zone de Libre Echange de s’engager dans des activités de services financiers à l’étranger. Le SCMP ajoute que Li, « très frustré » aurait « tapé du poing sur la table » et vertement rejeté les réticences.