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›› Taiwan

Les JO, rappel d’une blessure nationale taïwanaise

A gauche, l’équipe taiwanaise aux JO de Paris sous le nom de « China Taipei » et son drapeau de circonstance imposé par le CIO. Il comporte au centre, au-dessus des anneaux olympiques, le soleil blanc à douze rayons sur fond bleu, emblème de la République de Chine adopté en 1928, trois années après le décès de Sun Yat-sen, au moment où Tchang Kai-chek prenait le contrôle de Pékin contre le Seigneur de la guerre Zhang Zuolin.

A droite les deux membres du double taïwanais médaillé d’or au badminton Lee Yang (李洋) et Wang Chi-lin (王齊麟) après leur victoire contre les Continentaux Liang Weikeng (梁偉鏗) et Wang Chang (王昶).


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Les jeux olympiques Paris 2024 ont rappelé aux Taïwanais que leur sentiment national était bridé par le statut de l’Île non reconnu par les Nations Unies et par la sensibilité du Continent qui ne tolère aucune entorse au principe d’une seule Chine.

Ainsi, comme c’est le cas de tous les événements ou structures internationales, les athlètes taïwanais ne participèrent que sous le nom autorisé par Pékin « China Taipei ».

Après la médaille d’or au badminton obtenue le 4 août par Wang Chi-Lin 王齊麟 et Lee Yang 李洋 contre les Continentaux Liang Weikeng 梁伟铿 et Wang Chang 王昶, les vainqueurs ne purent ni écouter leur hymne national des « Trois principes du Peuple » ni saluer leur drapeau rouge frappé de l’étoile blanche du KMT sur fond bleu, remplacé par un emblème blanc portant l’étoile à douze branches du KMT au-dessus des anneaux olympiques.

A leur arrivée au stade de la porte de la Chapelle Arena, les supporters taïwanais furent contraints par les vigiles du Comité Olympique étroitement chaperonnés par Pékin, d’effacer les drapeaux taïwanais peints sur leurs joues. Au moment où débuta la finale, les mêmes se précipitèrent pour déchirer sans ménagement une banderole portant l’inscription « Let’s Go Taiwan ».

Pendant ce temps, partout dans l’Ile, la rencontre contre les Continentaux devenue un symbole de la féroce rivalité avec Pékin, fut suivie avec une ferveur particulière.

Rassemblés dans le hall de la gare principale de Taipei à Zhongzheng, plus d’un millier de spectateurs acclamèrent avec ferveur chaque point marqué par le double Taïwanais. A chaque point perdu, l’ambiance retombait. Même dans l’Île de Jinmen à quelques encablures du Continent, d’où est originaire Lee Yang, les écrans géants mis en place par la municipalité attirèrent une foule de supporters.

A la gare de Taipei, Irène Lai une fonctionnaire de 27 ans, parlant à des journalistes de Reuter exprima son nationalisme teinté de rancœur « Nous voulons battre la Chine à cause de la situation politique (…) Les JO sont l’occasion d’affirmer notre détermination et notre statut international. » (…) « En dépit des pressions chinoises qui nous ravalent au rang de “China Taipei” et nous briment dans tous les domaines, nos joueurs nous aident à être mieux reconnus. »

A l’étage au-dessus, le président taïwanais Lai Ching-te, investi en mai dernier a téléphoné au père de Wang Chi-Lin pour remercier son fils et son coéquipier Lee Yang de s’être bien battus pour remporter deux médailles d’or consécutives aux Jeux olympiques, à Tokyo en 2021 et, cette année à Paris, à chaque fois contre un double chinois. « Ils sont la gloire du pays » a t-il dit.

Cheng Li-chun, directeur adjoint du Yuan exécutif, s’exprimant face à la foule rassemblée à la gare, a, dans un discours véhément, clamé que le succès de Wang et Lee « montrait au monde l’esprit de Taïwan ». Dans l’assistance échauffée, certains lui répondirent en faisant le vœu qu’un jour les Taïwanais pourront eux aussi brandir leur drapeau lors d’un événement international sans qu’on leur arrache.

Mais à Paris, les performances des athlètes taïwanais furent moins brillantes qu’à Tokyo en 2021.

Alors qu’au Japon, ils avaient décroché 12 médailles (2 d’or au double badminton et en haltérophilie ; 4 d’argent au judo, au tir à l’arc, en gymnastique et au badminton ; et 6 de bronze au taekwondo, au tennis de table en double, en haltérophilie, au golf, en boxe et au karaté – supprimé en 2024 -), aux JO de Paris, ils n’en ont décroché que 7 (2 d’or en double badminton et boxe féminine et 5 de bronze dont 2 en boxe, une en haltérophilie, une en tir aux plateaux, une en gymnastique artistique.)

Au total, les Jeux furent une fois de plus dominés par les États-Unis, avec 126 médailles dont 40 d’or, 44 d’argent et 42 de bronze, suivis de la Chine avec 91 médailles dont 40 d’or, 27 d’argent et 24 de bronze. Le Japon s’est classé 3e avec 45 médailles dont 20 d’or, 12 d’argent et 13 de bronze.

Au classement par pays, Taïwan s’est hissé au 36e rang sur 206 pays, devant l’Autriche, 37e, Hong Kong, 38e, les Philippines, 39e et l’Indonésie, 40e.


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