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Querelles sino-vietnamiennes. Rivalités des frères ennemis et enjeu global

Un apaisement fragile.

La tragédie de Tian An-Men en juin 1989, qui mit gravement la Chine en porte à faux, l’obligeant à mettre pour un temps ses revendications sous le boisseau, ajoutée à l’effondrement de l’URSS qui faisait suite aux pressions de Gorbatchev pour que les troupes vietnamiennes évacuent le Cambodge, furent les trois éléments majeurs ayant contribué à réduire pendant un temps les tensions entre Hanoi et Pékin.

Dans la période qui suivit, marquée par l’apaisement de ses relations avec tous ses voisins, Pékin ne resta cependant pas inerte en Mer de Chine du sud. En mai 1992, la « Loi sur la mer territoriale et les zones contigües à la République Populaire de Chine - 中华人民共和国领海及毗连区法 - », complétée en mai 1996, établit des lignes de bases dites « en 9 traits » en forme de U qui, jouant sur « les zones contigües » des archipels que la Chine s’attribue, transforme la Mer de Chine du Sud en une mer intérieure.

Au même moment, Pékin provoqua une soudaine et brève effervescence en accordant une licence d’exploration à la compagnie pétrolière américaine Crestone dans la zone de Vanguard Bank, à l’extrême sud de la Mer de Chine, pourtant située à 1200 km au sud des côtes chinoises, à mi-distance entre Brunei et le Vietnam.

En 1994, une autre provocation sur les récifs des Mischeef (250 km à l’Ouest de Palawan), où l’APL installa des bases permanentes en plein cœur d’une zone revendiquée par les Philippines, entraîna des protestations officielles de Manille.

S’il est vrai que les prétentions de Pékin sur toute la Mer de Chine renvoient à une vision impériale de sa posture dans la zone, héritage de l’histoire, les explorations, lancées il y a près de 20 ans, rappellent les enjeux de ressources en hydrocarbures, dans une région où les besoins explosent. Ces derniers sont aujourd’hui attestés par la présence de nombreuses sociétés d’exploration et d’exploitation « off-shore », qui tentent d’affirmer leurs intérêts dans la jungle incertaine des rivalités territoriales, où les permis d’exploration accordés sans concertation sont souvent à l’origine d’incidents.

En dépit de la « déclaration sur la conduite des parties en Mer de Chine du sud », rappelant les lois de la mer, la liberté de navigation et l’obligation de résoudre les différends par le dialogue, signée en novembre 2002 par la Chine et les 10 pays de l’ASEAN, la période qui suivit ne fut qu’une longue succession d’incidents, accompagnant le retour progressif des tensions à propos des prétentions chinoises.

Retour des tensions.

Le premier acte de la crise ouverte qui se joue aujourd’hui eut lieu lors de la conférence de l’ARF à Hanoi en juillet 2010. A Hillary Clinton, qui avait proposé les bons offices de Washington pour aider à résoudre les querelles maritimes entre la Chine et le Vietnam, Pékin répondit sèchement de ne pas interférer dans ses relations bilatérales avec les pays de la zone.

Pour faire bonne mesure, Yang Jiechi, le ministre des Affaires étrangères, perdant patience, se laissa aller à apostropher son homologue singapourien, employant un argument qui en dit long sur la stratégie de Pékin dans la région : « La Chine est un grand pays, tandis que les autres sont tous de petits pays, c’est un fait ». Dans le même temps, un officiel du Waijiaobu réaffirmait, peut-être imprudemment, que « la Mer de Chine faisait partie des intérêts vitaux chinois, au même titre que le Tibet et Taïwan ».

L’année 2010 se termina par les tensions avec le Japon, qui retenait dans ses geôles un capitaine de pêche chinois arrêté dans les parages des îles Senkaku - ou Diaoyu en Chinois - archipel de la mer de Chine orientale, que Tokyo et Pékin revendiquent. Le tout accompagné par les protestations récurrentes de la Chine, déjà formulées à la conférence de l’ARF en juillet, sur la présence des navires de guerre américains en Mer de Chine orientale et du sud.

Enfin, la relation Chine - Vietnam ne pouvait que s’aigrir, envenimée par les agressions contre des pêcheurs vietnamiens, fréquemment victimes des tirs des gardes côtes chinois et régulièrement retenus en Chine contre rançon. A quoi s’ajoutent les explorations pétrolières contestées par les deux parties dans l’archipel des Spratly, et jusque dans le golfe du Tonkin, malgré un accord signé en 2000 qui définissait le partage des eaux dans le golfe entre les deux pays.

S’il est vrai que Pékin fait régulièrement état de griefs semblables, son ministère des Affaires étrangères n’a jamais réussi à les crédibiliser de la même manière que Hanoi, ni au cours des conférences de presse régulières du Waijiaobu, ni dans la presse chinoise ou internationale. Le résultat est que les tensions ont enflé, au point que Hanoi a sérieusement entrepris de se rapprocher des Etats-Unis tout en renforçant rapidement les capacités de ses forces armées.

Depuis 2003, 12 navires de guerre américains ont fait escale au Vietnam, dont 2 en 2010. Une fréquence de visites qui s’accélère et surpasse très nettement celle des navires chinois, en dépit d’un accord, signé en 2005 entre Hanoi et Pékin pour conduire des patrouilles conjointes dans le golfe du Tonkin, destinées à éviter les incidents dans les zones de pêche. Mais les publicités diplomatiques données aux missions leur ôtent une partie de leur efficacité opérationnelle.

Quant aux équipements militaires, ils ont été fournis par le canal russe, déjà bien connu des Vietnamiens. En décembre 2009, Hanoi a en effet fait l’acquisition de 6 sous-marins Kilo au prix de 2 Mds de $ et de 12 chasseurs SU-30 MKK payés 600 Millions de $. A quoi s’ajoutent 4 frégates de type « Gepard », commandées en 2006 et 2010, équipées chacune de 8 missiles antinavires subsoniques SS-N-25.


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