Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chine - monde

Une vue cavalière du conflit global sino-américain

Tentative de conciliation commerciale à Pékin.

La réunion commerciale dans la capitale venait trois semaines après que la Banque Mondiale, soucieuse d’une bonne manière pour attester de l’efficacité des réformes, ait haussé la Chine de plus de 140 places dans le classement global 2019 de l’environnement des affaires où elle se situe maintenant au 46e rang. En même temps, l’œil sur les tensions entre Pékin et Washington, la Banque a conseillé à la Chine de répondre aux soucis de ses partenaires sur les transferts illégaux de technologies et l’absence de réciprocité dans les conditions d’investissements en Chine.

En réponse, le ministère du commerce publiait à la fin décembre un projet de loi à examiner par l’ANP qui devrait le voter en mars, visant à garantir une égalité de traitement aux investissements étrangers et à lutter contre les exigences des provinces obligeant les étrangers à transférer leurs technologies. La proposition de loi, à l’évidence publiée pour préparer le terrain de la réunion de Pékin, était accompagnée par une nouvelle liste des secteurs protégés où la présence étrangère restait interdite dont le nombre a été réduit de 63 à 48 et par un effort pour concentrer en un seul décideur les responsables en charge de la liste.

Celle-ci est éclatée en « domaines où les investissements étrangers sont encouragés » - notamment tous les secteurs de la haute technologies -, opposés à ceux où ils sont contrôlés et à ceux où ils sont interdits. Parmi ces derniers notons les technologies des cellules souches et de la génétique, l’information, la publication, l’audiovisuel culturel par le net à quoi s’ajoutent – mais la liste n’est pas exhaustive – la production de films, les télécoms à l’exception du commerce en ligne où les investissements étrangers sont cependant soumis à un plafond.

Enfin s’il est vrai que nombre de restrictions ont été levées ou allégées non seulement dans la banque, les assurances et les sociétés de courtage où le plafond des investissements étrangers a été porté à 51%, mais également dans l’agriculture, notamment la production de graines (sauf le blé et le maïs), les mines, les constructions navales et aéronautiques, la construction automobile, la production d’armes, à quoi s’ajoutent les réseaux de distribution électrique, et les fournisseurs d’accès, la plupart des observateurs font remarquer que des problèmes demeurent créés par le maquis des procédures administratives et à la rémanence des restrictions liées à la sécurité nationale.

Résultat, à l’ouverture du dialogue, du côté américain, l’ambiance était encore aux doutes et à la méfiance tandis qu’à l’évidence par la présence du Vice-ministre Liu He, la partie chinoise exprimait sa bonne volonté. Mais s’il est vrai que nombre de déclarations font état des efforts chinois, la suspicion s’est encore traduite par le fait qu’après les 3 jours de dialogue, les deux n’ont pas rédigé de déclaration commune, exprimant chacun sa vision de la rencontre, tout en promettant de rester en contact.

La partie américaine (lire : Statement on the United States Trade Delegation’s Meetings in Beijing) restée sèche et factuelle a répété ses objectifs : imposer à la Chine des réformes structurelles pour mieux protéger la propriété intellectuelle, éradiquer les captations illégales de technologies, les vols de secrets industriels par les cyber-intrusions et les barrières non tarifaires. Tout en notant que les pourparlers ont porté sur l’achat par la Chine aux États-Unis de produits agricoles et manufacturés ainsi que des services, la délégation américaine a insisté sur la mise en place d’un mécanisme destiné à suivre la mise en œuvre des accords.

Tranchant avec la raideur du communiqué américain, mais sans donner de précisions, la déclaration chinoise a noté « l’enthousiasme 积极 » avec lequel les deux délégations ont travaillé pour résoudre en commun 共同关注, en profondeur 深入 et minutieusement 细致 les problèmes commerciaux et structurels de la relation. Lire : 商务部:中美双方团队将按原计划推进磋商工作

Le 7 janvier, le porte-parole du Waijiaobu avait donné le ton en affirmant que l’intention de la Chine était de résoudre sincèrement 真诚地 les différends commerciaux sur la base du respect mutuel 相互尊重, de l’égalité et de la réciprocité 平等互利. Il n’a cependant pas confirmé la rumeur selon laquelle la Chine serait représentée à Davos du 22 au 25 janvier prochains par le vice-président Wang Qishan.

Compte tenu de la personnalité de Wang Qishan et de ses liens particuliers avec Xi Jinping, la confirmation de la nouvelle sera une indication supplémentaire de l’intérêt que la haute direction du régime porte à la relation américaine et à la solution des différends commerciaux. Ayant eu en charge la lourde tâche de lancer la bataille contre les corrompus à la tête de la Commission centrale de discipline de 2012 à 2017, Wang, membre du premier cercle, est vice-président depuis mars 2018.

Après les conflits commerciaux et les ambiguïtés de la question coréenne agitée par les initiatives de D. Trump avec lesquelles Pékin tente de rester en phase tout en protégeant ses intérêts stratégiques, les deux autres points durs et potentiellement explosifs de la relation sino-américaine, renvoyant aux conceptions particulières de la marche du monde par la Chine, articulées à l’histoire et à la culture plutôt qu’au Droit, sont la mer de Chine du sud et Taïwan.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Munich : Misère de l’Europe-puissance et stratégie sino-russe du chaos

Au Myanmar le pragmatisme de Pékin aux prises avec le chaos d’une guerre civile

Nouvelles routes de la soie. Fragilités et ajustements

Chine-UE. Misère de l’Europe puissance, rapports de forces et faux-semblants

A la croisée des chemins, Pékin fait le choix de « la rue arabe » contre l’Occident