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Venezuela : de la « Realpolitik » aux rapports de forces. Les « caractéristiques chinoises » à l’épreuve

Alors que les États-Unis, le Canada et 10 pays d’Amérique Latine [1] avaient déjà reconnu la légitimité du président autoproclamé Guaido au milieu de manifestations monstres à Caracas, Pékin et Moscou réaffirmèrent ostensiblement leur soutien au successeur si peu charismatique d’Hugo Chavez dont la réélection en mai 2018 était contestée par l’opposition dont une partie des candidats avaient été interdits de scrutin.

En Europe, l’Espagne, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Uni et le Portugal mettent en demeure le Président Maduro d’organiser de nouvelles élections.

Depuis la fin de la guerre froide le positionnement stratégique anti-occidental et contre Washington, négligeant la réalité politique et économique objective des situations s’était rarement affirmé avec une telle force caricaturale.

Pékin et Moscou rejettent l’influence des États-Unis et ont clairement pris leur distance avec la démocratie et les systèmes de sociétés ouvertes. En recherche d’influence stratégique globale et décidés à préserver chez eux leur magistère contre les menaces de mouvements démocratiques internes, ils ne mesurent plus leur stratégie qu’en termes de rapports de force.

Que la « République bolivarienne » indépendante de l’Espagne depuis 1811 aux termes de la révolte de Simon Bolivar, icône politique de renommée mondiale, soit aujourd’hui affligée par une crise socio-économique de grande ampleur marquée par une inflation de 1 000 000% et un exode de plus de 2 millions de Venezueliens poussés à l’exil par la pénurie de médicaments et de produits de première nécessité, n’entre nullement dans les calculs russes et chinois.

Ainsi se dessine autour du Venezuela un affrontement de puissances, à rebours des critères de « développement harmonieux » et de « bonne gouvernance » vantés par tous, mais que la plupart des thuriféraires de Maduro ignorent.

Dans son style de « vandale diplomatique » contredisant sa promesse de retrait stratégique, Trump d’autant plus sensible à la crise qu’elle se développe dans son arrière-cour, somme le reste du monde de se ranger à sa suite : « Vous devez choisir votre camp » dit le secrétaire d’État, Mike Pompeo.

Pékin et Moscou, suivis par Téhéran, Ankara, Pyongyang, La Havane et la Bolivie, soutiennent Caracas. Depuis La Paz, le président Evo Morales a même tweeté « Maduro symbolise la victoire sur l’interventionnisme de Trump, le courage et la dignité de l’Amérique Latine ».

Quant à l’appui à Guaino qu’il s’agisse de celui du Canada, de l’Europe ou des pays de l’Organisation des États de l’Amérique latine, il n’est pas un alignement sans conditions sur Washington. Tous, se souvenant des menaces d’intervention militaire de la Maison Blanche en 2017, insistent pour une solution politique à la crise.

Dans ce chassé-croisé que certains assimilent déjà à une réplique de la guerre froide, Pékin, imperturbable, avance ses pions des « nouvelles routes de la soie » sur les solides fondations du rapprochement opéré par Hugo Chavez avec Jiang Zemin (1989 – 2002) et son successeur Hu Jintao (2002 - 2012).

Aujourd’hui, alors que Maduro en grandes difficultés chez lui, accuse Washington de fomenter un coup d’État et a expulsé ses diplomates, la Chine décidée à protéger ses acquis, constitue avec Moscou un de ses plus sérieux soutiens. Mais la carte est lourde et le pari n’est pas sans risques.

*

Quand Hu Jintao, le prédécesseur de Xi Jinping arrive à la tête de la Chine en 2002, après 5 années à la vice-présidence, Hugo Chavez, « ancien putschiste adulé des foules » (Le Monde du 8 décembre 1997) est déjà à la tête du pays depuis 3 ans.

Pour se démarquer de Washington, il imprima aux relations avec Pékin un dynamisme nouveau embrassant un vaste éventail de coopérations et d’échanges commerciaux. Multipliant les visites dès sa prise de fonctions, Chavez fut, des chefs d’État sud-américains celui, qui durant ses mandats, visita le plus souvent la Chine.

Note(s) :

[1En Amérique latine, une majorité de gouvernements appuient Guaido, avec les exceptions notables de Cuba, du Mexique, de la Bolivie et du Nicaragua.


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