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›› Chronique

19e Congrès. Les couteaux sont tirés. Xi Jinping élimine ses opposants, consolide son pouvoir et s’installe pour durer

Sun, rival politique et bouc émissaire.

Par la voix de Wang Qishan, l’appareil reproche à Sun, à l’évidence devenu un bouc émissaire, la rémanence politique à Chongqing de He Ting, remplaçant de Wang Lijun à la tête de la police et mis en examen en mars 2017, peut-être, dit la rumeur, du fait de sa trop grande proximité avec Zhou Yongkang.

Un autre allié de Bo Xilai, resté en place jusqu’en décembre 2016 est l’ancien maire Huang Qifan, proche de Bo Xilai et de Jiang Zemin. Huang que ses soutiens admirent pour son énergie lui attribuant le succès économique de Chongqing et ses 11% de croissance en 2015, n’a cependant jamais été inquiété, ce qui renforce l’hypothèse d’une cabale politique contre Sun Zhengcai. Huang occupe en effet aujourd’hui, à l’ANP, le poste de vice-président de la Commission des affaires économiques et financières.

Mais la responsabilité de Sun dans l’immunité de Huang est au moins partagée ce qui pourrait accréditer l’idée avancée par certains commentaires que le jeune surdoué de la classe politique a été placé dans le chaudron de Chongqing pour lui rogner les ailes. Au long de son magistère dans la ville aux deux fleuves qui dura de 2001 à 2016 comme vice-maire puis maire, Huang, le sulfureux et efficace « survivant politique » d’une longue saga à l’écart du sérail de Pékin, fut placé sous les ordres de quatre patrons différents auxquels il s’est accommodé avec brio, sinon toujours avec une scrupuleuse honnêteté.

Il s’agit de He Guoqiang, qui plus tard fut membre du Comité Permanent et le prédécesseur de Wang Qishan à la Commission de discipline, Wang Yang actuel Vice-Premier ministre qu’on vient de voir à la tête de la délégation chinoise pour le dialogue économique avec Washington, Bo Xilai, condamné à perpétuité, et Zhang Dejiang actuel n°3 du régime, qui doit sa promotion à Jiang Zemin, mais dont les allégeances ont par la suite glissé vers Hu Jintao.

Wang Qishan à la manœuvre.

Mais tout à son entreprise de discréditer Sun, Wang Qishan accuse Huang Qifan d’avoir été l’épine dorsale d’un réseau d’affaires corrompues grâce auquel son fils Huang Yi s’est enrichi en jouant le rôle d’intermédiaire pour l’importation du minerai de fer d’Australie au profit d’aciéries publiques mal gérées et criblées de dettes.

Pour enfoncer le clou, le 17 juillet, en sa qualité de président de la Commission de discipline, Wang signait un article dans le Quotidien du Peuple qui ne citait aucun responsable de Chongqing, tout en leur décochant une série de flèches critiques. Justifiant les inspections de la Commission de discipline, il y fustigeait la faiblesse de la direction du parti et du travail politique, l’absence de discipline, et le manque de conviction des cadres.

Quoi qu’en dise Wang Qishan, la mise en examen officielle de Sun par un organisme non indépendant, directement lié à Xi Jinping et au Comité Permanent, à quelques mois seulement du Congrès, ne pourra pas s’exonérer de l’accusation d’être en réalité un charge politique ordonnée par le président lui-même pour éliminer un rival potentiel, intimider d’éventuels adversaires politiques et ouvrir la voie à un de ses appuis.

Si l’affaire allait jusque là, - mais pour l’heure aucun chef d’accusation n’a filtré - Sun serait le 4e membre du Bureau Politique destitué depuis 1990, après Chen Xitong, n°1 à Pékin en 1995, Chen Liangyu à Shanghai en 2006 et Bo Xilai à Chongqing en 2012. Mise à jour : Le 24 juillet, le Quotidien du Peuple a, par un communiqué laconique de 6 lignes, confirmé la mise en examen de Sun Zhengcai par la Commission de discipline, pour « faute contre la discipline. »

Tempête dans l’ordre de succession.

Les enjeux du Congrès qui devraient relever 5 membres du Comité Permanent sur 7 et près de 50% du Bureau Politique tout en préparant la sucession à la tête du parti pour 2022, sont importants.

En éliminant un de ses successeurs potentiels issu d’un clan rival, Xi bouleverse les errements anciens adoptés après la mort de Deng Xiaoping en 1997 où les successeurs étaient placés par les anciens et sans que leur promotion soit contestée, sur la trajectoire du pouvoir suprême au moins 5 années avant l’échéance de la relève.

Surtout, par cette destitution, le président rebat les cartes de la succession distribuées par Hu Jintao et Jiang Zemin en 2012.

Hu Jintao, dont le mandat a commencé en 2002, dernier président investi par Deng avant sa mort en 1997, était sur la trajectoire pour succéder à Jiang Zemin largement en amont du 15e Congrès (1997). De même Xi Jinping et Li Keqiang étaient sur les rangs avant 2007, même si Xi Jinping et ses appuis bousculèrent (déjà) l’ordre de préséance établi par Hu Jintao qui avait placé Li Keqiang en n°1 et promu Sun Zhengcai, son protégé en espérant qu’il parvienne au sommet dix ans plus tard.

Il est vrai que l’héritage de Deng Xiaoping, disparu il y a 20 ans mais qui articulait encore ces procédures de succession, est de moins en moins une référence.


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