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Chine - Corée du Nord – Etats-Unis. Sous la surface quelques glissements tectoniques

Planification de crise. Une première.

Il n’en reste pas moins que nous sommes face à une évolution de la position chinoise au moins attestée par la reconnaissance qu’une coordination des appareils militaires est devenue nécessaire.

Cette prise de conscience s’ajoute aux divergences croissantes entre Pyongyang et Pékin dans un contexte où, même des chercheurs chinois ont appelé à un changement radical – il est vrai, pour l’heure, très improbable – de la posture stratégique face à la Corée du Nord qu’à Pékin certains considèrent désormais moins comme un atout que comme un handicap dont l’ampleur est décuplée par le programme nucléaire du régime, carte sauvage menaçant de bousculer les équilibres stratégique de l’Asie du Nord-est.

Tenus à Washington les 29 et 30 novembre entre les deux délégations respectivement conduites par le Général Shao Yuanming, n°2 de l’état-major général de plus en plus visible sur la scène internationale et le Lt-Général Richard Clarke, responsable de la planification interarmées au Pentagone, les pourparlers n’ont pas fait l’objet d’un compte-rendu de presse détaillé, les deux parties rompues au secret, s’efforçant chacune de son côté d’en minimiser l’importance.

Pour le Pentagone, il s’agissait de « prévenir toute erreur d’appréciation et de réduire les risques de malentendus », dont l’appareil militaire américain se souvient qu’il furent à l’origine de la guerre de Corée.

Le porte-parole de l’APL, cité plus haut est allé un peu plus loin en parlant de « gestion de crise » et de « renforcement de la confiance » qui, il est vrai, est à un niveau exceptionnellement faible entre Pékin et Washington. En arrière plan, présentes dans tous les esprits chinois, les hypothèses d’un effondrement du régime provoqué par l’aggravation des sanctions ou d’une attaque préventive américaine pouvant entraîner un nouveau conflit avec les États-Unis, dont chacun sait pourtant qu’il porte le risque d’une très dangereuse montée aux extrêmes nucléaires.

Avec cependant, fragile lueur d’espoir dans ce tableau accablant d’absurdité, la conviction des stratèges raisonnables qu’au-delà des postures, des rodomontades et des chantages à la guerre nucléaire la coopération est indispensable, ne serait-ce que pour se mettre le plus vite possible en mesure en cas de crise très grave, de contrôler de manière coordonnée les installations nucléaires militaires nord-coréennes situées à moins de 100 km de la frontière chinoise.

Note de contexte.

Tiré pour la première fois le 28 novembre 2017, après 10 semaines de « pause balistique », le Hwasong – 15 est un missile intercontinental dont Pyongyang clame qu’il serait capable d’atteindre n’importe quel point de la côte Est des États-Unis, y compris Washington.

Selon les informations officielles diffusées par la Corée du Nord, l’engin aurait atteint une altitude de 4475 km, ce qui lui confèrerait une portée théorique de 13 000 km, permettant d’atteindre Washington sans coup férir, ainsi que « tous les continents terrestres à l’exception de l’Amérique du sud et de l’Antarctique. »

Mais le ministère japonais de la défense indique que la phase de rentrée dans l’atmosphère ayant mal fonctionné, le missile s’est brisé au moins en 3 morceaux qui se sont abîmés à l’intérieur de la ZEE japonaise à 950 km de son point de lancement. Vu sous cet angle, le tir est un échec dont la réalité est rarement évoquée par les commentateurs.

Rien ne prouve en effet que Pyongyang possède les techniques assurant la protection d’une tête nucléaire contre la violence de pressions et de températures accompagnant la phase de rentrée. La phase de rentrée ayant échoué, Le test ne donne pas non plus d’indication sur la capacité de Pyongyang à guider un missile avec précision sur un objectif. Selon les meilleurs experts, ces lacunes pourraient cependant être comblées en quelques tests.

Comparé au Hwasong-14, le nouveau missile à propulsion liquide dont le 2e étage est 50% plus grand que les modèles précédents, est bien plus imposant. Avec une tête plus large donnant l’impression d’une plus grande capacité d’emport -certains évoquent une tête nucléaire pouvant peser une tonne -, tiré à partir d’une plateforme fixe qui augmente sa vulnérabilité à une riposte, il est équipé de deux moteurs sans propulseurs additionnels, indiquant pour certains experts des progrès significatifs, au moins apparents, dans les techniques de propulsion y compris dans la capacité de guidage de l’engin.

Une autre hypothèse avancée par d’autres spécialistes est qu’en réalité la propulsion aurait été assurée par deux moteurs accolés identiques à ceux du missile Hwasong-14, une technique de propulsion en tandem, déjà utilisée dans les années 60 par l’URSS sur le modèle RD-250.

Quant au 2e étage, il est l’objet des spéculations des experts. Il pourrait être propulsé par 4 petits moteurs identiques à ceux équipant le missile Safir iranien, eux-mêmes dérivés des moteurs russes équipant les missiles soviétiques R-27 montés sur les sous-marins dont Pyongyang pourrait avoir fait l’acquisition. Mais certains experts notent que, compte tenu de la taille du 2e étage, ce choix de motorisation serait insuffisant.


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