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Chine – États-Unis. Postures, escarmouches et guerre de tranchées. Genèse des contrefeux antichinois

Le 23 mai, lors d’une séance de questions réponses aux médias à Pékin, Lu Kang, le porte-parole du Waijiaobu, a réagi avec acrimonie à une initiative du sénat américain proposant un décret visant à sanctionner les activités illégales en Mer de Chine du sud.

Pour le Waijiaobu, la proposition de loi dont, au passage, il est probable qu’elle n’atteindra pas l’exécutif américain sans être amendée, « viole les fondements du droit international » car, dit-il « les constructions sur les récifs et îlots en mer de Chine du Sud s’inscrivent dans le cadre des droits souverains de la Chine ».

Lu Kang concluait en pressant Washington de ne pas donner suite à la proposition afin dit-il « d’éviter d’ajouter une nouvelle dissonance portant le risque de fracture de la relation bilatérale. »

L’épisode est le dernier jalon de la rivalité entre Pékin et Washington. Celle-ci est articulée à trois questions majeures :

1) Les conflits sur le déficit commercial, le droit de propriété et l’espionnage, dilatés en compétition d’influence globale (lire : Guerre commerciale, rivalité d’influence. Huawei dans l’œil du cyclone.) ; 2) Les revendications chinoises sur toute la mer de Chine du sud et les conflits de souveraineté autour des îlots symbolisés par la querelle sur la liberté de navigation (voir la note de contexte) ;

3) Les tensions autour de Taïwan dont la présidente Tsai Ing-wen, en sévère perte d’audience politique interne mesurée par les élections locales de novembre dernier, rejette « le consensus d’une seule Chine de 1992 ». Pour cette raison, elle est l’objet d’incessants harcèlements de Pékin, quand bien même elle affirme privilégier la politique des « 3 refus » héritée de Ma Ying-jeou balisant le statuquo auquel est attachée la majorité des Taïwanais : « NON à l’indépendance, à la réunification et à l’usage de la force ».

Mais la similitude avec la pensée de Ma s’arrête là. Tsai qui navigue de manière inconfortable entre sa base indépendantiste et les menaces militaires de Pékin, rejette en effet tout aussi fermement le « consensus de 1992 - 九二共識 jiu er gongshi - », qu’elle ne reconnaît pas et le concept « d’Un pays deux régions 一國兩區 Yi Guo Liang Qu » de Ma Ying-jeou.

Le droit international et « les caractéristiques chinoises ».

Aux États-Unis, c’est le Républicain Marco Rubio, sénateur de Floride éliminé par Trump à la primaire présidentielle en 2016, qui mène l’offensive anti-chinoise.

A cet effet, il relance une proposition de 2017 visant à refuser le visa d’entrée et à saisir les avoirs financiers basés aux États-Unis de « quiconque », dit le projet, « menace, par ses actions et ses politiques, la paix, la sécurité et la stabilité de la mer de Chine du sud revendiquée par un ou plusieurs membres de l’ASEAN ».

S’il était adopté, le décret qui menace sérieusement les avoirs des dirigeants chinois expatriées aux États-Unis, exigerait aussi que le Département d’État rende compte au Congrès tous les 6 mois de « toute personne ou société chinoise impliquée dans des travaux de construction et de développement dans les zones contestées ». Sont concernées les revendications territoriales et la construction d’îles artificielles, de phares de navigation et de relais de téléphonie mobile.

Aux États-Unis, Andrew Thomson, ancien fonctionnaire du ministère de la défense, aujourd’hui chercheur à l’Institut d’études politiques Lee Kuan Yew à l’Université de Singapour, cité par Reuters, reconnaît que l’initiative met de l’huile sur le feu. En même temps, il constate que l’hostilité contre la Chine traverse aujourd’hui toute la classe politique américaine.

Ce n’est pas tout. Alors que le Congrès explore un moyen légal de faire pression sur Pékin, l’US Navy bat le rappel de ses alliés et accélère ses missions dites de « Liberté de navigation – Freedom of navigation operations – FONOP – en mer de Chine du sud et dans le Détroit de Taïwan (voir la note de contexte).


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