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Les 30 et 31 octobre derniers, en présence de Xi Jinping et du Premier ministre Li Qiang le Parti a, avec un retard d’une année pour cause de Covid- 19, convoqué la Conférence de travail pour les Affaires financières 中央金融工作委员会 dont la périodicité des réunions est quinquennale. La session de 2022 ayant été annulée, la dernière réunion remontait à 2017.
Signe que l’appareil a, par-dessus les Banques d’État, décidé de prendre directement le contrôle du secteur financier, le 6 novembre, He Lifeng, très proche ami de Xi Jinping, Docteur en économie de l’Université de Xiamen en 1998, a été nommé à la tête de la toute nouvelle Commission Centrale des Finances dont la création avait été annoncée lors de l’ANP de mars dernier.
He Lifeng et Xi Jinping sont amis depuis leurs affectations communes à Xiamen, il y a près de quarante ans quand, âgés de 30 et 31 ans, Xi était vice-maire de la ville et He en charge des finances municipales.
(Voir la biographie de He nº14 de Bureau politique : Membres du 20e Bureau politique)
Le resserrement du contrôle politique sur le secteur financier, directement sous l’égide d’un homme de confiance du Président, dont le pouvoir sera aussi idéologique et politique, est un branle-bas de l’appareil décidé à s’attaquer à l’avalanche des dettes, découverts, insolvabilités et emprunts non remboursables qui grèvent l’équilibre du secteur financier.
Au total, les dettes publiques locales et gouvernementales, y compris celles de la « finance grise » des organismes de crédit parallèles non officiels, sont évaluées à 92 000 Milliards de Yuan [12 600 Milliards de $]. Leur accumulation fait peser un risque sur la santé des banques locales.
Le constat, sans appel, évoque l’enchevêtrement des facteurs et des risques : « Nous devons être conscients que toutes sortes de contradictions et de problèmes dans le domaine financier sont étroitement liés et s’influencent mutuellement, dont certains restent très importants, et qu’il existe encore de nombreux risques cachés de crise économique et financière. »
Un large éventail de soutiens et de contrôles publics.
Après la réunion, un communiqué officiel et plusieurs déclarations ont fixé les feuilles de route de la Commission. « La Chine maintiendra la direction centralisée et unifiée du Parti communiste sur le système financier en mettant en place un mécanisme dont la mission sera de “résoudre 解决” les risques liés aux dettes locales et de “gérer 管理 ” la dette des gouvernements locaux. »
Les formulations ambigües, évoquant à la fois une hypothétique « solution définitive 解决 » des dettes contractées auprès des organismes parallèles - 地方政府融资平台 – et la gestion - 管理 – des dettes des pouvoirs provinciaux et sub-provinciaux, indiquent la difficulté de la tâche.
Les racines du dilemme plongent dans le fonctionnement même d’un système où les pouvoirs locaux empruntent à des organismes financiers non étatiques et se financent en partie par la vente des ressources foncières publiques à des développeurs immobiliers privés.
En même temps, conscientes de la sensibilité de la crise de confiance frappant les développeurs immobiliers (lire : Evergrande, un « cygne noir » dans la routine des analyses convenues & « Evergrande », le spectre d’un effet domino), les déclarations tentèrent de rassurer le marché.
« La Commission contribuera également à répondre aux demandes de financement ”raisonnables“ des projets immobiliers et maintiendra sa politique visant à satisfaire la demande de logements ».