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Face à Pékin, la solidarité hésitante de l’Europe

ANNEXE
Xi Jinping en France. Accords conclus et perspectives.

Ostensiblement placé par le président français sous l’égide d’une Europe unie, l’exercice bilatéral franco-chinois fut l’occasion de rappeler l’importance « du respect de la souveraineté, de la confiance, de la responsabilité et de la transparence », conditions d’un « partenariat exemplaire » et d’un « multilatéralisme rénové » où la Chine abandonnerait ses pratiques de transferts de technologies forcés et de subventions industrielles biaisant les lois du marché.

L’expression « multilatéralisme rénové » employée par le Président français qui vise à se démarquer de la même formulation chinoise, implique que l’actuelle vision de Pékin du « multilatéralisme », frappée du soupçon « d’égocentrisme à sens unique » doit être « modernisée ». La méfiance sous-jacente renvoie à la décision de Bruxelles de mieux filtrer les investissements chinois pour les tenir à l’écart des domaines stratégiques sensibles comme les infrastructures de sécurité.

Concrètement, si certaines coopérations bilatérales France - Chine, comme celle du nucléaire civil continuent à capitaliser sur les engagements et les succès anciens, tel la mise en service du 1er E.P.R au monde à Taishan et prochainement d’un 2e, d’autres, plus nouvelles, comme l’accord pour la construction conjointe d’une usine de recyclage des combustibles nucléaires, prennent du retard et paraissent engluées dans des négociations difficiles, au point que l’hypothèse d’une annulation fut évoquée, avant, dit le Président français, de « décider de poursuivre ».

Ailleurs les coopérations anciennes progressent lentement sur la santé, le vieillissement, les infrastructures urbaines, les énergies renouvelables, la biodiversité, les sciences du vivant, les sciences et technologies, l’innovation et les constructions navales. Dans le secteur spatial, après le lancement d’un satellite franco-chinois de surveillance des océans, Paris et Pékin ont conclu un partenariat dans les secteurs de l’astrophysique, de la surveillance du climat et de l’exploration spatiale.

Enfin, Paris et l’Europe auront tiré profit de plusieurs circonstances propices, l’une conséquence de la rivalité sino-américaine, une autre liée au souci du président chinois de contredire les critiques fustigeant l’égocentrisme des stratégies extérieures chinoises, la dernière enfin découlant des déboires récents des « Boeing 737 Max 8 », frappés par de graves soupçons d’un défaut systémique dans la relation des pilotes avec le système de pilotage automatique [2].

En aéronautique, précisément, la conjonction de ces causes a produit la décision chinoise de concrétiser un contrat d’achat attendu depuis des années de 290 A.320 et de 10 A.350 au prix total estimé de 35 Mds de $. Produits pour partie en Chine dans la chaîne d’assemblage de Tianjin, les appareils seront majoritairement de la famille Neo, économe en carburant.

La bonne volonté chinoise a également permis de lever les embargos sur la viande bovine et le poulet, grâce, selon le président français à l’implication personnelle de Xi Jinping. La création très positive d’un fond de coopération franco-chinois à hauteur d’1Mds d’€, impliquant BNP Paribas et le fond souverain chinois CIC doivent aussi beaucoup à cette synergie positive, réagissant aux soupçons d’unilatéralisme pesant sur la Chine.

Les relations vont également bon train dans le domaine culturel avec la présence en France de 40 000 étudiants chinois – conséquence de la gratuité de l’enseignement supérieur -, les échanges sportifs avec la décision de créer en Chine un centre d’entrainement de football sur le modèle de Clairefontaine, et diverses expositions et événements comme l’exposition Picasso à Shanghai inaugurée en 2011, l’exposition sur les routes de la soie préparée par l’Institut du Monde arabe prévue en 2021 à Paris et à Pékin, et la décision de désigner 2021 comme l’année du « tourisme culturel France - Chine ».

Enfin le président français a répété – appel du pied souvent adressé à Pékin, la piste « structurante » de coopération possible -, également évoquée le jour suivant par Angela Merkel, entre la France, l’Europe et la Chine en Afrique « nous ne sommes pas en Afrique des rivaux stratégiques. Mais nous pouvons y être bien d’avantage des partenaires dans la durée sur les plans de la sécurité [3], de l’éducation de l’infrastructure et du développement. »

Voir la liste exhaustive sur le site de l’Ambassade de France à Pékin

Et la vidéo de la conférence de presse conjointe

Note(s) :

[2Après les 2 accidents de Lion Air (189 morts) en mer de Java, le 29 octobre 2018 et d’Ethiopian Airlines (157 morts), le 10 mars 2019, les autorités de l’aviation civile chinoise furent parmi les premières à décider de clouer au sol les B.737 Max. En cause le MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System, Système d’amélioration des caractéristiques de manœuvrabilité), qui force l’avion à plonger vers l’avant en cas de perte de vitesse.

[3Les anciennes prudences chinoises poussant Pékin à se tenir à l’écart des coopérations militaires directes sans cependant renoncer à vendre des armes, évoluent au fil de l’implication grandissante de Pékin en Afrique. La retenue chinoise fut aussi mise à mal par l’attentat terroriste du 20 novembre 2015 à Bamako au cours duquel 3 hauts responsables de China Railways trouvèrent la mort.

Lire :
- Mort au combat de deux casques bleus chinois.
_ - La sécurité régionale et globale au cœur des réunions de l’APEC et de l’ASEAN.

Rappelons aussi que pour la première fois de son histoire la Chine déploie des unités de combat à l’étranger à Djibouti et au Soudan ; lire : L’armée populaire de libération à Djibouti : une évolution notable des stratégies chinoises.

Dernière évolution en date à laquelle le président français a fait allusion : Le 4 janvier 2019, Wang Yi, le MAE de passage à Ouagadougou a promis 300 millions de Yuan (40 millions d’€) et des équipements destinés à la lutte contre le terrorisme au profit de la force militaire conjointe du G5 au Sahel.


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