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›› Chronique

Hong-Kong et les affres des deux systèmes

Lam Wing-kee lors de sa conférence de presse du 16 juin 2016.

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La question de Hong-Kong et du respect ou non par la Chine du principe « un pays deux systèmes » dont il faut rappeler qu’il avait été énoncé dès janvier 1979 par le très pragmatique Deng Xiaoping en vue de la réunification de la Chine avec Taïwan, n’a pas fini de peser sur le politburo chinois.

Mis en œuvre à Hong-Kong en 1997 après la rétrocession, le principe auquel l’accord avec Londres avait rajouté la perspective de l’élection du chef de l’exécutif au suffrage universel, stipulait que Hong-Kong, Macao et Taïwan, devenues des Régions Administratives Spéciales pourraient conserver pendant un temps un système politique, juridique et économique séparé.

Dérivant de la déclaration conjointe sino-britannique du 19 décembre 1984, la Loi Fondamentale de Hong-Kong, également partie de la Constitution chinoise, stipule que la R.A.S continuera à vivre sous un régime socio-politique capitaliste jusqu’en 2047 avec une juridiction de dernier ressort séparée de l’exécutif, les habitants bénéficiant des droits démocratiques fondamentaux que sont les libertés inviolables de presse, d’expression, de rassemblement, d’association syndicale et de grève.

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Mais à la longue, le contraste avec la sévérité du contrôle politique sur le Continent est tel que les tensions deviennent inévitables, surtout lorsque Pékin juge que la liberté de conscience dont bénéficie la R.A.S menace le régime chinois lui-même. Après la séquence où certains des 5 libraires kidnappés à l’automne dernier durent publiquement faire amende honorable, la tension vient encore de monter d’un cran à la suite de la conférence de presse de Lam Wing Kee, l’un des 5 séquestrés revenu dans la R.A.S, le 14 juin.

Unités spéciales et méthodes douteuses.

Le 21 juin, le chef de l’exécutif Leung Chun-ying annonçait avoir adressé une lettre à Pékin pour demander des explications. Emily Lau présidente du parti démocratique, Albert-Ho Chun-yan, député démocratique et Felix Chung-Kwok-pan président du parti libéral ont demandé à Leung de rendre sa lettre publique et de ses rendre lui-même à Pékin pour protester.

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Au cours de sa rencontre avec les médias le 16 juin dans l’enceinte du Legco, Lam a révélé que ses ravisseurs qui le retenaient à Ningbo lui auraient proposé de le libérer en échange du disque dur contenant la liste de 4000 ouvrages et de 600 clients de sa librairie. Après avoir accepté, il dit s’être rétracté au vu des protestations des Hong-Kongais. Mais selon lui, « l’unité spéciale » qui l’avait enlevé était déjà en possession de la liste, fournie par Lee Bo, un des 4 autres libraires séquestrés en Chine qui, lui-même, dément.

Décrivant les six mois de détention, Lam affirme avoir été arrêté le 24 octobre 2015 à la frontière, menotté et aveuglé par un sac, avant d’être conduit à Ningbo en train le jour suivant. Visiblement choqué et incrédule, il dit avoir été interrogé une vingtaine de fois sans l’assistance d’un avocat avant d’être forcé à une contrition publique sur la chaîne Phoenix en février 2016.

Les révélations de Lam laissent entendre que le parti lui reproche surtout d’avoir fait passer en Chine des livres interdits avec l’aide de son amie qui, elle aussi, fut brièvement arrêtée. L’incident a obligé Leung Chun Ying, le n°1 de l’exécutif à s’expliquer devant le conseil législatif le 21 juin. Une lettre a été adressée à Pékin pour interroger le politburo sur ses intentions dans la R.A.S. Après la conférence de presse, plusieurs librairies ont fait savoir qu’elles cesseraient de garder en archives les achats de leurs clients.

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Il reste que les pressions exercées par Pékin semblent avoir eu un effet sur une partie des acteurs du psychodrame. Plusieurs des collègues libraires de Lam ont en effet contredit ses déclarations. Alors que Gui Minhai est toujours retenu sur le Continent, Lee Bo affirme y être retourné de son plein gré pour aider les enquêteurs. Lui Por et Cheung Chi-ping, deux autres libraires sont retournés en Chine après avoir effectué un bref séjour à Hong Kong.

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La vigilance du parti qui, on le voit, n’hésite pas à réagir par tous les moyens aux critiques véhiculées par les livres interdits en Chine, dont certains dérapent vers la mise à jour de la vie personnelle du président et de son épouse, est d’autant plus aiguisée que, depuis quelques temps, ont surgi des débats sur l’indépendance de la R.A.S.

Depuis 3 mois deux mouvements politiques indépendantistes marginaux sont sortis de l’ombre. L’un réclame le retour à la règle britannique en vue d’accéder directement à l’indépendance et l’autre, apparu en mars, se désigne lui-même comme le Parti National de Hong Kong. Si on en croit l’état actuel de l’opinion dans la R.A.S, leur audience et leurs chances de gagner en influence sont très faibles.

Lire aussi : A Hong-Kong, théâtre des luttes de clans, Pékin réduit la liberté d’expression


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