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HUAWEI, le flambeau du succès High Tech, pilier de la captation de technologies ?

Soupçons et frustrations.

Ayant appris les techniques de management modernes lors d’un voyage aux Etats-Unis dans les années 90, conscient des défis de la haute technologie et des exigences de la R&D où sa compagnie est en pointe, toujours aux aguets et inquiet de l’avenir, Ren Zhengfei éprouve cependant ses plus vives frustrations quand il se heurte aux obstacles qui, pour l’instant, lui ferment le marché des Etats-Unis où plane, comme ailleurs, l’insistant soupçon que sa compagnie est l’un des principaux instruments chinois de l’espionnage high-tech.

En 2005, Huawei était victime de deux blocages gouvernementaux, l’un par Londres qui lui interdisait l’achat de la société Marconi, finalement vendue à Ericsson. L’autre par New-Delhi qui s’opposait à la vente d’équipements d’infrastructure à la compagnie nationale de télécom BSNL.

En 2008, les autorités américaines bloquèrent l’achat par Huawei de la société 3Com, qui produit des logiciels anti-intrusion pour l’armée. En novembre 2010, le gouvernement américain annulait un contrat de plusieurs milliards de $ entre Huawei et le 3e opérateur de téléphonie mobile et d’internet américain Sprint Nextel. Enfin, en février 2011 Washington contraignait la compagnie chinoise à annuler l’achat de logiciels de la compagnie 3Leaf en faillite.

Le 17 février 2011, en réaction à ses rebuffades renouvelées, le porte parole du gouvernement chinois répétait une fois de plus que les questions de sécurité étaient un prétexte pour freiner les investissements chinois aux Etats-Unis. Il est un fait que la part de marché de Huawei sur le marché nord-américain n’est que de 12%, alors qu’ailleurs dans le monde, où elle a doublé en 4 ans, elle atteint 33%.

Alors que Pékin et Huawei accusent leurs détracteurs de protectionnisme et de xénophobie, les soupçons de tous les services de renseignement occidentaux, auxquels s’ajoutent ceux de l’Inde, s’alimentent d’abord de l’opacité de la société qui n’est pas cotée en bourse et reste très discrète sur la structure de son capital.

Les analystes soulignent en effet que, puisque Ren Zhengfei dit lui-même ne posséder que 1,42% des parts et que rien ne filtre du groupement des actionnaires tous officiellement employés de Huawei se partageant le reste du capital, la question de savoir qui contrôle vraiment la société reste ouverte.

Enfin, le fait que le géant high-tech chinois soit le spécialiste attitré du contrôle de la sécurité télécom et informatique des ambassades chinoises à l’étranger ajoute encore à l’image sensible d’une société directement connectée au pouvoir chinois, généralement considérée, malgré ses démentis insistants, comme la clé du dispositif technique mis en place par la Chine pour collecter les informations de haute technologie en liaison avec la Commission Militaire Centrale et plusieurs ministères, dont ceux des sciences et technologies et de la sécurité publique.

Une image à corriger.

Récemment Huawei, dont les équipements sont vendus dans le monde entier, et qui nie toute connexion avec l’APL et le système de sécurité chinois, a ouvert son siège et ses usines de Shenzhen à plusieurs journalistes occidentaux et lancé une campagne de relations publiques, accompagnée d’un exercice de transparence destiné à corriger son image.

En février 2011, après le blocage du rachat des logiciels de 3Leaf et créant un précédent dans ce type de controverse avec une société chinoise soupçonnée d’espionnage, le représentant de Huawei aux Etats-Unis, Ken Hu, adressait une lettre ouverte à la Maison Blanche, pour demander des clarifications et inviter les agents de sécurité américains à contrôler sa société.

Il concluait « nous croyons pouvoir travailler étroitement avec le gouvernement des Etats-Unis pour résoudre toutes les difficultés et nous nous conformerons à toutes les exigences de sécurité supplémentaires, quelles qu’elles soient ».

Mais les plus gros efforts de relations publiques et de transparence ont peut-être été consentis en Inde, où Huawei s’apprête, à la demande des services de sécurité indiens, à fournir le savoir-faire et les dispositifs techniques destinés à tester la sécurité des équipements de télécom importés en Inde, dont la plupart sont vendus par des sociétés chinoises.

Pour faire bonne mesure, et après avoir promis d’aider les ingénieurs indiens à tester, entre autres, la sécurité de ses propres exportations d’équipements, la rumeur court que Huawei aurait dévoilé au gouvernement indien la structure de son capital, ce que la société n’avait jamais consenti à faire jusqu’à présent.

La stratégie corrective est peut-être efficace, car, lors de sa dernière visite en Chine, en mai dernier, le ministre de l’économie hollandais, Maxime Verhagen a explicitement demandé à rencontrer Ren Zhengfei pour l’inciter à investir aux Pays Bas.

Une proposition qui prenait le contre pied des méfiances exprimées par les Pays Bas il y a seulement deux ans, quand le ministère de l’intérieur mettait en garde contre les risques de sécurité posés par Huawei.

Mais chacun sait bien que, s’il est vrai qu’une réputation se détruit en un tour de main, elle est infiniment plus difficile à reconstruire, surtout si, aux soupçons de sécurité et de dumping sur les prix, s’ajoute le fait qu’elle subit également les effets d’une féroce compétition stratégique, technologique et commerciale.


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