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L’ANP 2019. Un empilement de défis économiques et politiques

NOTES de Contexte (suite)
II. La structure insolite de l’économie chinoise. 喝 毒 解 渴.

Dans un article de project-syndicate du 11 février 2019, Arvind Subramanian, maître conférence à la Harvad’s Kennedy School abordait la question de la structure de l’économie chinoise dont la nécessaire réforme est fréquemment soulevée par les négociateurs américains qui y voient la condition indispensable pour équilibrer les relations économiques bilatérales.

Jusque récemment, la Chine s’est développée sur un mode marqué par le contrôle étroit de l’État sur l’économie et la société. Ce schéma, dit Subramanian, ne peut plus avoir cours.

Dans une situation où les dettes internes s’accumulent, tandis que les politiques de relance créent une dépendance handicapant les réformes structurelles, portant une politique étrangère « impériale » clairement sur-exposée, articulée à des prêts mettant en difficulté les pays débiteurs, objet de puissants contrefeux, la Chine dont la modernisation dépend des transferts ou des captations de technologies, ressent la morsure d’une situation globale moins favorable, parfois hostile à son modèle traditionnel de développement.

La croissance à deux chiffres, encore possible jusqu’en 2011 est devenue problématique.

Un schéma à bout se souffle

La thèse de Subramanian est que la voie suivie aujourd’hui par la Chine est inverse de celle nécessaire à un développement sain et durable qui suppose à la fois des institutions étatiques solides et une ouverture politique, condition de la compétition dynamique et innovante et de la confiance des investisseurs.

Ce que fait Xi Jinping qui ferme le régime tout en abreuvant l’économie de « relances » aggravant la dette, revient à l’incohérence de boire du poison pour étancher sa soif 喝 毒 解 渴 – He Du Jie Ke.

Il existe une relation étroite entre développement et ouverture politique contre laquelle le régime se crispe aujourd’hui au-delà de toute logique. L’insolite, dit l’auteur, est que la situation chinoise contredit cette dialectique. Selon la théorie de la porosité entre développement et ouverture politique, avec un régime aussi fermé, la Chine ne devrait pas être aussi riche.

Entre les années 90 et 2000, l’Occident faisait le pari que la contradiction cesserait à mesure que l’exigence du développement conduirait le régime à plus d’ouverture politique. Aux États-Unis, l’enjeu a conduit à la souplesse des transferts technologiques, capables à la fois d’accélérer la modernisation qui, elle-même, aurait un effet d’ouverture politique.

Raidissement politique.

Depuis 2012, c’est l’inverse qui se produit. La Chine de Xi Jinping se ferme. Au lieu de conduire à la liberté d’entreprise du privé, la route suivie par Pékin est celle d’un capitalisme d’État. Loin de se résorber, les contradictions de l’économie chinoise s’aggravent.

Selon l’auteur, elles conduiront immanquablement à une secousse de réajustement qui se traduira par un sérieux freinage de la croissance. Nul ne peut prédire le moment du choc inévitable. Mais sa probabilité est homothétique de l’ampleur du défi que le système chinois pose à la logique d’une modernisation durable.

La dernière partie de l’analyse est une série de conjectures sur les mesures que le régime pourrait prendre pour atténuer la secousse et sur les effets qu’elles auront sur l’économie globale. La plus évidente serait une dévaluation substantielle de la monnaie pour réduire les ratés de l’export et amortir le freinage de la consommation domestique.

La conséquence pour les autres monnaies aurait l’effet d’un « tsunami ». En Asie, pour rester dans la course de l’export, les monnaies voisines dévalueraient. L’Europe et les États-Unis seraient menacées par une sévère déflation, conséquence du renforcement relatif du Dollar et de l’Euro.

Il existe un exemple historique prémonitoire où en 1930, en réaction à la crise de 29 la Livre Sterling et le Dollar dévaluèrent de 40% en 4 ans, quand le France et le Mark appuyés sur l’or, restèrent stables. Avec les conséquences socio-politiques que nous savons.

Aujourd’hui, un choc monétaire chinois concernerait 30% du commerce global. L’effet serait d’autant plus catastrophique que les échanges commerciaux comptent pour 25% du PIB global alors qu’en 1930, ils n’en représentaient que 8%. En d’autres termes une dépréciation des monnaies asiatiques initiée par la baisse du RMB aurait un impact bien plus terrible que les dépréciations du Dollar et de la Livre en 1930.

D’une manière ou d’une autre, conclut l’auteur, la situation chinoise défiant les lois macro-économiques et de la géopolitique, accélèrera un retour à la logique. Quand cela se produira, mieux vaudra y être préparé.


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