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L’ANP 2019. Un empilement de défis économiques et politiques

L’ANP du 5 mars sous la pression de grands défis.

Cette année, l’événement au cours duquel le Parti se livre en général à un exercice rituel d’autopromotion visant à conforter sa légitimité, assorti de l’analyse des défis qu’il doit affronter, verra la conjonction des plus sévères risques politiques depuis 2013.

A la veille du très sensible 30e anniversaire de la répression de Tian An Men, le 4 juin 1989, avant que le 1er octobre lui donne l’occasion d’un nouvel exercice de nationalisme auto-laudatif à l’occasion du 70e anniversaire de l’avènement du Parti au pouvoir, Xi Jinping, qui depuis 2012, s’est ostensiblement placé en première ligne, est confronté à une contestation venant de l’intérieur du sérail lui reprochant de hisser trop haut le pavillon du nationalisme chinois.

Accompagnant la rivalité globale avec Washington, les contrefeux allumés partout dans les pays occidentaux, mais pas seulement, inquiets de l’empreinte grandissante de la Chine, stigmatisent Pékin d’une manière inédite depuis la fin des années 70.

Réagissent à la fois aux abus commerciaux et aux intentions politiques cachées, aux mauvais traitements infligés aux Ouïghour au Xinjiang, aux exorbitantes revendications en mer de Chine du sud et aux menaces militaires contre Taïwan, elles créent un malaise dans l’appareil souligné par le professeur Xu Zhangrun l’été dernier dans son adresse critique au n°1. Lire : Fêlures.

A l’intérieur, l’alourdissement de la censure et des contrôles, le harcèlement des opposants, la lutte brutale contre les corrompus ayant condamné à la prison ferme des dizaines de milliers de bureaucrates et responsables de tous niveaux y compris de hauts responsables de grands groupes, ont créé dans la classe moyenne et l’administration une atmosphère angoissante de suspicion et de défiance.

Les rares témoignages comme celui du professeur Zhang Jian de Beida, cité par Bloomberg laissent entendre que les tensions internes sont bien plus lourdes que celles que les étrangers perçoivent de l’extérieur.

Les entrepreneurs perdent confiance.

Même les entrepreneurs autrefois enfants chéris du Parti, choyés par Jiang Zemin sont saisis d’une angoisse qui les pousse à quitter le pays. Le 23 février le New-York Times publiait l’histoire édifiante de Chen Tianyong, ancien juge et avocat reconverti dans l’immobilier à Shanghai, aujourd’hui installé à Malte. Dans un article de 28 pages publié sur les réseaux sociaux, il explique pourquoi il a quitté la Chine.

La charge intitulée « Pourquoi j’ai quitté la Chine, un adieu et une mise en garde » exprimant les sentiments d’une partie de la classe moyenne est féroce et sans nuance : « l’économie chinoise est comme un navire géant voguant vers un précipice. Sans changements fondamentaux, il fera naufrage et ses passagers perdront la vie (…) Mes amis, si vous pouvez partir prenez vos dispositions le plus vite possible ».

Le New-York Times ignore combien en Chine ont lu la mise en garde avant qu’elle ne disparaisse du net, effacée par la censure, mais Chen Tianyong affirme que beaucoup d’hommes d’affaires critiquent en privé la gestion économique du Parti et ont perdu confiance dans l’avenir du pays, convaincus que les problèmes déjà sérieux ne feront que s’aggraver.

Il est un fait qu’au lieu de poursuivre la libéralisation de l’économie, Xi Jinping a accentué les contrôles dans tous les aspects de la société.

Selon un sondage de Hurun / Shanghai, à peine 30% des Chinois fortunés disent avoir confiance, une chute brutale par rapport au 60% de 2017. En moins d’un an, la proportion de ceux qui ont totalement perdu confiance a grimpé de 7 à 14%, et la moitié des sondés envisagent de quitter le pays.

Fred Hu, fondateur d’une société d’investissements et ancien Directeur de Goldlman Sachs en Chine fustige directement les choix idéologiques du Parti « Nous devons prendre conscience que les succès des 40 dernières années sont le résultat de l’ouverture et des réformes économiques et non pas la conséquence du modèle exemplaire chinois ».


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