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L’espace, lieu de toutes les méfiances

Dans un article du 21 janvier, publié après la visite du Président Hu Jintao aux Etats-Unis, le Washington Post examine l’état des échanges dans le domaine spatial entre les deux pays, dont les discours américains veulent faire un exemple de coopération décrispée.

Selon le Secrétaire d’État à la Défense Robert Gates, l’espace fait en effet partie des 4 domaines qui, avec la cyber-sécurité, les armes nucléaires et la défense anti-missiles, pourraient donner de la substance au dialogue stratégique sino-américain.

Mais, le moins qu’on puisse dire est que, d’un côté comme de l’autre, l’enthousiasme ne suit pas. Les militaires Chinois qui contrôlent les projets spatiaux ne semblent pas prêts à faire preuve de la transparence nécessaire à une coopération efficace. En même temps, ils continuent de se plaindre des suspicions américaines et de l’embargo sur les technologies sensibles imposé par le Pentagone. Quant aux États-Unis, le lobby sécuritaire, qui professe à l’égard de la Chine de profondes méfiances est plus influent que jamais.

Lorsqu’à l’automne dernier l’administrateur en Chef de la NASA Charles Bolden avait visité la Chine pour explorer les possibilités de coopération bilatérale, il avait été placé sous la surveillance étroite du Congrès, dont deux membres lui avaient écrit pour le mettre en garde contre tout échange sensible et exprimer des doutes quant aux intentions réelles des Chinois

Progrès chinois dans l’espace et faiblesse de la coopération sino-américaine.

La réalité est que les deux pays sont entrés dans une sévère compétition pour l’exploration de l’espace, ainsi que pour son utilisation commerciale et militaire. S’il est vrai que les États-Unis ont une avance considérable, le fait est que les progrès de la Chine sont rapides, dans au moins trois directions identifiées, qui font l’objet de nombreux compte-rendus des médias chinois.

La première est la station spatiale, dont le déploiement serait prévu en 2020, et pour laquelle un programme d’entraînement des astronautes vient d’être lancé. La mise en orbite d’un premier module, baptisé « Tiangong - Palais Spatial - » devrait avoir lieu cette année, à l’été, tandis qu’à l’automne on y arrimerait un véhicule spatial de la série « Shenzhou ». Avançant de manière séparée, ce programme chinois garde cependant la possibilité de s’arrimer à la station spatiale internationale.

Le deuxième volet est l’exploration de la lune, dont la première phase s’est achevée le 1er octobre dernier, avec la mise orbite lunaire du satellite « Chang’e 2 ». Par rapport à Chang’e 1 ce dernier vole sur une orbite deux fois plus basse (100 km au lieu de 200 km) et dispose d’une caméra plus précise. L’alunissage d’un véhicule lunaire piloté depuis la terre pour la collecte d’échantillons (entre autres hélium et titanium) est prévu pour 2012 ou 2013. Mais il faudra attendre au moins 2020 avant qu’un astronaute chinois foule le sol lunaire.(Lire notre article).

Quant au troisième volet, stratégiquement le plus sensible, il vise à débarrasser la Chine de sa dépendance à l’égard du système de positionnement spatial américain, en lançant un « GPS chinois ». Selon la presse chinoise, « Beidou » devrait être opérationnel en 2012 pour l’Asie et atteindrait une capacité globale en 2020.

Aujourd’hui tout le système de positionnement et de navigation chinois dépend encore du GPS américain, que le Pentagone pourrait brouiller en cas de tensions avec la Chine. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les militaires de l’APL qui contrôlent les projets spatiaux, considèrent cette partie du programme comme une priorité. Ce sont également les militaires qui poussent à la mise au point d’armes spatiales capables de mettre hors service le système GPS américain en cas de conflit avec les États-Unis.

La coopération spatiale sino-américaine a donc peu de chances de se développer, alors que les tensions sont à fleur de peau, dans un contexte général de compétition pour le magistère en Asie, récemment exacerbé autour de la question nord-coréenne, de la liberté de navigation en mer de Chine du Sud et des ventes d’armes américaines à Taïwan. Il est même hélas probable que se développe une course aux armes spatiales, dont les prémisses sont clairement visibles, au travers des déclarations, comme des faits et gestes de part et d’autre.


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