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La machine économique redémarre. Les profits des entreprises restent déprimés

Après une chute de la croissance de 6,8% au premier trimestre, le plus violent freinage depuis la révolution culturelle, il y a 50 ans, - comparé au dernier trimestre de 2019, où l’économie avait progressé de 6%, le freinage revient à une contraction du PIB de 9,8%. -, les indicateurs de la production industrielle se redressent, tandis que ceux liés au commerce et à la consommation intérieure restent décevants, tout comme les bénéfices industriels, toujours sévèrement déprimés, avec cependant des chiffres moins catastrophiques pour le secteur privé.

Les chiffres ci-après produits par le South China Morning Post offrent un tableau instantané de l’économie à l’entrée de l’été, à prendre avec les précautions d’usage compte tenu de l’imprécision des données officielles.

Le point de situation qui confirme que l’économie a subi d’importants dommages, s’inscrit dans le contexte déjà mis sous tension par les sanctions douanières américaines à l’export et l’effet des défauts structurels liés à l’épuisement du schéma de développement basé sur l’exode rural massif pourvoyeur d’une main d’œuvre moins chère que celle des économies occidentales.

Alors que la moyenne de la croissance avec des hauts et des bas était de +9,4% entre 1989 et 2018, - le pic ayant été de +15,4% au premier trimestre 1993 -, en 2019, elle n’était plus que de +6,1%, la plus basse depuis 1990.

L’appareil redémarre. Les profits restent déprimés.

1. Indice des prix à la consommation = +2,4 % en mai, en baisse depuis la mesure de mars où l’indice était de +3,3%. L’indice est calculé à partir d’un ensemble de biens et services dont la liste n’a jamais été rendue publique.

Les commentateurs en sont réduits à des suppositions : alimentation générale, tabac, alcool (les trois comptant pour 30% de l’indice) à quoi s’ajoute la viande de porc (la plus lourde part dans l’indice) dont les prix ont récemment explosé à la suite de la fièvre porcine en août 2018 (lire : La très grave crise porcine.).

2. Indice des directeurs d’achat de la production industrielle (PMI) = 50,6 en mai, en légère baisse depuis avril où l’indice était de 50,8. Le tassement met en évidence les difficultés de la reprise qui se poursuit après le verrouillage de janvier à mars.

Pour l’heure, le redressement de l’indice PMI est confirmé par les chiffres de la production industrielle et du secteur minier en hausse de 4,4% par rapport à 2019 soit +05% par rapport au chiffre du mois d’avril. Pour autant compte tenu de la faible demande extérieure, la reprise productive risque d’accumuler les stocks.

Compilé à partir d’enquêtes auprès de propriétaires ou PDG d’entreprises, de leurs cadres en charge des achats et de ceux responsables des chaînes d’approvisionnement, l’indice mesure le sentiment des industriels des grandes entreprises dont beaucoup sont publiques. La synthèse s’appuie sur les évolutions positives ou négatives dans les domaines de la production, des nouvelles commandes, de l’emploi et des délais de livraison.

3. Indice des directeurs d’achat hors secteur industriel = 53,6 en légère hausse depuis avril (53,2). Le magazine Caixin qui produit son propre indice, le situe à 55, en nette augmentation depuis les 44,4 du mois d’avril. Le rebond est essentiellement du à la demande domestique. Le magazine prévient cependant que dans le secteur privé l’emploi continue à se contracter, et anticipe que, dans les services, le taux de chômage pourrait atteindre 18% au 2e trimestre.

4. Consommation intérieure = en baisse de 2,8% par rapport à 2019, ce qui constitue cependant un rebond par rapport à la sévère chute de 7,5% du mois d’avril.

5. Profits industriels = en baisse très sévère de 27,% (moyenne janvier – avril).

Fin mai, le Bureau National des Statistiques déclarait qu’en dépit d’une amélioration de la demande dans les secteurs de l’automobile, des équipements spéciaux, des équipements électroniques, les bénéfices industriels restaient déprimés.

Les groupes publics souffrent particulièrement avec une chute 63% des profits au cours des 4 premiers mois de l’année. Par comparaison les bénéfices des privés n’ont baissé que de 17,2% au cours de la même période.

Ralentissement des échanges. Excédent commercial. Tensions à venir

6. Importations = chute de 16,7% en mai, en baisse depuis avril. Avec un recul des importations venant d’Europe de 29% et de 13,5% des États-Unis, le sévère tassement souligne la faiblesse de la demande chinoise et jette une ombre sur la transition économique dont l’épine dorsale est précisément la hausse de la consommation intérieure.

7. Exportations = chute de 3,3% en mai. En recul après un rebond surprise en avril, le freinage des exportations est cependant moins sévère que les anticipations des experts.

En 2018, la part chinoise du commerce mondial était de 12,4%, en forte augmentation depuis 1995 où elle n’était que 3%. Depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC, ce pourcentage a notablement augmenté.

Récemment la guerre commerciale avec les États-Unis a cependant frappé de plein fouet les exportations grevées par les taxes infligées par Washington. L’épidémie de coronavirus a encore accéléré la baisse de la demande étrangère. Au point que nombre d’analystes anticipent qu’au 2e trimestre 2020, les exportations chinoises continueront à souffrir.

8. Balance commerciale = excédentaire 62,93 Mds de $.

Le chiffre, plus optimiste que les prévisions est dû à une forte augmentation (+89%) des exportations d’équipements médicaux, de masques et de textiles durant la pandémie. Les perspectives de la 2e partie de 2020 dépendront du développement de la pandémie et du redressement de l’économie mondiale.

Prudent, le BNS anticipe que les exportations chinoises resteront sous forte tension durant les mois qui viennent.


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