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›› Chronique

La résistible ascension d’un vice-gouverneur

Jusqu’à la fin de l’an dernier, Li Tangtang était un homme heureux. Après quelques décennies de bons et loyaux services rendus au Parti, il était parvenu, à l’âge de 52 ans, à obtenir la place très enviable de vice-gouverneur de la province de Shaanxi. Son seul regret, s’il fallait en trouver un, était de n’être pas encore entré dans le saint des saints du pouvoir, à savoir le bureau permanent du comité du parti de sa province.

Il savait mieux que personne qu’en Chine, le vrai pouvoir, à tous les échelons, est toujours détenu par les cadres du Parti. Avec un parcours sans faute dans son plan de carrière, l’ambitieux vice gouverneur était déterminé à poursuivre son ascension politique. Son âge relativement jeune et ses expériences suffisamment longues dans l’appareil constituaient autant d’avantages incontestables dans cette compétition. Et l’approche du XVIIe congrès national du Parti, avec en corollaire le plan de renouvellement des comités provinciaux lui donnerait une grande chance de se hisser au sommet du Shaanxi et peut-être au delà. Cette chance, il voulait la saisir à deux mains.

Conformément au statut du Parti, le comité central comme ceux des provinces se renouvellent à un rythme quinquennal. Des élections sont prévues selon le sacro-saint principe de la démocratie centralisée, ou centralisme démocratique. Peu importe les termes employés, la réalité est qu’aucune modalité de ces élections n’est inscrite quelque part. Des membres du Parti des cellules locales et a fortiori des citoyens de base ne sont en aucune manière concernés par ces jeux politiques de haut vol et assistent comme spectateur ébahis à la montée des illustres inconnus ou à la chute retentissante des célébrités.

Seulement, Li Tangtang faisait partie de l’élite du régime et connaissait le moindre détail du mécanisme secret susceptible de lui apporter le pouvoir sur un plateau d’argent. Il savait qu’en novembre ou décembre 2006 une équipe d’enquête devait être envoyé de Pékin dans sa province et auditionner les différents responsables locaux afin d’élaborer, par cooptation, la liste électorale du prochain comité provincial du PC et de son bureau permanent. S’il parvenait à rallier le soutien de ses pairs, il pourrait alors réaliser aisément son rêve.

Ainsi débuta une « campagne électorale » pour le candidat spontané. Le vice-gouverneur rassembla alors huit de ses proches, tous cadres éminents du Parti. A eux de contacter ceux susceptibles d’être auditionnés par le groupe d’enquête du Comité central afin que le nom de Li Tangtang figure en bonne place sur la liste des candidats. Des courriers, des messages électroniques et des SMS sont donc envoyés vers une cinquantaine des responsables locaux. Seulement, ce genre de manœuvres n’est pas du tout du goût des hautes instances du Parti. Le Comité central et sa Commission Organisation n’imaginent pas un instant que leur volonté souveraine puisse être entravée par une opinion locale qui ne coïncide pas avec la leur.


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