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Le nouveau réalisme des relations franco-chinoises sur fond de crispations européennes

France – Chine : une relation déséquilibrée.

Mais chacun voit bien que les rapports de forces sont déséquilibrés tandis que la puissance du marché chinois constitue un formidable atout de négociations pour la partie chinoise.

Reconnaissant le caractère positif de certains investissements chinois (tels que celui effectué par Fosun dans le Club Med plusieurs fois cité par Lemaire, à quoi s’ajoute celui au sein d’EDF – GDF (2,9 Mds d’€ par le fond souverain chinois en 2011) ou le partenariat Renault-Nissan avec Dongfeng sur le secteur des véhicules électriques, le réalisme français s’inscrit dans un contexte général de raidissement européen face à la puissance commerciale chinoise, avec, en arrière plan, la crainte que les tendances chinoises à biaiser les règles du marché ne débouchent in fine sur des accords déséquilibrés.

Dans le collimateur européen, les groupes publics chinois largement subventionnés par l’État dont la puissance financière installe un rapport de forces très défavorable aux entreprises européennes.
Sur les investissements chinois en France lire :

- Li Keqiang en Europe et en France. Bilan, grandes promesses et quelques non dits.
- Chine – France. Histoire, politique, coopération et maîtrise des transferts technologiques.
- Les entreprises françaises rachetées par des chinois. Bilan des 10 dernières années.

Les meilleures indications de ces nouvelles attitudes de méfiance apparaissent au travers des déclarations des diplomates européens en Chine ou par le truchement de sources proches de Bruxelles. Dans la capitale européenne on laisse percer un agacement quand les « ouvertures » chinoises sont assorties de nombreuses exceptions et restrictions applicables aux investisseurs européens ou quand l’ouverture annoncée des services est considérablement ralentie par les obstacles bureaucratiques.

Dans la foulée Michael Clauss ambassadeur allemand à Pékin estimait que les promesses d’ouverture du marché financier devaient être confirmées dans un contexte où, depuis 10 ans, la part des banques étrangères avait reculé au pourcentage négligeable de 2%. Lors du sommet franco chinois, le scepticisme allemand a été justifié par les déclarations de Shi Yaobin, vice-ministre des finances et de Ma Kai, vice-premier ministre.

Tous deux répétèrent que la réciprocité était « un concept relatif » et que l’égalité absolue des échanges n’existerait jamais, surtout que la Chine était toujours « une économie en développement »

Les blocages sources des méfiances et des aigreurs transparaissent dans le déséquilibre des investissements.

Freinages.

Si, en 2016, les investissements chinois en Europe ont augmenté de 77% pour atteindre 35 Mds d’€, ceux venant d’Europe en Chine ont baissé de 23% pour plafonner à 8 Mds d’€. La tendance au freinage se confirme. Au cours des 6 premiers mois de 2017, les groupes chinois n’ont investi que 8 Mds d’€, tandis que les investissements européens ont continué à baisser à seulement 3,1 Mds d’€ contre 4 Mds d’€ en 2016.

Au-dessus de ces développements moroses qui tranchent avec l’optimisme des relations Chine –Europe du début des années 2000, planent les aigreurs autour de la controverse sur l’attribution à la Chine du statut d’économie que l’UE tarde à accorder à Pékin en dépit des modalités d’accession de la Chine à l’OMC en 2001 stipulant que le statut serait automatiquement accordé au bout de 15 ans.

Mais, constatant que l’économie chinoise restait encore marquée par une forte empreinte étatique hors marché, Bruxelles, cherchant à se donner les moyens légaux de se prémunir contre le dumping même après qu’elle ait accordé le statut de marché à Pékin, a, le 2 octobre dernier, adopté un train de mesures destinées, selon Cecilia Malmstrom Commissaire européen au commerce « à protéger l’économie européenne contre les compétitions déloyales des exportations subventionnées ».

L’initiative répond à la décision de la Chine du 16 décembre 2016 d’engager une action à l’OMC pour non respect des dispositions de l’accord de 2001 contre les États-Unis et l’UE que Pékin accuse de double standard. La mauvaise humeur chinoise s’était déjà manifestée le 2 juin dernier quand, lors d’une réunion sur le climat Pékin avait refusé de s’associer à la déclaration finale.

Enfin, dernier signe que l’ambiance se crispe y compris avec le meilleur partenaire européen de la Chine, le 29 novembre la Chambre de Commerce et d’Industrie allemande en Chine mis en garde contre la mauvaise humeur des groupes allemands agacés par l’insistance croissance du Parti communiste d’implanter de plus en plus de sections du Parti dans les entreprises étrangères.

Le mouvement n’est pas nouveau puisque 750 000 entreprises à capitaux étrangers abritent déjà des sections du Parti. Mais alors que jusqu’à présent ces dispositions étaient perçues par les investisseurs étrangersc omme une aide à la gestion des ressources humaines , elles ont aujourd’hui ressenties comme une tentative du Parti d’augmenter son influence dans leurs affaires. Pour un historique récente des crispations entre Berlin et Pékin, lire : La Chine, l’Europe, l’Allemagne et la France.


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