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›› Chronique

Les braises mal éteintes des rancoeurs sino-japonaises

Contritions japonaises.

Après la guerre, les toutes premières personnalités à présenter leurs excuses à la Chine furent les Empereurs successifs, depuis l’empereur Hirohito lors de la réddition du Japon, le 15 août 1945 qui renouvela ses regrets, le 16 novembre 1971, jusqu’à la déclaration de haute valeur symbolique faite par l’empereur Akihito, le 23 octobre 1992 au Grand Palais du Peuple lors d’un voyage en Chine : « Au cours de la longue histoire des relations entre nos deux pays, il y eut une période malheureuse durant laquelle mon pays infligea de grandes souffrances au peuple chinois pour lesquelles j’éprouve une profonde tristesse ».

A ces contritions impériales s’en ajoutèrent d’autres.

Depuis celles du premier ministre Tanaka, à Pékin en 1972 jusqu’à celles de Shinzo Abe, le 14 août 2015, à l’occasion du 70e anniversaire de la défaite où il endossa les précédentes repentances du Japon pour « les immenses dommages et souffrances infligés à des personnes innocentes », en passant par les regrets du premier ministre Koizumi dix ans plus tôt ou ceux encore de Murayama en 1995, lors du 50e anniversaire de la défaite, qui furent peut-être parmi les plus complets : « Espérant que de telles erreurs ne se reproduiront plus à l’avenir, je considère avec humilité ces réalités de l’histoire et, du plus profond de mon cœur, exprime une fois de plus, mes remords et mes sincères excuses ».

Mais, en dépit des efforts partagés pour soulager les cicatrices et apaiser la relation, les méfiances et les ressentiments demeurent.

Persistance des défiances.

Au Japon d’abord où les cercles nationalistes estiment aujourd’hui que le pays s’est suffisamment excusé. Ainsi, le 14 août dernier, lors du 70e anniversaire de la défaite Shinzo Abe avait ajouté : « Il ne faut pas que nos enfants et nos petits enfants et les générations à venir qui n’eurent aucune résponsabilité dans la guerre, restent enfermés dans la culture de l’excuse ».

De son côté Pékin supporte mal qu’une puissance asiatique, de surcroît alliée des États-Unis, secoue le joug de la pénitence et conteste le magistère chinois en Asie. Lire notre article Relations Chine-Japon. Les non-dits de l’irrationnel.

Aujourd’hui, le Japon est partout présent sur les talons de la Chine.

A Taïwan où, ancien colonisateur, il a laissé un souvenir moins terrible qu’ailleurs en Asie ; en mer de Chine du sud, où sa marine élargit les patrouilles de ses bâtiments de guerre modernes avec les mêmes intentions que Washington de résistance aux prétentions de souveraineté de Pékin ; à proximité directe de la crise coréenne où, membre du dialogue à six, il abrite 54 000 militaires américains sur une multitude d’emprises dont 3 bases aériennes et 2 bases navales de premier rang.

Homothétique de celle de la Chine, l’influence de Tokyo est également sensible aux Philippines, au Vietnam, au Cambodge et au Myanmar où le Japon dispense des crédits, propose des coopérations et des équipements navals.

Rivalités stratégiques et risques de conflit.

Le 31 août dernier dans « The Diplomat » Kerry Brown, Directeur du Lau China Institute au King’s College de Londres analysait la sensibilité des relations sino-japonaises identifiés comme le plus sérieux problème stratégique en Asie. Enracinées dans 15 siècles de rivalités pour la prévalence régionale, marquées par la défiance et le mépris, les tensions resurgissent aujourd’hui avec une insistance préoccupante. Au Japon l’idée se propage que le pari d’ouverture à la Chine fut une erreur.

Non seulement la Chine n’a pas changé politiquement, mais elle n’a pas non plus développé des sentiments amicaux envers le Japon. Le viel empire est au contraire devenu ce que Tokyo redoutait le plus : Un pays puissant dirigé par un parti unique animé par la rancune et l’esprit de vengeance. Le plus préoccupant est qu’il développe une marine de guerre et une aviation qui semblent directement cibler les intérêts japonais en Asie.

Pour illustrer cette tension croissante qui dans l’effervescence nord-coréenne de l’anniversaire de Kim Il Sung et l’envoi d’une armada américaine au large des côtes de la pésinsule, passe inaperçue, Laurent Lagneau citait dans Asia-Pacfique une déclaration du 13 avril de l’amiral Katsutoshi Kawano. Le commandant en chef des armées japonaises signalait que, même durant la guerre froide, les interceptions d’avions chinois en approche de l’espace aérien japonais n’avaient pas atteint un tel niveau.

Depuis mars 2017, 1168 incidents ont en effet eu lieu, en augmentation de 33% en une année. Pour 73%, les nouvelles interceptions ont concerné des chasseurs chinois, dont les activités augmentent en fréquence et en durée. La zone la plus survolée est l’espace aérien des Senkaku (Diaoyutai) objet d’une violente querelle territoriale et la chaîne d’îlots qui relie Okinawa à Taiwan.

Evidemment toute cette agitation aérienne en limite de l’espace aérien japonais fait craindre un accident. En juillet 2016, Pékin avait affirmé que 2 F-15 japonais avaient verrouillé leur radar de tir sur 2 Sukhoi 30 chinois. L’incident n’est pas isolé.

Lire aussi :
- Incidents militaires aux abords de la Chine et du Japon.
- Chine - Japon : Une pente dangereuse.


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