›› Politique intérieure
Xi Jinping entre mise en garde répressive et volontarisme politique.
Lors de sa visite, dans l’ancienne colonie portugaise, Xi Jinping n’a pas abandonné le réflexe de mise en garde. Prenant le risque de provoquer un contrefeu crispé, il a dans son discours exhorté l’appareil policier à plus de vigilance et à ne pas hésiter à réprimer les « activités mettant en péril la sécurité nationale et le pouvoir du gouvernement central ou qui utiliseraient la R.A.S pour s’infiltrer en Chine à des fins de sabotage ».
L’autre face de son discours avait clairement pour objet de dessiner la perspective de Macao rivale de Hong Kong et de la rendre moins dépendante des jeux d’argent dont il faut rappeler qu’ils sont interdits sur le Continent et moralement condamnés et pourtant le moteur d’une véritable économie souterraine.
Perspectives de Macao. Une intégration fidèle à Pékin.
A son arrivée à l’aéroport, Xi Jinping a clairement exprimé l’intention de mettre les 2 anciennes colonies en concurrence sur le thème de la fidélité à la Chine : « Il est intéressant de résumer l’expérience et les caractéristiques de Macao dans la mise en œuvre fidèle “d’un pays, deux systèmes " ».
Une des modalités évoquée par la Commission de Réforme et Développement envisage de l’intégrer plus étroitement au projet de la « Grande baie de Zhuhai » par le truchement du rattachement de la zone économique spéciale de Hengqin. En arrière-plan, l’idée que le rapprochement territorial favorisera l’intégration de la R.A.S avec la région de Canton. Les détails du processus restent flous.
La Commission qui, à l’évidence exprimait l’intention politique de Xi Jinping sans en avoir étudié les modalités, n’a notamment pas précisé comment seraient définies les frontières de cette nouvelle entité territoriale 5 fois plus vaste que Macao.
Elle n’a pas non plus défini quel serait le système légal de ce nouveau projet dont l’ampleur téméraire semble avoir pour objet d’attiser un élan socio-économique capable de faire pièce à Hong Kong.
Du rêve à la réalité.
Dans Asialyst, Alex Payette faisait à plus court terme le point des changements en cours et prévisibles tout en relevant les difficultés qui attendent Pékin.
L’intention de Xi Jinping de créer à Macao une industrie financière concurrente en même temps qu’une bourse de valeurs en monnaie chinoise est, dit Payette, « un pari à haut risque pour une économie chinoise aussi fortement endettée ».
Outre le fait que les chances de décollage d’un centre financier en Yuan sont inexistantes (selon la banque des règlements internationaux, en septembre 2019, la part du Yuan dans les transactions globales n’était que de 4,3% contre 88% pour le $), Payette ajoute que, compte tenu de son histoire coloniale différente de celle de la R.A.S britannique, « Macao ne sera jamais Hong Kong, ni même un second Hong Kong. »
Surtout, dit Payette, le volontarisme politique basé sur l’illusion est dangereux : « La création artificielle d’une bourse à Macao en l’absence de demande réelle et d’une structure juridique et fiscale comparable à celle de Hong Kong, risque d’échouer, tout en faisant exploser les dettes des entreprises chinoises. »
Le dernier exemple en date des chimères du volontarisme politique est le faible succès des « contrats à termes » pétrolier chinois. Lire : Le Yuan, l’étalon Or et le pétrole. Décryptage d’un mythe.
A ce sujet QC rappelait il y a deux ans que la stratégie volontariste « se heurtait à plus de 40 ans de pratiques articulées à des prix du marché fixés en $ qui contrairement au Yuan chinois, est librement convertible »
A contre-courant, la longue vision à l’échéance d’un demi-siècle.
Alors que nombre de commentateurs glosent sur la mise aux normes chinoises de Macao, l’avocat sino-portugais Leonel Alves spécule au contraire sur la tendance inverse à l’échéance 2049.
« Je pense que d’ici le 50e anniversaire du retour de Macao, les systèmes juridiques dans différentes parties de la région de la grande baie auront largement convergé, et l’orientation générale sera vers une internationalisation accrue. »
Ainsi, tandis que la plupart des commentateurs notent le durcissement politique de la Chine, la prédiction de Leonel Alves fait le pari que la force du mouvement d’intégration économique produira une intégration politique dans un sens plus libéral.