›› Economie
A la fin août, la situation économique reste marquée par une confiance en berne, le freinage de la croissance, le ralentissement de la production industrielle, la contraction des investissements, notamment dans l’immobilier industriel et de logement avec, en arrière-plan, une inquiétude au sommet sur la stabilité financière du pays, objet de la note de situation du 10 juillet dernier https://www.questionchine.net/ralentissement-et-repliement-angoisse-financiere-et-morosite-de-l-opinion-au-milieu
Signe que les soucis, supervisés à la tête de l’État par He Lifeng, nº 13 du Bureau Politique, très proche ami de Xi Jinping, ne sont pas résorbés, le 15 août dernier Pan Gongsheng Gouverneur de la Banque populaire de Chine, nommé il y a un an, déclarait « La Chine se concentrera sur l’amélioration prudente des deux piliers de sa politique macro-économique » [NDLR : La valeur de sa monnaie et sa stabilité financière].
Dans le collimateur du Gouverneur, selon ses propres dires de la fin juin, lors du forum financier annuel de Shanghai, les risques liés à « L’asymétrie entre les [faibles] taux d’intérêt associés aux importantes détentions [et à l’avalanche des achats] d’obligations à moyen et long terme par certaines entités non bancaires ».
En arrière-plan encore, les désordres de la finance grise échappant au système bancaire et les effets pervers du marasme immobilier qui, ayant privé les épargnants de leur refuge plus lucratif que les banques publiques, les précipitent dans un mouvement d’achats grégaires d’obligations d’État peu rentables.
Alors que le mouvement moutonnier fait craindre un emballement dont le pouvoir s’alarme qu’il pourrait annoncer une crise financière systémique, la Banque de Chine a pris la mesure d’urgence de racheter en masse les obligations d’État, pour les revendre aussitôt, dans le but de mieux corréler leur prix avec la faiblesse de leur rendement réel.
En juillet, la Banque de Chine s’est également efforcée de réduire les spéculations de la finance grise en réduisant de dix points le taux directeur de l’emprunt à court terme et de vingt points celui des emprunts à moyen terme.
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Globalement, à l’exception du secteur électronique en hausse de 14,3 % en glissement annuel, la production industrielle s’est contractée. C’est le cas des industries lourdes communément associées à la construction, en baisse sur un an de 12,4% pour le ciment et de 9 % pour l’acier. La production de véhicules automobiles est également en baisse, ayant chuté de 2,4 % en glissement annuel (après avoir connu une croissance à deux chiffres en avril).
Quant au contraste entre les marqueurs de Caixin et ceux du BNS, révélé par notre article de juillet, il est en cours de réduction. L’Indice PMI des directeurs d’achat de Caixin a fortement chuté à 49,8 points contre 51,8 points, pour se rapprocher de celui du BNS à 49,4 points. En dehors du freinage insistant de la croissance industrielle, un des facteurs clé de la chute de l’indice PMI de Caixin est la baisse du nombre de nouvelles commandes, marqueur important du freinage économique.
Les données variables de l’investissement et du commerce de détail.
Les chiffres de l’investissement restent contrastés en fonction des secteurs. Globalement le freinage est toujours visible à moins 2,7 % en glissement annuel en juillet, mais son ampleur s’est réduite par rapport aux précédents indicateurs qui avaient atteint moins 4,4%
Logiquement, corollaire de la réduction du freinage passé de moins 6,1 % en juin à seulement moins 3,5 % en juillet, l’investissement des entreprises publiques continue de croître, dépassant celui du privé où, conséquence de la confiance en baisse, il reste hésitant à seulement + 0,9 % contre 1,9 % précédemment.
De même, des tendances divergentes subsistent en fonction des secteurs. L’investissement manufacturier est resté très fort – en hausse de 8,3 % en glissement annuel en juillet – tandis que la tendance au ralentissement des investissement d’infrastructure persiste avec une croissance de seulement + 2,0% en glissement annuel en juillet, contre + 4,6% précédemment.
L’investissement immobilier continue de se contracter pour le 29e mois consécutif, avec une tendance à l’accélération. En juillet, en glissement annuel, la baisse a été de 8,9% contre 7,4 en juin. Globalement, le marasme immobilier, talon d’Achille d’une économie qui peine à se reformer, persiste avec, en juillet, une baisse en glissement annuel de 24,4% des nouvelles mises en chantier et une contraction des ventes de 12,3 %.
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Le secteur de la consommation en faible croissance (+ 2,7 % en juillet contre + 2,0 % en juin) reste peu dynamique et signale une demande intérieure atone, dans un contexte général où l’inflation reste modérée à + 0,5 % en juillet, en légère hausse par rapport aux + 0,2 % en juin.
A noter cependant une remontée accélérée des prix du porc de + 20,4 % depuis avril 2024 et, dans une moindre mesure, de ceux des légumes frais en hausse de + 3,3 % signalant un net allègement des pressions déflationnistes, pesant sur l’économie depuis la sortie chaotique du confinement Covid-19 en 2022. (1)
Mais globalement la situation est encore loin de la vitalité économique de l’avant-Covid. Hormis l’augmentation du prix des carburants de 5,6 % en juin et de + 5,1 % en juillet, la majorité des prix des produits non alimentaires a stagné à + 0,8 % en juin et + 0,7% en juillet.
Note
1.- En janvier 2024, sur fond d’une sévère contraction de la demande, les prix à la consommation en Chine avaient chuté d’une ampleur record jamais vue depuis 15 ans. La baisse des prix alimentaires et notamment la baisse brutale de 17 % des prix du porc, de 12,7 % des produits frais et de 9,1 % des fruits ont été les principaux symptômes déflationnistes.
La chute de la dynamique de la croissance, principal ingrédient d’une baisse de la confiance, s’est nourrie de la secousse ayant déstabilisé le secteur immobilier entré en déshérence après les déboires d’Evergrande qu’un tribunal de Hong Kong avait mis en liquidation judiciaire le 29 janvier, plongeant des milliers de créanciers du groupe dans l’incertitude.