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Pour Kim Jong-un, Xi Jinping remet le couvert

La Chine entend bien rester dans la course d’une solution négociée de la question nucléaire nord-coréenne. Tel est le message envoyé par Xi Jinping, qui, les 7 et 8 mai, s’est affiché avec Kim Jong-un à Dalian.

Alors que Pyongyang et Pékin étaient en froid au point que, depuis son investiture, le 17 décembre 2011, « Kim le Troisième » n’avait pas mis les pieds à Pékin - les tensions entre les deux ayant atteint leur apogée le 13 décembre 2013 à l’annonce de l’exécution de Jang Song Thaek, oncle par alliance de Kim Jong-un et « tête de gondole » de la filière chinoise, (lire : Purge féroce à Pyongyang. Pékin exaspéré.) - le petit-fils de Kim Il-sung a effectué deux voyages en Chine en l’espace de 40 jours.

Accompagné de sa jeune sœur Kim Yo Jong, 31 ans, directrice du département de la propagande à qui les observateurs attribuent des qualités de diplomatie, abondamment photographiée lors des récente Jeux d’hiver en Corée du sud, Kim a rencontré le président chinois dans la ville chargée d’histoire de Dalian (Lüda en japonais) dont un des quartiers au bord du golfe de Bohai, à la pointe sud de la province du Liaoning, portait, au XIXe siècle le nom de Port Arthur, enjeu de la guerre russo-japonaise de 1905.

A côté des traces de l’histoire, Dalian (7 millions d’habitants) abrite aussi 11 universités, une base navale, port d’attache des sous-marins nucléaires stratégiques de la classe « Han » et le 3e chantier naval de Chine où se construisent les porte-avions chinois, dont le 2e en cours d’essais, de conception entièrement chinoise a été mis à la mer en 2017.

Kim exige la fin des « actes hostiles » et une réciprocité américaine par étape.

Après la rencontre, jalon intermédiaire entre la réunion à Panmunjom des deux chefs d’État coréens le 27 avril (lire Le sommet intercoréen du 27 avril 2018 Des symboles transformer en résultats concrets lors du sommet Trump-Kim.) et le sommet Kim Jong-un – Donald Trump dont la perspective occupe une bonne partie de la réflexion stratégique chinoise soucieuse de ne pas se laisser déborder, l’agence Xinhua a diffusé les points que le régime chinois place au sommet de ses priorités.

Au moment même où Washington, inflexible et provocateur, prenant le contrepied de tous ses alliés, se retirait de l’accord iranien et annonçait la reprise des sanctions contre Téhéran, Pékin appelait à la mesure et à la confiance réciproque.

Au sommet de cette liste des points clés identifiés par la Chine se trouvent le rappel de la position que Kim Jong-un a répétée à Xi Jinping, selon laquelle toute capacité nucléaire militaire nord-coréenne deviendrait inutile à condition que « les parties concernées » - artifice de langage désignant Washington et ses alliés de la zone, Séoul et Tokyo -, cessent « leurs actes hostiles  ».

Lors de sa visite surprise à Pékin, Kim Jong-un a, selon Xinhua, encore insisté pour que Washington accepte de prendre « à chaque étape  » et par réciprocité, des mesures répondant aux efforts de démantèlement de Pyongyang.

Limites de l’exercice américain.

Ces deux rappels fixent les limites de l’exercice Trump – Kim, dont il y a seulement une année, personne n’imaginait la possibilité. Ils laissent en effet présager une connivence Chine – Pyongyang dont la stratégie commune, usant du levier de la dénucléarisation et de la perspective d’un traité de paix, sera de réclamer en échange le démantèlement des alliances militaires jugées « hostiles » aux portes de la Chine et de la Corée du Nord et la fin des exercices conjoints.

Si on garde en mémoire l’actuelle inflexibilité de la Maison Blanche à l’égard de l’Iran, et le fait que les exercices conjoints avec Tokyo et Séoul assortis du parapluie nucléaire américain sont les épines dorsales de l’influence stratégique de Washington dans la région, on admettra que la probabilité d’une dissolution des alliances américaines en Asie du Nord-est est voisine de zéro.

Dans le meilleur des cas, elle ne pourrait être mise sur la table, et encore avec de très faibles chances de succès, qu’après une démantèlement « total, vérifié et irréversible  » de l’arsenal nucléaire nord-coréen, comme l’exige Washington.

La Chine modératrice, experte en ouverture économique.

En attendant et dans une perspective où elle s’appliquera – tout en répétant son soutien à la dénucléarisation – à se présenter comme un facilitateur positif face à la rigidité militariste de Washington, la Chine proposera un soutien économique à Pyongyang.

Principal atout de Pékin pour rester dans la course, vecteur de la reconstruction des liens distendus entre Pyongyang et Pékin, l’assistance économique chinoise visant à propager en Corée du Nord le modèle de l’ouverture insufflée à la Chine par Deng Xiaoping est depuis longtemps un objectif de la direction politique à Pékin. Jusqu’à présent ses résultats ont été en demi-teinte.

Enfin, signe que l’exécutif américain veut à sa manière rester en phase, alors que le 9 mai s’ouvrait à Tokyo le sommet trilatéral Chine – Japon – Corée du Sud interrompu depuis 2015, la Maison Blanche a fait savoir que D. Trump avait téléphoné à Xi Jinping après sa rencontre avec Kim.

Chacun constatera que la teneur de la déclaration de la Maison Blanche n’était pas exactement en harmonie avec l’état d’esprit de la direction chinoise exprimé par les dépêches de Xinhua.

Alors que l’agence Chine Nouvelle insistait sur l’exigence de réciprocité des concessions américaines en échange de la bonne volonté de Kim Jong-un, la Maison Blanche s’est contentée de rappeler que Pékin et Washington étaient d’accord pour que les sanctions continuent jusqu’au démantèlement définitif des programmes nucléaires et missiles de Pyongyang.


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