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›› Editorial

Réajustement de la politique chinoise au Moyen Orient

Pékin réagit au radicalisme de Téhéran

La visite en Chine du Premier Ministre Israélien Olmert, le 9 janvier dernier, faisait suite à la décision de Pékin, le 23 décembre 2006, de voter les sanctions contre l’Iran proposées par le Conseil de Sécurité, visant à l’empêcher de se doter d’un armement nucléaire. Ces deux événements accompagnent un réajustement de l’attitude de la Chine, jusqu’à présent opposée à une politique de pressions officielles contre l’Iran. Ils indiquent également sa volonté de s’impliquer plus avant dans les questions de sécurité au Moyen-Orient, y compris dans le conflit Israëlo-Palestinien [1]. La publicité faite autour de la visite du Chef du gouvernement israélien par les Chinois, le niveau de l’accueil et la qualité des entretiens, les réponses positives de Pékin aux sollicitations israéliennes qui demandaient à la Chine de faire pression sur Téhéran, sont autant d’éléments qui indiquent un rééquilibrage. Tant que Téhéran se contentait de révendiquer son droit au nucléaire civil dans le cadre du TNP, Pékin qui défendait une politique de non ingérence et de compromis, pouvait encore manoeuvrer à l’aise entre les inquiétudes d’Israel, la fermeté de Washington, les propositions de Moscou et les bonnes volontés européennes.

Mais depuis quelques mois la Chine constate le durcissement de la position de Téhéran qui rejette les mises en garde de l’ONU, accélère son programme de centrifugeuses, flatte les sentiments nationalistes de la « rue arabe », affirme ses ambitions de puisssance régionale en Irak et au Liban, manipule les organisations terroristes, nie le droit d’existence d’Israël et - dernière provocation en date - organise un séminaire réunissant le gratin des négationistes et révisionistes de la planète pour minimiser la Shoah. C’est peu dire que ces tendances radicales, hégémoniques et provocatrices, qui jettent l’anathème sur Tel Aviv et Washington, inquiètent la Chine. Celle-ci, sachant à quel point la question de l’holocauste est sensible en Occident, ne veut plus risquer d’apparaître comme l’allié indéfectible d’Ahmedinejad. Pour tout dire elle ne verrait pas d’un mauvais oeil son éviction, ce qui lui redonnerait une marge manoeuvre pour prendre le contrepied de Washington. Même en considérant ses intérêts pétroliers avec l’Iran - il est vrai très considérables [2] - Pékin qui cherche à répartir au mieux ses intérêts et les menaces qui pèsent sur eux, aurait en effet tout à redouter d’une radicalisation de l’Iran, mis au ban de la communauté internationale.

Dans la capitale chinoise on craint maintenant une aggravation de la situation au Moyen Orient, pouvant déraper vers un affrontement direct Iran - Israel, pour ne rien dire de frappes militaires américaines contre les sites iraniens, auxquelles la Chine est toujours fermement opposée. Quant aux sanctions, elles ont, selon le régime chinois, une valeur pédagogique et incitative, mais ne sont toujours pas une fin en soi. Telle est la nouvelle ligne de Pékin et le sens des mises en garde adressées à Téhéran. Elles ont été exprimées non seulement par Wen Jiabao, lors de la visite d’Olmert : « La résolution 1737 adoptée par tous les membres du Conseil de Sécurité unanimes reflète le consensus de la communauté internationale sur la question du nucléaire iranien » ; mais également le 10 janvier par Hu Jintao à Ali Larijani, le négociateur iranien venu à Pékin juste avant Olmert : « Nous espérons que l’Iran apportera une réponse sérieuse à la résolution 1737, qui exprime les préoccupations partagées de la communauté internationale à l’égard du programme nucléaire iranien ».

Note(s) :

[1En décembre dernier la Chine avait organisé à Pékin un séminaire sur la question israëlo-palestinienne. Cette rencontre faisait suite à des visites de plus en plus fréquentes des responsables chinois au Moyen Orient. La Chine qui parle à tout le monde y compris au Hamas et au Hezbollah, a même désigné un ambassadeur spécialement chargé de la question palestinienne (Wang Shijie ) qui s’est rendu dans la région en septembre 2006.

[2Mais Pékin a également des intérêts avec l’Arabie Saoudite qui fournit 17% des importations chinoises de pétrole (contre 13% venant d’Iran) et investit lourdement dans le secteur pétro-chimique chinois. Surtout, les très anciens et très discrets échanges sino-israéliens, qui remontent aux années 50, bien avant l’établissement des relations diplomatiques, recèlent d’importants transferts de technologies sensibles. Ces derniers furent parfois à l’origine de controverses avec Washington, mais la plupart du temps les Etats-Unis ont laissé faire et ils sont passés inaperçus. Entre autres, ils auront permis à Pékin de réaliser une partie de l’avionique compliquée et High-Tech du J 10, le chasseur multirôles produit par l’industrie aéronautique chinoise et récemment présenté à la presse.


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