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Une menace chinoise « hypersonique ? »

Plusieurs médias dont le Financial Times, reprenant des sources américaines, font état d’un récent test par la Chine d’un « planeur hypersonique orbital », sur lequel Pékin est d’abord resté très discret avant de démentir l’information.

Lancé en juillet dernier par un fusée Longue Marche, l’engin qui a évolué en orbite basse, a manqué une cible désignée pour l’exercice d’au moins une trentaine de kilomètres.

Quels sont les défis ?

Si elle était développée et mise en œuvre à grande échelle pour l’équipement standard des grands systèmes de force de la planète, l’arme changerait le paradigme de la riposte à une menace balistique.

Elle bousculerait en effet les actuels équilibres entre les unités anti-missiles et leurs radars de détection et de tir et, d’autre part les systèmes balistiques classiques dont les trajectoires sont prévisibles par le calcul. A la différence, ces armes hypersoniques évoluant dans l’espace proche et manœuvrables, seraient plus difficiles à cibler.

Pour autant, il convient de considérer avec prudence les analyses du Pentagone dont la tendance est, dans ce cas précis, de surestimer une percée militaire chinoise dont toutes les composantes sont pourtant bien connues.

Les premiers essais réussis russes et chinois datent de 2018. Les Chinois étaient jusqu’à présent restés discrets mais récemment Vladimir Poutine en parlait comme d’une arme « invincible et absolue ». Et voilà que, malgré les démentis, les médias de l’APL diffuse en boucle les essais d’un planeur baptisé « Ciel étoilé - 星空 - ».

Les américains ne sont pas en reste. En 2019, le Pentagone a passé un contrat d’un milliard de dollars avec Lookheed Martin pour en commencer la production. En France, en janvier 2020, la ministre de la défense F. Parly annonçait avoir passé la commande d’un « prototype démonstrateur » baptisé V-Max.

Démentis et dialectique de la menace.

Signe que la question est sensible, le 18 octobre, Zhao Lijian le porte-parole a nié que l’essai aurait été militaire. Selon lui, il s’agissait d’un test de rentrée dans l’atmosphère pour la mise au point d’une navette spatiale « réutilisable ».

La position officielle chinoise sur le sujet, énoncée par le porte-parole a été inscrite dans le compte-rendu journalier de la conférence de presse du Wai Jiaobu, suite à une question posée par Bloomberg qui évoquait l’article du FT.

Elle a été reprise et longuement commentée dans un article du Global Times. Au passage, l’article retournait l’argument et, sur un ton offensif, mettait en garde les États-Unis contre la tentation de militariser l’espace.

Il citait Wang Ya’nan, rédacteur en chef du magazine chinois de l’aérospatiale « 航空知识 – Connaissance de l’espace », basé à Pékin, « les États-Unis avaient déjà utilisé leur navette spatiale à des fins militaires, et considèrent également leur vaisseau X-37B comme un plateforme pouvant être armée »

« L’Occident dirigé par les États-Unis a souvent qualifié les percées technologiques chinoises de “militarisation“, car eux-mêmes considèrent les progrès des pays non occidentaux comme une menace. Mais leur but est de protéger leur hégémonie technologique. »

Réalités et surenchère dissuasive

Autant qu’on puisse le savoir, compte tenu de l’imprécision entourant ces informations niées par Pékin, la réalité serait cependant que la Chine aurait déjà développé un « planeur hypersonique », baptisé DF-ZF (pour 东风 Dong Feng) ou Wu-14 (Code OTAN).

Lancé en 2014, depuis la base de Taiyuan (Shanxi) par une roquette DF-17, il aurait atteint la vitesse de Mach 10 [1]. Dix-huit mois plus tard, la 2e artillerie testait la manœuvrabilité de la plateforme.

Ce qui est peut-être une réalité dont la nouveauté n’est cependant pas une rupture aussi décisive que le disent les médias, se double aussi d’une stratégie de surenchère de la menace à l’attention de Taïwan.

Alors que la reconquête de l’Île reste une priorité du régime chinois, ce dernier développe depuis plus de quinze ans la précision de ses missiles balistiques dont la mission serait en cas de conflit direct, de tenir à distance du Détroit l’aéronavale américaine et ses porte-avions.

Il est probable que l’introduction dans cette panoplie de riposte d’un missile plus difficile à cibler du fait de sa manœuvrabilité, pouvant de surcroît menacer le territoire américain, s’inscrit dans la stratégie générale de Pékin visant à désarmer psychologiquement la capacité de résistance des Taïwanais.

Il s’agirait de les contraindre à renoncer à leur projet de rupture séparatiste qui se développe à l’ombre de l’assurance que les États-Unis les soutiendraient quoi qu’il en coûte.

Note(s) :

[1Il faut relativiser ces vitesses en se souvenant que, dans l’espace, elles sont atteintes sans difficulté. Exemple la navette spatiale américaine « Discovery » évoluait dans l’espace sur une orbite comprise entre 185 et 650 km à une vitesse de 7800 m/s ou 28 000 km/h, soit Mach 23,5.


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