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Vaccination et stratégie du « zéro covid ». De la virologie à la propagande politique

Considérant la perspective des risques posés par le nouveau variant « Omicron », le gouvernement affiche sa détermination à augmenter le taux de vaccination. Pourtant il existe encore des hésitants qui protestent contre les pressions publiques pour les obliger à se faire vacciner.

Ils ne sont pas exactement des « anti-vax ». Beaucoup sont déjà vaccinés. Mais sur les réseaux sociaux se propage une récrimination contre l’alarmisme du pouvoir et sa décision de vacciner les seniors dont certains mettent en garde (sans réelles preuves) contre les effets secondaires des vaccins.

En septembre, la Commission Nationale de santé avait annoncé qu’un milliard de doses avaient été administrées, soit plus de 70% de la population. C’est un succès au moins quantitatif si on compare la proportion avec les 54% des États-Unis et les 60% de l’UE.

Mais neuf mois après le début de la campagne de vaccination des seniors de 60 ans et plus, 50 millions d’entre eux ne sont toujours pas vaccinés. Dans certaines provinces le taux des personnes âgées non vaccinées est inférieur à 50%. Parfois, alors que 90% des étudiants ont reçu plusieurs doses, chez les plus de 80, ils sont seulement 30%.

Le 30 novembre, lors d’une conférence de presse, Zheng Zhongwei 郑忠伟, responsable de la recherche médicale à la Commission de santé publique, constatant que les plus de 60 ans étaient moins vaccinés qu’au Japon ou aux États-Unis, répétait que les seniors seraient la priorité de la prochaine campagne de vaccination.

Après une première partie à la limite de l’alarmisme, « si nous n’accélérons pas la campagne de vaccination pour les 50 millions de séniors non vaccinés maintenant, ils causeront un énorme problème de société lorsqu’une épidémie se reproduira. » (…), suivie de « si l’épidémie se poursuivait, nos ressources médicales seront débordées », il s’est lancé dans une longue plaidoirie en faveur de la fiabilité des vaccins chinois, y compris pour les personnes atteintes de comorbidité.

Sans se douter que sa remarque pouvait être anxiogène pour les moins anciens, il ajoutait que, sur les 500 millions de doses de vaccins chinois administrées, les incidents avaient été plus fréquents chez les personnes plus jeunes.

A l’étage au-dessus, alors qu’en Occident l’illusion de l’éradication totale de la maladie a été abandonnée pour laisser la place à l’idée qu’il sera désormais nécessaire de cohabiter avec elle, se développe une polémique autour de la pertinence de la stratégie chinoise de « zéro covid ».

De fil en aiguille les arguments, rattrapés par les « caractéristiques chinoises » dérivent vers la compétition systémique Chine – Occident.

La forteresse chinoise du « zéro covid ».

La méthode chinoise est connue. Elle consiste à tracer massivement le virus et à confiner de larges portions de populations dont la vie est mise entre parenthèse jusqu’à la disparition des contaminations contrôlées par d’intenses campagnes de test.

Au moment de l’apparition du variant Delta, les successions de confinements à large échelle dans les régions les plus touchées, comme à Ruili à la frontière de la Birmanie restée en état de siège durant six mois, avaient suscité des réflexions suggérant de cesser les mises en quarantaine massives paralysant la vie de régions entières et d’accepter de coexister avec le virus.

Avec « Omicron » réputé plus contagieux ayant déjà contaminé quelques dizaines de Chinois, notamment en Mongolie Intérieure, dans le Heilongjiang, à Pékin et à Shanghai, la controverse est relancée. Mais la cause d’un relâchement de la stratégie du « zéro covid » n’a aucune chance de triompher. Pour au moins deux raisons.

La première est l’unanimité de la communauté des virologues chinois. Parlant d’une même voix, ils s’alignent sur l’avis de la Commission Nationale de santé considérant que la méthode chinoise pour éviter une résurgence massive de l’épidémie est toujours la meilleure.

L’avis s’appuie sur une étude du Centre de contrôle des maladies infectieuses rendue publique à la mi-octobre. Elle affirme qu’un relâchement du « zéro covid » au profit d’une stratégie plus souple acceptant l’idée d’une cohabitation avec la maladie aurait pour effet de favoriser l’explosion du nombre de cas.

Le risque, dit l’étude, est de dépasser le pic du printemps 2020, avec « un impact dévastateur sur le système de santé, pouvant causer un grand désastre » (lire : On Coexistence with COVID-19 : Estimations and Perspectives, pdf).

La deuxième raison derrière la prévalence de la stratégie du « zéro covid » est politique et se compare aux ratés occidentaux pour glorifier les « caractéristiques chinoises » et le système de gouvernement du Parti.

C’est ce qu’écrit Zhou Xinfa chercheur à l’Académie des Sciences Sociales : « Les difficultés des pays occidentaux pour mettre en œuvre des quarantaines efficaces, au cœur de leurs échecs, sont fondamentalement dues aux déficiences de leur gouvernance ».

Dans ces conditions où la stratégie du « zéro covid » est le marqueur politique et la preuve irréfutable de la supériorité du système politique chinois comparé aux insuffisances des démocraties, il n’y a pour l’instant aucune chance que le Parti desserre le corset des stricts confinements dès qu’apparaissent les premières craintes d’une contagion rapide.

D’autant que le succès de la politique anti-épidémie de Pékin est un de ses principaux leviers d’influence dans les pays en développement souvent autocrates, notamment en Afrique.


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