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›› Politique intérieure

Xi Jinping et Li Keqiang à couteaux tirés ? Un défi à la résilience de l’appareil

Dans les premiers jours de juin, les réseaux sociaux chinois se sont enflammés. Le sujet : une passe d’armes entre le président Xi Jinping et le premier ministre Li Keqiang à propos des vendeurs de rues. Le sujet paraît anodin. Il ne l’est pas.

A quelques semaines de la retraite annuelle du Bureau Politique à Beidaihe où seront arrêtées les principales promotions de la future direction politique en 2022, chacun fourbit ses armes et prépare la nomination de ses protégés. Les clans se forment, les alliances donnent de la voix, les projets politiques et les réputations s’affrontent.

Xi Jinping dont l’ADN politique est le retour de puissance de la Chine, a en ligne de mire les cérémonies de l’année prochaine qui célébreront le 100e anniversaire de la fondation du Parti à Shanghai, le 23 juillet 1921, dans la concession française.

A cet effet, il se prépare à hisser le grand pavois de l’appareil qu’il veut sans tâche, auréolé d’une image de modernité sociale et de succès économiques. Pour lui, dont l’idéal urbain est tiré au cordeau, ordonné, récuré et débarrassé des logements insalubres et dangereux, la réapparition des étals à la sauvette dans les rues de Chine est une régression.

Li Keqiang, en revanche, soucieux des effets de la secousse économique, conséquences de l’épidémie, a l’œil rivé sur la montée du chômage.

En comptant les migrants oubliés des statistiques officielles qui s’ajoutent aux licenciés, aux jeunes arrivés sur le marché, restés en rade et aux laissés pour compte des faillites, la proportion approche les 20%, très loin de l’affichage officiel de 5% .

Querelle des « vendeurs de rues » et lutte de pouvoir.

Voilà pourquoi le n°2 cherche avec une apparente bienveillance et peut-être des arrière-pensées politiques, à faire feu de tout bois.

Les vendeurs à la sauvette, pourquoi pas ?

Au demeurant, s’il est vrai que la kyrielle des étals ou des tapis à même les trottoirs vendent encore des colifichets, des bibelots hétéroclites ou des contrefaçons sans valeur, beaucoup d’autres se sont mis au goût du jour de la modernité. Il arrive souvent que les articles proposés par les vendeurs de rue d’aujourd’hui, férus de technologie, portent des codes QR que les acheteurs scannent avec leurs smartphones. En cas de problème, ils peuvent les tracer.

Sans compter que les marchands de rues peuvent être des hommes d’affaires flamboyants en herbe.

Le 11 juin dernier, sur Asia Nikkei en ligne, Katsuji Nakazawa expert de la Chine au journal, rappelait que deux des plus grandes fortunes de Chine Ren Zhengfei PDG de Huawei et Jack Ma, fondateur du géant du commerce en ligne Alibaba avaient commencé dans la rue.

Ironique, le Japonais ajoutait que, dans les années 80 et 90 les commerces de rues furent les premiers signes du surgissement en Chine de l’économie de marché alors que les grands groupes publics qui tenaient le haut du pavé étaient lourds et inefficaces.

Le 2 juin, Li Keqiang était à Yantai dans le Shandong. S’adressant au tenant d’une épicerie à la sauvette à l’entrée d’une résidence, il expliquait que si tout le monde se donnait la peine « de travailler dur  » l’économie survivrait et se renforcerait. Et le pays créerait plus d’espace pour le développement des affaires et des emplois.

Au Parti tout le monde n’est pas sur cette ligne. Et on aurait tort de croire qu’il ne s’agit que des vendeurs de rues.


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