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Brahmapoutre : la Grande Boucle du Fer à cheval

The big Horseshoe Bend (1e partie, 1/3)

En outre, ils ont su le faire par le « haut » (médecin « Persan » pour Burton, lama Bouhdiste pour Alexandra), gage ainsi d’une introduction et d’une protection auprès des puissants des pays visités. L’admirable René Caillé a tenté la même chose, mais, hélas pour lui, ce fut par le bas de l’échelle sociale, le glandu ! Il s’était fait passer pour un esclave affranchi, et son voyage à Tombouctou ne fut qu’un atroce martyrologe. Le malheureux ne s’en est pas relevé ; il est mort de déchéance physique deux ans après son retour, juste le temps de relater son exploit. Il en est un autre qui en a chié des ronds de chapeau, c’est l’Espagnol Cabeza de Vaca, chez les indiens du rio Grande au XVIe siècle. Il semblerait que les précurseurs qui se sont le mieux défendus soient les « coureurs des bois » français du Canada, trappeurs ou jésuites ayant jetés leurs chasubles aux orties, tout simplement pour avoir rompu avec leur concitoyens en prenant femmes indiennes et en allant vivre avec eux. Tout ça pour vous dire que la découverte des terres fut loin d’être une sinécure ; aux enfers végétal et minéral s’ajoutait l’hostilité des autochtones et l’aventure pouvait très bien se terminer dans la marmite !

L’invention du fusil à répétition et chargement par la culasse ainsi que la mitrailleuse calma vite les ardeurs des indigènes et assura la main mise de l’Europe sur la planète. Qu’on l’appelle impérialisme ou aventure coloniale, le fait est que la pax armée qu’elle soit Britannica ou Gallica a grandement facilité les voyages et les explorations. Ajoutez y l’extraordinaire développement des moyens de déplacement et l’on peut avancer qu’à l’heure actuelle, au temps des photos satellites et des repérages GPS, il ne reste pas un seul mètre carré de notre petit pamplemousse qui n’ait pas été foulé par « le pied de l’homme ».

Il y eut quelques grands morceaux de bravoure généralement accomplis en descendant ou en remontant les grands fleuves ; l’exploration des sources du Nil, par Burton et Speke, la descente du Congo par Stanley, la remontée de l’amazone par Francisco de Orellana, la traversée du continent Nord Américain en remontant le Mississipi par Lewis et Clark, envoyés par le président Jefferson (rendez vous compte qu’au retour ils furent stoppés pendant 3 jours et 3 nuits par un troupeau de bisons qui traversait le fleuve !) .

Depuis que je scrute scrupuleusement l’atlas universel Rand Mac Nally (le plus complet et celui qui représente le mieux le terrain ), j’ai beau fouiller la Terre, je ne trouve aucun endroit vierge, même les endroits les plus inhospitaliers ont été foulés et fouillés ; Scott, après Amundsen, est allé rendre l’âme à deux pas du pôle Sud, Przewalski a traqué les derniers chevaux sauvages aux confins de la Sibérie, l’Everest est une décharge publique. On en vient maintenant à racler les fonds de tiroirs, on s’insinue dans les entrailles de la Terre en suivant des réseaux souterrains, on descend dans les cratères de volcans, on scrute les fonds marins à la recherche d’épaves remplies d’or, et de cités englouties... on fait n’importe quoi pourvu que ça provoque des décharges d’adrénaline, on est allé jusqu’à descendre en raft les chutes d’Inga sur le Congo, mais on en est pas revenu (Dieudonné) ! Alors quoi, vraiment rien, aucune chance, pas le moindre espoir, pour un pauvre petit Terrien, d’avoir son coin vierge, de chérir un fantasme de région inexplorée ?

Eh si, bien sûr, si je vous ai fait languir si longtemps, c’est qu’il y a quelque chose... et ce quelque chose, je vais enfin vous le dire, c’est la grande boucle du Brahmapoutre ! Eh oui, foutre de foutre voilà plus de 20 ans que je fantasme sur la grande boucle du Brahmapoutre. Et pourquoi la boucle du Brahmapoutre ? Parce que, pour un potamologue c’est le spot sur notre planète. Pensez, ce fleuve qui prend sa source aux confins nord-ouest de l’Himalaya Tibétain, où dans un cercle de cent kilomètres se trouvent également les sources des fleuves mythiques de l’Inde que sont le Gange, l’Indus et le Sutlej, ce fleuve, dis-je, après un parcours « horizontal » de près de 1400 kilomètres sur les hauts plateaux du Tibet, va percer l’extrémité orientale de la chaine himalayenne, infléchir son cours selon un axe nord-sud, inonder les basses plaines du Bengladesh pour s’immerger, enfin apaisé, dans le golfe du Bengale.

Et tout ça dans une des régions les plus fantastiques et les plus mystérieuses du globe sur le plan hydrographique, où, sur une distance de 500 km et une largeur d’à peine 100 km se dessinent les cours parallèles de trois parmi les plus grands fleuves d’Asie ; la Salween qui se jette dans le golfe du Bengale, près de Rangoon, le Mékong qui arrose Saigon, et le Yang tsè Kiang (Yang Ze Jiang) ce fleuve bleu de la Chine éternelle qui va déverser ses limons dans la mer de Chine à Shanghai.


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