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La santé du Parti et la force déstabilisatrice d’internet

« Méfions nous de la force démoralisatrice d’internet ». Tel était le titre d’un article du journal Qiushi 求实- quête de vérité - édité par l’Ecole du Parti paru le 16 juin dernier. La charge venait de Liu Yunshan, grand maître de la propagande et Directeur de l’Ecole du Parti pour qui le net et les réseaux sociaux sont devenus le plus grand obstacle à la diffusion des slogans et à la manipulation de la pensée et des foules.

Les réseaux sociaux ont en effet graduellement favorisé la création d’un espace où s’expriment parfois vertement les opinions très critiques contre le gouvernement que les caciques du Régime ressentent aujourd’hui comme une menace directe contre la légitimité du Parti.

Moins de deux mois plus tard l’agence Chine Nouvelle publiait également un article alarmiste sur l’impact pernicieux et subversif des réseaux sociaux. Le raisonnement qui s’appuyait sur un amalgame avec le sort qui frappa l’URSS après 1989, mettait en garde non pas contre les risques pour le Parti Communiste Chinois, mais contre les périls qui guettent la Chine elle-même.

Cette succession d’alertes venant du plus haut niveau de la machine politique du Régime suggère le poids rémanent des conservateurs que les réformes politiques effraient puisqu’elles bouleverseraient le schéma gaspilleur des prébendes. Elle pose la question de la résilience du Parti Communiste à la tête de la Chine et de manière connexe, celle de la capacité du Régime à engager une réforme politique de fond.


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Par Philippe Neyroud Le 25/08/2013 à 17h53

La santé du Parti et la force déstabilisatrice d’internet.

De retour de 4 annees au Vietnam, votre article, une fois encore tres convaincant de documentation et d’analyse, m’inspire ce commentaire.

Lors d’une reunion au sommet des gouvernements chinois et vietnamien en debut 2013, il en est ressorti, par voie de presse, qu’un accord avait ete signe pour que le Vietnam puisse profiter de la large expertise de la Chine dans la « maitrise » des blogs, Medias sociaux et autres Internet. Une belle unite dogmatique qui faisait contrepoids alors aux nouvelles peu rejouissantes du conflit larve quant a la souverainete des iles Spratley et Paracelse, alimente par la haine historique que se vouent ces 2 voisins.

Depuis lors, le nombre de bloggeurs et internautes harceles, blesses voire morts, emprisonnes et condamnes au pays de l’Oncle Ho a suivi une courbe aussi impressionante que celle de l’inflation ou du nombre de repressions abritraires liees a des droits fondamentaux : a fin juin 2013 les chiffres 2012 avaient deja ete depasses, s’inquietait alors Human Rights Watch.

L’analyse peut encore s’enrichir de l’effet d’annonce datant de la semaine derniere : le Vietnam s’apprete a promulguer une loi interdisant l’usage de messages prives comme publics sur des plateformes sociales et des applications gratuites, sous pretexte du tort commercial que ceci apporte aux oprateurs majeurs du pays, tous controles par l’Etat ou son bras cousin, l’Armee.

La similitude entre les politiques chinoise et vietnamienne, si elles emanent d’une vision reactionnaire anxieuse de la preservation du dogme, des avantages des prebendes et du controle d’une pensee unique, n’en sont pas moins remarquables a plus d’un titre : leur proximite geographique (meme si les 2 voisins s’affrontent perpetuellement sur d’autres terrains), leur proximite dogmatique (meme si la revolution maoiste et la revolution viet cong trouvent leur source ailleurs), montrent au monde que subsistent encore, dans 2 pays consideres comme attractifs pour les occidentaux autant sur le point de vue economique que culturel, un obscurantisme auquel pourraient bien applaudir des nations pourtant bannies, elles, pour leurs relents de stalinisme despotique comme la Coree du Nord ou la Bielorrusie.

J’y vois un certain paradoxe de l’Occident, et l’avertissement pour l’heure sans frais d’un Extreme-Orient et de pres d’1.5 milliard d’humains, pour faire un contrepoids de taille a ce que nous, et j’en fais partie, considerons comme un acquis majeur de ce debut de 21e : la revolution Internet.

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