›› Editorial

Le 1er octobre dernier, la Chine a célébré sa fête nationale et le 70e anniversaire de l’avènement du Parti au pouvoir avec un faste et un étalage de puissance inédits. Un passage du discours de Xi Jinping, le secrétaire général du Parti en dit long sur le sens de revanche sur l’histoire que le régime donne à l’épisode. « Ce grand événement marquant la renaissance de la Chine s’inscrit en contraste avec destin misérable de la Chine, qui pauvre et affaiblie, fut victime de brimades et d’humiliations durant plus de 100 ans après l’avènement de l’ère moderne ». Ayant bien compris que cette trajectoire qui garde un œil sur les outrages qu’ils infligèrent au vieil Empire, tourne désormais le dos à leurs valeurs, les Occidentaux en nourrissent une inquiétude. Celle-ci est aggravée par les quêtes territoriales de Pékin et ses prétentions nouvelles à l’universalisme.
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La puissante parade militaire du 1er octobre a adressé au monde le signal ambigu d’une Nation affirmant sa volonté de paix au milieu d’une extraordinaire démonstration de puissance. Alors qu’au-dessus de la place Tian An Men s’envolaient 70 000 colombes de la paix, la première page du Quotidien du Peuple montrant le n°1 du Parti en col Mao militaire, reprenait le nouveau slogan du régime déclarant ouverte une « nouvelle ère de luttes – 奋斗新 时代 ».
Le sinologue américain Lucian Pye, professeur au MIT, décédé en 2008 écrivait que la Chine était « une civilisation prétendant être un État ». Aujourd’hui le régime exprime crânement la synthèse entre d’une part la culture des « caractéristiques chinoises » affirmées au 19e Congrès exprimant une civilisation rejetant les « valeurs universelles » de l’Occident démocratique et, d’autre part, la prévalence d’un État centralisateur et normatif, dilaté en un nationalisme sourcilleux.
Attisé par une intense propagande, l’orgueil national s’était exprimé par la voix de Xi Jinping, lorsque, le 28 mars dernier, à l’Élysée, face à E. Macron, J.C. Junker et A. Merkel qui tentaient un exercice de solidarité européenne, le 1er secrétaire avait rappelé que la Chine avait accompli en seulement 40 années ce que les pays occidentaux avaient mis trois siècles à réaliser.
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Ce 1er octobre, 70 ans après que Mao ait, du haut du balcon de la Cité interdite, triomphalement proclamé l’avènement de la Chine communiste, le n°1 du Parti a repris les paroles du « Grand Timonier » célébrant la création de La République Populaire « 中国人民共和国 成立了 » et le réveil du peuple chinois « se tenant debout – 中国人民 站起来了- ».
Il y a ajouté l’esprit de résistance face aux vents adverses auxquels les ambassadeurs de Chine sont souvent confrontés dans le monde occidental, déclarant « qu’aucune force ne parviendra à ébranler le statut de la grande patrie chinoise et les progrès futurs du peuple chinois –没有任何力量能够撼动我们伟大祖国的地位, 没有任何力量能够阻挡中国人民和中华民族的前进步伐. »
Note sur les nouveaux équipements

Le drone armé « LI Jian 利 剑 – sabre tranchant » lors du défilé du 1er octobre. L’équipement fait entrer la Chine dans un domaine où jusqu’à présent les États-Unis tenaient le haut du pavé. D’une longueur totale de 10 m, avec une envergure de 14 m ce drone furtif supersonique capable d’emporter 2 tonnes de missiles possède une autonomie lui permettant de rester sur zone indéfiniment d’un ravitaillement de carburant à l’autre.
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Dans un message clairement adressé à Washington, Pékin a présenté un assortiment de ses armes les plus sophistiquées, allant des missiles balistiques intercontinentaux capables de frapper les États-Unis aux drones furtifs en passant par les avions de combat de dernière génération.
La parade du 1er octobre a rassemblé 15 000 hommes défilant au pas de l’oie, 580 unités de combat et 160 aéronefs. Parmi les équipements ayant défilé, citons :
Le missile DF-17 (DF pour Dong Feng 东风 – vent d’est) embarque un véhicule hypersonique ultramoderne qui rend les missiles presque impossibles à intercepter.
Le J-20 qui a survolé le défilé, est le chasseur de combat chinois le plus récent et le plus avancé. Avion furtif de cinquième génération, sa mise en service toute récente témoigne de la modernisation rapide des forces armées et des capacités de production de l’industrie aéronautique chinoise. Lire : L’aéronautique mondiale à Zhuhai.
Le Harbin Z-20 est un hélicoptère polyvalent de transport inspiré du Black Hawks américain UH-60.
Le Drone Lijian 利剑 (sabre tranchant), conçu par l’Institut Aéronautique de Shenyang et fabriqué par Hongdu Aviation Industry Group Ltd. 洪都航空工业集团) est un équipement aéronautique sans pilote qui fait entrer la Chine dans un domaine jusqu’à présent dominé par les États-Unis.
D’une envergure de 14 m et capable de transporter une charge utile similaire à celle d’un avion tactique avec équipage, il est doté de plusieurs munitions guidées d’une tonne et d’un système de guidage par satellite permettant des missions de combat ou de reconnaissance avec un rayon d’action 4 fois supérieur à celui d’un chasseur de combat. Aux pannes techniques près, sa capacité à durer sur zone est illimitée, grâce à ses aptitudes au ravitaillement en vol.
Le H-6N qui a également survolé le défilé militaire est un bombardier stratégique à long rayon d’action de 12 000 km. Conçu pour transporter des missiles balistiques anti-navires, il est capable d’intervenir depuis n’importe point de l’est de la Chine sur la totalité du théâtre de la mer de Chine du sud et de revenir à sa base sans ravitaillement. Son successeur le H-20 est en cours de mise au point.
Le DF-100 est un missile de croisière supersonique capable de frapper des cibles à longue distance.
Le DF-41 est l’un des missiles intercontinentaux existants ayant la plus longue portée au monde, capable de transporter plusieurs ogives nucléaires et de frapper n’importe quelle cible aux États-Unis.