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Les réfugiés de guerre ne sont pas les bienvenus

Dans sa version en ligne du 29 juin, « Perspectives chinoises » (Revue du Centre d’Etudes Français sur la Chine contemporaine), signale les réticences des internautes à accueillir des réfugiés venant des zones de guerre du Moyen Orient. Le 20 juin dernier, « Journée des réfugiés – World refugee day - » établie en 2000, l’appel de l’ONU pour la solidarité avec les populations réfugiées retransmis par plusieurs médias nationaux chinois a provoqué une effervescence sur les réseaux sociaux.

La controverse portait sur le fait de savoir si la Chine devait ou non accueillir des populations réfugiées fuyant la Syrie et l’Irak. A un sondage en ligne lancé sur Weibo par un abonné, touchant 150 000 internautes, plus de 97% ont répondu par la négative.

Le même sondage effectué par la Ligue de la jeunesse de la province de Canton a donné des résultats similaires. Sur Weibo un article vite effacé par la censure développait des arguments nationalistes accusant les pays occidentaux de manipuler les Chinois pour éponger des problèmes qu’ils avaient eux-mêmes créés. 欧美 搞 出来 的战争 让 中东 人民 流离 失所 家破人亡 就 让 欧美 国家 负责et appelait avec véhémence à condamner les centres de recherche qui suggéraient d’ouvrir la Chine aux réfugiés. 强烈 谴责 给 政府 出 这 种 搜 注意 的 智囊 团队.

Les réfugiés sont l’affaire des Occidentaux.

Il continuait en dénonçant l’ostracisme dans lequel l’Europe et les États-Unis tenaient la Chine, mettant son économie sous pression, ne reconnaissant pas qu’elle s’était adaptée au marché, tout en lui demandant malgré tout d’accueillir des réfugiés. 欧美 一边 压缩中国 的经济 的 地位 和贡献 一边 却让 中国 接受 难民, 连 一个 市场 经济 地位 都 不承认。Puis vint l’énumération des risques posés par les réfugiés à la fois charge supplémentaires pour les services sociaux et menace contre la sécurité.

« Nous n’avons que faire de ceux qui, ayant abandonné leur famille, viennent profiter de nos services sociaux tout en commettant des vols et des viols. Et nous ne voulons pas vivre comme en Europe dans la crainte des attaques terroristes ». Et cette question empreinte d’une ironie cynique : « Est-il raisonnable que la Chine, accusée par l’Europe et les États-Unis de ne pas respecter les droits des individus, soit, sans la moindre honte « 无 耻到极点 », tenue d’accueillir des réfugiés ? ».

L’effervescence des réseaux sociaux avait été initiée par les émissions des TV chinoises relayant un reportage de l’UNHCR sur la misère des dizaines de milliers de réfugiés fuyant les combats du Moyen Orient et interprétés par les internautes chinois comme une préparation de l’opinion à l’accueil des fugitifs.

La réprobation en ligne avait même ciblé l’actrice Yao Chen, ambassadeur en Chine du Haut Commissariat aux réfugiés critiquée par quelques uns de ses 80 millions de « fans » sur Weibo, au point qu’elle avait du fermer les commentaires sur sa page.

Shi Yinhong politologue à l’Université du Peuple concède que, sur ce plan, la société chinoise est restée très conservatrice et psychologiquement réticente à accepter des réfugiés. Tandis que la politique officielle de la Chine est plutôt de participer à l’action internationale pour stabiliser les régions en proie au chaos.

Montée de l’islamophobie.

Mais l’analyse manque une partie de l’image. Depuis quelques années un flot de haine islamophobe envahit les réseaux sociaux. Récemment la région de Hefei a vu des menaces contre un Imam et de violentes réactions populaires contre la construction d’une mosquée à Nangang ; ailleurs la mise en ligne de la vidéo d’une jeune fille récitant le Coran a suscité des commentaires outragés ; des internautes s’insurgent contre les coutumes de sacrifice d’animaux entourant la pratique du Halal.

Au-dessus plane la crainte du parti idéologiquement athé d’une résurgence religieuse qui, au Xinjiang, se double d’une revendication politique identitaire. Les campagnes virulentes des autorités contre les signes extérieurs de leur foi arborés d’autant plus ostensiblement par les Ouïghour qu’ils sont persécutés, contribuent à nourrir une alchimie néfaste qui se répand de proche en proche par le net.

En 2014, la condamnation à la prison à vie de l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti accusé de « séparatisme » pour avoir créé un site internet de débat sur les tensions ethniques au Xinjiang a peut-être constitué l’événement accélérateur d’un cycle malsain déclenché en 2009 par les très violentes émeutes contre les Han à Urumqi. Lire : Condamnation à la prison à vie d’un intellectuel ouïghour.

L’intérêt national séparé de la morale humanitaire.

Plus largement, dans la réflexion stratégique chinoise, les considérations humanitaires et morales sur les réfugiés qui ne sont pas inexistantes, cèdent toujours le pas à celles sur les intérêts directs du pays.

Au Nord-Est, régulièrement confronté à des réfugiés nord-coréens, le gouvernement qui les considère comme des migrants économiques, les renvoie presque systématiquement dans leur pays où ils courent le risque d’être torturés et exécutés publiquement. Le 24 juin dernier, l’ONG Human Rights Watch a adressé une lettre ouverte au président Xi Jinping pour lui demander de ne pas renvoyer chez eux 5 citoyens nord-coréens appréhendés à la mi-juin à Shenyang.


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