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›› Chronique

Mer de Chine et ASEAN, enjeux de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis

Manille et Hanoi sur la sellette.

La succession des déploiements chinois qui sont autant de « tests » de la volonté de Washington de confronter Pékin, s’est accompagnée d’une très nette augmentation des pressions chinoises sur Manille et Hanoi.

L’ombre portée chinoise a été ponctuée par une déclaration de Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères qui, le 17 mai, s’adressant au Vietnam accusé par Pékin d’empiéter sur les droits d’exploration chinois à l’intérieur de sa « ligne en 9 traits », rappelait que « personne n’était autorisé à se livrer sans autorisation de Pékin à des recherches d’hydrocarbures dans les eaux chinoises ».

Aux Philippines, les reportages des nouveaux déploiements chinois font la une de l’actualité et ont relancé le débat entre « faucons » partisans d’un durcissement à l’égard de Pékin et les « colombes » alignées sur la position plus accommodante de Rodrigo Duterte.

Pour les pessimistes philippins, l’allongement de la main chinoise risquait de soumettre les lignes logistiques des « petits voisins » de la Chine au bon vouloir de Pékin. La mouvance militaire toujours proche de Washington, et à sa tête le Ministre des armées Delfin Lorenzana, rappelle que Pékin, dont on attend toujours les propositions concrètes pour un « code de conduite », avait toujours promis de ne pas militariser les ilots.

Alors que l’opinion exige un durcissement de la ligne, à Manille le sénat a lancé une enquête ayant d’abord pour but de gagner du temps - la Présidence restant par la force des choses et le déséquilibre de puissance face à la Chine, sur une ligne plus accommodante avec Pékin -. Mais depuis le début 2018 Washington a décidé de s’en mêler.

Le 10 janvier dernier, Sung Kim, l’ambassadeur américain d’origine sud-coréenne en poste à Manille depuis novembre 2016, avait déjà exprimé l’intention de Washington de ne pas abandonner la région. Récemment dans une conférence de presse remarquée, il a fait part des inquiétudes américaines face à « la militarisation unilatérale et agressive de la région par la Chine. »

A la Maison Blanche, le ton est encore plus alarmiste mettant en garde la Chine contre les « conséquences de court et long terme de ses actions, si elle ne modifiait pas son attitude ». Le Pentagone a repris les alertes par la voix de l’Amiral Davidson, futur Commandant en Chef du pacifique (PACOM). S’exprimant au Sénat, le successeur de l’Amiral Harris nommé ambassadeur en Australie, estimait que la militarisation des ilots contestés constituait « un sérieux défi pour les États-Unis. »

Pour autant, à Manille, le doute subsiste sur la volonté réelle des États-Unis de confronter militairement la Chine, ce qui, in fine, place l’archipel aux besoins en énergie toujours croissants à la merci des réclamations chinoises, dont les prétentions sur le haut fond de Reed n’ont pas varié. Dans ce contexte, Manille n’aura d’autre choix que de rechercher un développement partagé des ressources, aux conditions chinoises.

Lire : Mer de Chine du sud. La carte sauvage des hydrocarbures. Le dilemme de Duterte.

Note (mise à jour le 30 mai).

Sous la pression de l’opinion publique, la bienveillance initiale à l’égard de la Chine de Rogrigo Duterte est peut-être en train d’évoluer. Le 28 mai lors d’une cérémonie au ministère des Affaires étrangères, le Ministre des AE Peter Cayetano, répondant aux reproches d’une trop grande connivence de Manille avec la Chine, a affirmé que le président Duterte irait en guerre si la Chine franchissait la ligne rouge de s’approprier unilatéralement les réserves d’hydrocarbures de la mer de Chine du sud.

Il a cependant tempéré son discours en accusant sans la nommer la marine américaine de conduire des patrouilles avec ses navires de guerre, installant elle aussi une forme de militarisation de la Mer de Chine du sud.

Le dilemme énergétique vietnamien.

Pour le Vietnam, dont l’histoire récente rend le rapprochement avec le contrepoids américain à la Chine plus délicat, la voie est encore plus étroite. Dans un récent article paru dans East Asia Forum, Bill Hayton, journaliste à la BBC, diplômé de Cambridge, explique que, récemment, Hanoi a sous les pressions chinoises renoncé à deux projets d’exploration majeurs au large de Vung Tao (Cap Saint-Jacques du temps des Français).

Le dernier en date, découvert en 2009, porté par Petro Vietnam, Mubadala (Abu Dhabi) et l’Espagnol Repsol (51,75% des parts) est celui du champ pétrolier et gazier « Ca Rong Do » (dit de « l’Empereur Rouge »), dans le Bloc 07/03. Couvrant 4915 km2, et situé à 440 km des côtes (237 nautiques, donc hors ZEE vietnamienne, contrairement à ce que disent les médias), il a été déclaré économiquement viable en 2013. Mais Pékin qui considère le gisement à l’intérieur de sa ligne en 9 traits démarquant les eaux chinoises, s’oppose à l’exploitation du gisement et menace.

Depuis plus de dix ans, la Chine déploie un éventail de pressions dirigées d’abord contre les sociétés d’exploration et les groupes pétroliers comme BP et Chevron, suggérant des représailles contre leurs intérêts en Chine ; Les intimidations s’exercèrent ensuite contre les bâtiments de recherche vietnamiens dont les câbles d’acquisition des données sismiques furent sectionnés en 2011 et 2012). Enfin, en 2017 Pékin menaça d’attaquer militairement les positions vietnamiennes sur le haut-fond de Vanguard, à 235 nautiques des côtes, partie du gisement de Ca Rong Do.


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