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›› Chronique

Péninsule coréenne. Brutal dégel entre Pékin et Pyongyang

Pékin manœuvre pour revenir dans le jeu.

Alors que depuis les JO d’hiver à Pyeongchang la situation s’était décrispée autour des contacts sud-coréens à Pyongyang et de la nouvelle d’un possible sommet Trump – Kim Jong-un, c’est Pékin, courant le risque d’être marginalisé au milieu des réajustements diplomatiques en cours dont cependant personne ne peut prévoir l’issue qui, selon Xinhua, prit l’initiative d’inviter Kim Jong-un.

L’épisode a mis sous le boisseau les récentes remarques du Président chinois ayant décrit les provocations militaires de Kim Jong-un comme « une menace pour la sécurité de la Chine. »

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Rappelons que la visite a eu lieu après une longue suite de tensions entre Washington et Pyongyong autour de 16 tirs missiles dans la seule année 2017 et trois tests nucléaires en huit mois, entre le 6 janvier 2016 et le 3 septembre 2017, le tout émaillé de menaces et d’insultes réciproques. La tension est momentanément retombée quand, le 9 mars, le président américain a par un « tweet » accepté l’offre de dialogue de Kim Jong-un.

Dans le même temps, Pékin, mis sous pression par Washington et de plus en plus embarrassé par la détermination de Kim Jong-un à accéder au statut de puissance nucléaire, a non seulement signé comme à son habitude les résolutions des NU condamnant Pyongyang, mais également augmenté l’efficacité de ses sanctions directes, acceptant pour la première fois de suspendre les livraisons de charbon et de pétrole – il est vrai à chaque fois pour seulement un mois -, respectivement en février et juin 2017.

En septembre 2017, la presse chinoise rendait même compte du blocage des comptes de clients nord-coréens par la Banque pour l’agriculture et la Banque des constructions (Nongye Yinhang 农业银行 et Jianshi Yinhang 建设银行行).

Enfin, tout en restant attentif à ne pas menacer la survie du régime - ses pressions épisodiques étant plus des coups de semonce que de véritables embargos (90% du commerce extérieur de la Corée du Nord se fait toujours avec la Chine) – Pékin continue à affirmer comme Washington et Séoul sa détermination à dénucléariser la péninsule.

En arrière plan la rivalité sino-américaine.

Le dégel qui marque le premier voyage de Kim à l’étranger, replace Pékin dans le jeu, il est vrai seulement à la marge, puisqu’il n’est pas prévu que la Chine participe à aucun des sommets entre Pyongyang, Séoul et Washington.

Il reste qu’au-delà de faciliter l’information de Pékin sur le déroulement de la prochaine rencontre Kim - Trump, le ton de la reprise des contacts bouleverse les lignes récentes de l’ostracisme infligé au régime nord-coréen, lui-même peut-être d’abord animé par le souci de ne pas rester isolé face à D. Trump. Par ailleurs, le nouveau style accommodant de Kim Jong-un, résultat hypothétique des sanctions que les historiens analyseront quand la poussière sera retombée, pourrait s’expliquer par le besoin d’une aide économique d’urgence.

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Surtout la manœuvre chinoise à laquelle s’est prêté Kim Jong-un, offrant par symétrie une ouverture à Xi Jinping, après l’avoir accordée à Donald Trump, rebat les cartes des relations Nord-sud et sino-américaines. Elle oblige désormais Washington à surmonter ses méfiances et à concéder des gestes d’apaisement, sauf à risquer d’apparaître, après en avoir été un des ferments controversés, comme le fossoyeur d’une opportunité inédite de paix sur la péninsule.

Enfin, on ne peut s’empêcher de penser que l’actuelle montée des tensions entre Pékin et Washington à propos de la mer de Chine du sud, de Taïwan et des droits de douane infligés à la Chine par la Maison Blanche aura joué un rôle dans la volonté de Xi Jinping de s’extraire d’un face-à-face réducteur avec Donald Trump dont à Pékin, au-delà des discours convenus sur la contribution chinoise à la paix, chacun voit bien que le commerce peut être, par ses outrances et ses provocations, à la fois iconoclaste et délétère pour la prévalence chinoise en Asie du Nord-est.


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