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La BYD Atto 3, 43 690 € (hors bonus CO2) pour la version de base (Active) auxquels il faut rajouter 3 000 € pour le haut de gamme. Malgré un habitacle soigné, et une allure générale très adaptée au marché européen, sa tenue de route n’a pas totalement convaincu les testeurs français de l’Automobile magazine. Lire : BYD Atto 3 : essai d’une chinoise électrique... que l’on ne recommande pas !.
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Au cours de trois derniers mois de 2023, les ventes mondiales de véhicules tout électriques du Chinois BYD (Build Your Dream « 比亚迪 ») ont dépassé celles de Tesla avec plus de 500 000 unités vendues contre seulement 480 000 par l’américain.
En dix années, le chemin parcouru par la société de Wang Chuanfu 王传福, chimiste de formation, 58 ans cette année, dont les premiers pas industriels furent en 1995 une petite entreprise de batteries rechargeables, est spectaculaire.
Soutenu par Warren Buffet (lire notre article de mai 2009 : Le rêve chinois de Warren Buffet), il a surmonté tous les obstacles technologiques et politiques y compris une accusation par Human Rights China pour cadences infernales.
Pour l’instant, il triomphe de ses puissants concurrents occidentaux bien plus connus que lui. En 2023, ses profits nets ont atteint 4,2 Milliards de $, soit une augmentation de 80% par rapport à 2022.
La croissance rapide de BYD est à la fois le symbole de l’esprit d’entreprise des Chinois et celui de l’essor de l’industrie des véhicules électriques en Chine. Et grâce au fort soutien du gouvernement la transition vers les véhicules électriques est rapide.
Plus encore, au grand dam des marques européennes comme Mercedes, Volkswagen et Renault, les constructeurs chinois ont affirmé leur présence en Europe (lire : L’offensive des véhicules électriques chinois) au point que l’UE a, le 4 octobre 2023, officiellement lancé une enquête sur les subventions au secteur par l’État chinois, accusé de non-respect des règles du marché [1].
En attendant, les objectifs fixés par l’appareil ont été largement dépassés.
Ceux de l’échéance 2025 prévoyant que 20% des véhicules vendus seraient 100% électrique (comprenant les modèles à batteries, les hybrides rechargeables et les véhicules à piles combustibles fonctionnant à l’hydrogène) avaient déjà été atteints en 2022.
Compte-tenu de l’engouement, celle de 2035, planifiant que les véhicules 100% électriques constitueraient le « courant dominant » des véhicules neufs circulant en Chine, pourrait, selon Miao Wei, ancien ministre de l’Industrie et des technologies de l’information être atteint dès 2025 ou 2026.
Les atouts chinois sont connus. Ils vont du soutien des finances publiques, à la puissance du marché intérieur qui facilite la multiplication des nouveaux entrants, en passant par la main d’œuvre bon marché, et l’efficacité de la chaîne de production qui contrôle les ressources comme le lithium et le graphite nécessaires à la fabrication des batteries.
Il n’en reste pas moins que dans sa compétition avec Tesla, le principal argument de vente de BYD est le prix. Le modèle d’entrée de gamme se vend en Chine pour à peine plus de 10 000 dollars. Tandis que la « Modèle 3 », la moins chère de Tesla, coûte près de 39 000 $.
Au passage, le « dumping » des prix a tout de même des effets pervers en Chine même où il impacte sérieusement les marges bénéficiaires, y compris celles de BYD. Alors qu’elles étaient en moyenne de +6,1% en 2022 et de 5,7% en 2022, elles sont tombées à +5% en 2023.
Les risques mortels pour les plus fragiles et les nouveaux venus n’ont cependant pas mis fin au réflexe commercial de tirer les prix vers le bas. Récemment BYD a encore baissé le prix de son modèle d’entrée à 69 800 Yuan, soit 9670 $. Les autres marques comme Geely, Chery et XPeng Motors, sont obligées de suivre.
Enfin, en réaction au ralentissement de leur marché intérieur sous tension depuis la baisse de la croissance, mal compensée par la baisse des prix, les constructeurs chinois ont cherché à se développer à l’extérieur, en Europe, en Australie et en Asie du Sud-est.
En septembre 2023, BYD avait envoyé une importante délégation au salon automobile de Munich. Selon un porte-parole de la marque, le groupe avait l’intention de doubler le nombre de ses distributeurs en Europe, devenu un marché cible.
Durant le seul mois de novembre 2023, la marque a vendu 13 000 unités en Europe principalement de son modèle « Atto 3 ».
Après avoir établi 230 points de vente dans 19 pays, dont la Belgique, le Danemark, la France l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, Wang Chuanfu a entrepris de monter une usine d’assemblage à Szeged en Hongrie, 170 km au sud de Budapest, près de la frontière roumaine.
Il s’agira de la 2e usine BYD après celle de Komárom. Implantée sur le Danube, à la frontière slovaque, elle est opérationnelle depuis 2018 et produit 400 bus par an.
Alors même que l’UE enquête sur le dumping chinois, « BYD Auto Hongrie » au capital enregistré de 500 millions d’€, construira à Szeged deux premières chaînes de montage sur un parc industriel de 300 hectares d’où les premières voitures pourraient, disent les responsables, être produites dès 2025.
L’enthousiasme des autorités locales qui se félicitent des emplois à venir et ont investi 125 millions d’€ pour aider à l’installation de BYD tranche avec les défiances européennes.
Mise à jour le 26 avril
En raison d’une forte baisse des ventes de BYD au premier trimestre 2024, Tesla dont les performances commerciales sont également en recul, est repassé en tête du palmarès des ventes.
En Chine, les PDG des fabricants de véhicules électriques anticipent une aggravation de la guerre des prix qui entrainera la faillite de nombreuses entreprises du secteur. En mars dernier, Wang Chuanfu, président de BYD, prédisait même un « cycle d’élimination brutale ».
Selon Yin Tongyue, PDG de Chery Auto qui, en 2024-2025 lancera 39 nouveaux modèles purement électriques et hybrides, en Chine, les constructeurs se lancent dans une « course à la vie ou à la mort ».
Alors que les spécialistes du secteur annoncent qu’en 2024, en Chine, la part de marché des voitures électriques pourrait atteindre jusqu’à 45 %, l’explosion des ventes est attisée par les effets de la concurrence qui tire les prix vers le bas et l’aide des pouvoirs publics, objet de la querelle commerciale entre Pékin et l’Union Européenne.
Au passage les premiers effets du raidissement de l’UE contre les subventions publiques aux entreprises chinoises qui distordent le libre marché viennent d’avoir lieu dans le secteur des équipements de sécurité.
Le 23 avril, la Commission européenne a déclaré avoir procédé à des « inspections inopinées » en Pologne et aux Pays-Bas dans les locaux de Nuctech entreprise d’État créée en 1997, filiale de Tsinghua Tongfang cotée à la bourse de Shanghai fabriquant, entre autres, des scanners de sécurité pour le contrôle des bagages dans les aéroports.
Note(s) :
[1] Le texte du Journal Officiel de l’UE dit ceci : « La Commission européenne a, de sa propre initiative, lancé une procédure antisubventions conformément à l’article 10, paragraphe 8, du règlement (UE) 2016/1037 du Parlement européen et du Conseil du 8 juin 2016 au motif que les importations de véhicules électriques neufs à batteries originaires de la République populaire de Chine sont subventionnées et causent ainsi un préjudice à l’industrie de l’Union. »