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Désordres bancaires, crise immobilière sur fond de corruption. Avis de coup de tabac socio-économique

Rancœur des épargnants et crise de confiance.

Pour le moment, les énervements sont toujours à fleur de peau. Plusieurs pétitionnaires se plaignent en effet que les pouvoirs publics n’ont font pas assez et craignent de ne plus jamais revoir leur argent. Plusieurs d’entre eux, notant que la corruption était à l’œuvre depuis dix ans, se demandent s’il n’y avait pas collusion à la tête de la ville et si les responsables dûment informés n’avaient pas fermé les yeux.

Dans cette tourmente qui affaiblit la confiance dans les pouvoirs publics - c’est ce que dit le très lucide Hu Xijin fort de sa réputation de haute éthique nationaliste construite au Global Times -, resurgit le souvenir d’une précédente affaire bancaire dont les cicatrices ne sont pas tout à fait guéries.

En mai 2019, pour la première fois en vingt ans, la priorité accordée par le Président Xi Jinping à la lutte contre la corruption et la finance grise avait conduit le gouvernement à plonger directement le fer dans la plaie des banques opérant dans le marasme du marché interbancaire où les petites banques privées à court de dépôts s’échangent des actifs financiers (emprunts ou prêts) pour se recapitaliser, perpétuant ainsi les dérives de la finance grise.

La cible la plus médiatisée y compris à l’étranger, fut la « Baoshang 包商 », petite banque de Mongolie que les pouvoirs publics avaient, contrairement aux errements d’une garantie automatique par les finances publiques, abandonnée à la faillite, avant de la mettre sous tutelle de la China Construction Bank - 建 设 银行. Lire : Assainissement des finances, effets de la guerre commerciale et impact du crédit social des entreprises.

Il y avait un prix à payer. La brutalité de la remise en ordre qui tranchait avec les atermoiements antérieurs portait le risque d’assécher l’approvisionnement des banques privées et de créer une panique contagieuse.

En réaction, la Banque Centrale avait annoncé qu’elle apporterait « suffisamment de liquidité d’urgence pour assurer le paiement des crédits courants et qu’elle garantirait les dépôts d’entreprises ainsi que les passifs interbancaires de moins de 50 milliards de yuans (7,7 Mds d’€), ceux dépassant ce seuil pouvant être négociés. »

D’autres banques privées étaient concernées par ce coup de balai. La Hengfeng 恒丰银行 à Yantai reçut le secours d’urgence du fond souverain chinois ; dans le nord-est industriel, la banque Jinzhou 锦州银行 avait été un cas d’école.

Alors que depuis quelques années, elle s’efforçait d’attirer des investisseurs en affichant l’image d’une croissance rapide, pas tout à fait conforme à la réalité, elle aussi reçut en catastrophe le soutien de la Banque Commerciale de Chine et de fonds d’investissements appelés à la rescousse.

Malgré cet appui public, ses performances sont toujours en net recul avec une chute brutale de 40% de ses performances depuis décembre 2021. Voir : Bank of Jinzhou Co Ltd.

*

Au moment où se cristallisent à la fois les effets de la remise en ordre de la « finance grise » à l’origine de désarrois et d’un début de panique, sur fond de vieilles habitudes d’abus de pouvoir des gouvernement locaux qui, utilisant les nouvelles technologies de l’information, bafouent sur un mode orwellien l’éthique de respect des données privées, le parti veille toujours à tenir sous le boisseau les conséquences politiquement explosives du dérèglement du secteur immobilier.

Lire : « Evergrande », le spectre d’un effet domino.

Toujours les risques de contagion de la crise immobilière.

Le 22 juillet, mise sous la pression des inquiétudes de l’opinion, la Commission de régulation Bancaire, faisant une volte-face par rapport à ses projets d’assainissement du secteur, promettait d’augmenter ses prêts aux développeurs déjà très endettés pour leur permettre de mener à bien leurs projets mis à l’arrêt. Dans le même temps, la Commission exhortait les banques à augmenter les prêts hypothécaires aux « clients solvables » pour redynamiser le marché immobilier.

Le fond de tableau de ce branle-bas est qu’un nombre croissant d’acheteurs groupés dans des collectifs refusent désormais de payer les hypothèques de leurs prêts contractés pour des biens immobiliers inachevés.

Selon les analyses de la Deutsche Bank, le total des hypothèques en suspens atteint en effet 296 Mds de $, tandis que depuis un an, les ventes immobilières se sont contractées de 60%. Paniqués, les développeurs immobiliers, récemment encore tous puissants acteurs de la Chine en expansion, acceptent même des acomptes en produits agricoles (céréales et fruits).

Pour mesurer le niveau de risque de crise socio-économique, il faut se souvenir que 70% de la richesse des ménages est investie dans la propriété immobilière qui concerne aussi 30 à 40% des prêts bancaires, tandis que les transactions foncières comptent pour au moins 30% du revenu des administrations locales.

Si on ajoute à ce bilan que la part de l’immobilier dans la production nationale est voisine de 29% (en y incluant les industries en amont et en aval), soit plus de 5000 Mds de $ sur les 17 000 Mds de $ du PIB 2021 (Source Bureau National des Statistiques), tandis que la contagion du boycott des hypothèques touche 200 projets dans 80 villes du pays et plusieurs centaines de milliers d’acheteurs, on comprend que certains analystes comme Pei Minxin, jugent que la situation de la dette chinoise est au bord de l’explosion.


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