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La marine chinoise devient un outil diplomatique et stratégique de portée globale

Proximité opérationnelle avec la marine russe.

Cette année, l’exercice sino-russe baptisé « Joint Sea 2017 » a eu lieu dans la zone d’intérêt stratégique directe de l’OTAN. Organisée dans les eaux resserrées de la Baltique, la manœuvre s’est déroulée à proximité des trois États Baltes, au large de la Pologne et de l’Ukraine qui, depuis la fin des années 90, sont, aux portes de la Russie, la cible des empiètements de l’organisation militaire occidentale et auxquels Vladimir Poutine a décidé de mettre fin [2].

Plus qu’une simple manœuvre militaire, l’exercice en mer baltique, vu par les Chinois et les Russes comme une réplique aux démonstrations de force américaines dans la zone d’intérêt stratégique de Pékin, aux abords de la Corée et en mer de Chine, exprime un refus plus large partagé par Moscou.

Sur la longue liste des différends de la Chine et de la Russie avec la Maison Blanche on retrouve les intrusions politiques américaines au nom des droits individuels (à cet égard le rejet chinois s’est récemment exprimé à Hong Kong par la bouche de Xi Jinping), les stratégies anti-missiles de Washington en Europe et en Corée du Sud et la priorité américaine accordées aux sanctions contre Moscou, Téhéran et Pyongyang, que le Congrès vient récemment d’alourdir.

Ce mois de juillet, en mer Baltique, à côté des bâtiments chinois, les russes avaient aligné une douzaine de bâtiments dont le « Piotr Velikiy » leur seul croiseur géant à propulsion nucléaire de la classe Kirov encore opérationnel et un sous-marin nucléaire lance engins (SNLE) Dmitriy Donskoi (TK-208) de la classe Typhoon, plus grand submersible de combat jamais construit. Les exercices ont testé les procédures de ravitaillement, de sauvetage en mer et de lutte anti-sous-marine, et donné lieu à des tirs réels contre des cibles navales et aériennes.

Une emprise globale.

Cette année, l’exercice sino-russe n’était pas la seule activité de la marine chinoise dans la région. Du 18 au 21 juillet une autre flottille de 3 bâtiments de combat faisait une escale de courtoisie à Istanbul, membre de l’OTAN aux ambitions stratégiques désormais ambigües que Washington surveille avec inquiétude.

Trois jours plus tard, elle était dans le port du Pirée, à l’entrée sud de l’Europe, gérée par le transporteur chinois COSCO qui en détient 67% des droits depuis avril 2017. Les escales avaient lieu dans le cadre d’une tournée mondiale en Asie, Afrique, Europe et en Océanie, à l’occasion du 68e anniversaire de la création de la marine chinoise.

La tournée en Méditerranée faisait suite à d’autres escales effectuées en janvier et février derniers dans 4 pays du Moyen Orient, autour de la péninsule arabique, au Koweit, au Qatar, aux Émirats et en Arabie Saoudite.

Dans cette zone où, en concurrence encore discrète avec les États-Unis, la Chine étend son influence, avec un nouvelle emprise militaire à Djibouti, tandis que sa présence dans le port pakistanais de Gwadar à 450 nautiques d’Abu Dabi, jalonne la route de ses importations de pétrole, à vue directe de la mer d’Oman où, depuis 2008, la marine chinoise participe à la lutte internationale contre la piraterie [3].

Enfin, un nouvel exercice sino-russe aura lieu en septembre prochain, en mer du Japon et en mer d’Okhotsk, au large de la Sibérie orientale, cette fois dans la zone d’intérêt stratégique chinoise, dans la zone de tensions avec Pyongyang, à proximité des archipels coréen et japonais, à quelques centaines de nautiques de la base de Yokosuka, quartier général de la 7e flotte américaine.

Note(s) :

[2Si la Pologne (depuis 1999) et les États Baltes (depuis 2004) sont membres de l’OTAN, la tentative de l’Ukraine pour y adhérer à partir de 2008, avortée en 2010 est une des racines des troubles dans la région provoqués par la réaction russe à l’empiètement américain sous couvert de l’OTAN.

[3Premier déploiement opérationnel de la marine chinoise à une très longue distance de ses bases, la mission de lutte contre la piraterie a, depuis 2008, concerné 16 000 marins, 1300 personnels des forces spéciales, 30 bâtiments de surfaces (50% des navires de combat) et toutes les unités logistiques à quoi s’ajoutent plusieurs sous-marins. Ces unités ont escorté 6000 navires de commerce regroupés en 800 convois. L’expérience acquise au cours de ces missions est précieuse.


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