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›› Chronique

Réforme électorale. La mise aux normes politique de Hong Kong se poursuit sans faiblir

Quel avenir international pour la place de Hong Kong ?

En dépit des dénégations des responsables chinois, nombre de commentaires soulignent que l’attraction de la place financière de Hong Kong ayant tourné le dos à la « Common Law », a faibli.

Officiellement cependant, le système judiciaire de la R.A.S se réclame toujours de la « Common Law ».
Différente du système légal du Continent, elle fonde, disent ses défenseurs à Pékin et à Hong Kong, toujours la pertinence du schéma « un pays deux systèmes ». Son organisation et son fonctionnement peuvent être consultées sur le site officiel du Département de la justice du Territoire.

La réalité est que depuis les émeutes de 2019, l’efficacité de l’arrangement « un pays deux systèmes » qui garantissait le maintien de la « Common Law » a sérieusement été écornée, essentiellement parce que Pékin y voit le risque que les libertés qu’elle autorise pourrait favoriser le développement d’un mouvement de rupture avec Pékin.

Quant à l’exécutif de la R.A.S ses liens avec Pékin sont, depuis 1997, structurellement très étroits tout autant qu’ils l’étaient avec Londres. Force est de constater qu’ils se sont resserrés depuis la crise de 2019.

Selon la loi fondamentale « Basic Law », la gouverneure Carrie Lam nommée en 2017 par Pékin, à qui elle doit rendre des comptes, dirige le gouvernement pour la formulation et la mise en œuvre des politiques, la conduite des affaires administratives et l’élaboration et l’introduction des budgets et des projets de loi.

Mais, depuis juin 2020, suite aux émeutes de 2019 – 2020, Carrie Lam est aussi la Présidente de la Commission en charge de veiller à la « Sécurité Nationale » dont la philosophie articulée à la préservation bec et ongles des liens avec Pékin, domine sans nuance toute la pensée politique chinoise dans la R.A.S.

Enfin, s’il est exact que les peines prononcées par les juges de Hong Kong traduisent par leur mansuétude relative – sur le Continent l’accusation de « séparatisme » conduit à la prison à vie. Lire à ce sujet : Condamnation à la prison à vie d’un intellectuel ouïghour -, en revanche, aujourd’hui, le législatif, troisième des trois pouvoirs est, par le truchement de la réforme électorale complètement dépouillé de son indépendance.

L’objectif reste la mise sous le boisseau de la mouvance démocrate et surtout, première priorité de l’Appareil à Pékin, de tuer dans l’œuf toute dérive séparatiste.

*

Ignorant cette absolue ligne rouge de souveraineté, d’autant plus exigeante pour Pékin que l’histoire du Territoire est le douloureux symbole des humiliations infligées à la Chine au XIXe siècle par les « Huit puissances », les pays du G7 – sans la Chine ni la Russie - ayant tous d’importants intérêts financiers à Pékin, ont vigoureusement critiqué la loi sur la sécurité nationale et la refonte du processus électoral.

L’œil fixé sur sa priorité souveraine, le pouvoir chinois n’en a cure.

Le sévère raidissement de Pékin a il est vrai entraîné une nervosité des milieux d’affaires notamment américains.

En juillet, Washington publiait un avertissement aux entreprises américaines de Hong Kong qui mettait en garde contre « la difficulté croissante de se conformer à la fois aux sanctions américaines et à la réglementation chinoise ». En particulier ajoutait le communiqué, après l’adoption par Pékin en juin 2021 de la « loi anti-sanctions ne faisant aucune distinction explicite entre la Chine continentale, Hong Kong, et Macao. ».

Dans le même temps, une enquête de la Chambre de commerce américaine de Hong Kong réalisée en mai révélait que 42% des personnes interrogées prévoyaient de quitter la R.A.S ou envisageaient de le faire. Un début d’exode a commencé, mais son ampleur n’est pour l’instant pas significative. Depuis juin, 90 000 Hongkongais soit 1,2% de la population ont quitté la ville.

Intégrer Hong Kong au Continent.

A l’inverse du pessimisme des analyses politiques, en 2021, et en dépit du tableau très morose des relations avec le Continent qui semble clore la spécificité de la R.A.S, l’économie de Hong Kong a finalement rebondi après la récession commencée avec les manifestations de 2019.

Malgré un ralentissement de l’élan au second semestre, à la suite des mesures de mise au pas réglementaires déclenchées par le pouvoir central, le rétablissement a été porté par une vague d’introductions en bourse de nombreuses entreprises chinoises s’étant inscrites pour la première fois ou ayant répondu aux appels de Pékin pour une seconde introduction qualifiée par l’appareil de « retour aux sources ».

En haussant l’analyse d’un étage on perçoit la réalité. Inexorablement, Pékin poursuit l’intégration de la R.A.S au Continent et l’effacement de sa spécificité dont le principal levier économique est la réalisation territoriale du projet de la « Grande baie Canton- Hong Kong – Macao - 粤港澳大湾区 », autour de Zhuhai.

En 2018, François Danjou en avait analysé les prémisses (lire : Anxiétés politiques à Hong-Kong) au milieu des anxiétés exprimées par les défenseurs des « deux systèmes » et les premières répressions contre la liberté d’expression, ciblant déjà Victor Mallet journaliste du Financial Times dont le visa n’avait pas été renouvelé.

Déjà, la colère de Pékin fustigeait spécifiquement l’invitation par Victor Mallet au Foreign Correspondant Club dont la plupart des membres sont des journalistes étrangers, de l’indépendantiste Chan Ho-tin : 陳浩天, 31 ans.

Andy Chan – son nom anglais –, fondateur du « Hong Kong National Party », le premier à militer pour l’indépendance de Hong Kong, a été arrêté une première fois le 2 août 2019 avec sept autres manifestants à Sha Tin, à l’est des nouveaux territoires. Il était accusé de détenir illégalement des explosifs – cocktails molotov -, des armes – en réalité des arcs et des flèches - et du cannabis.

Le 30 août, il était à nouveau arrêté, alors qu’il tentait de fuir au Japon. Cette fois il était accusé d’avoir participé à une émeute et d’avoir attaqué un policier lors des manifestations de Sheung Shui du 13 juillet 2019 au milieu de troubles qui se prolongèrent très au-delà du nouvel an 2020.

Lire : HONG KONG à l’orée de 2020.

Au milieu des péripéties policières traduisant le télescopage entre d’une part le désir rémanent de spécificité et même pour certains Hongkongais de rupture et, d’autre part, l’élan chinois de la mise aux normes du Territoire, deux événements avaient matériellement exprimé la récupération territoriale de Hong Kong par le Continent, près de trente ans avant 2047, échéance de la fin du schéma « un pays deux systèmes ».

A cette époque, Anson Chan, 陳方安生 (82 ans le 17 janvier prochain) inflexible avocate des « deux systèmes » de la liberté de l’information, de l’indépendance de la justice, des élections libres et du pouvoir de contrôle du Legco, qui dirigea l’administration du Territoire de 1993 à 2001, dont quatre années sous le mandat de Chris Patten, exprima l’inquiétude de nombre de Hongkongais.

Dix mois avant les premières manifestations contre la loi sur l’extradition et près de deux ans avant celle sur la sécurité nationale, elle jugea publiquement que « la R.A.S ressemblait de plus en plus à n’importe quelle ville chinoise ». Alors qu’il affirme le contraire, telle est bien l’intention du pouvoir à Pékin : normaliser Hong Kong sous tous les aspects, qu’ils soient sociaux, politiques, économiques et territoriaux.

En 2018, à un mois d’intervalle eurent lieu deux événements exprimant plus que tous les autres, l’accélération de l’intégration territoriale de la R.A.S. Le premier événement fut la mise en service le 23 septembre de la liaison TGV – plus de cent trains par jour - entre les nouveaux territoires – ceux-là même cédés en 1898 par les Qing à l’empire britannique pour 99 ans – et 44 villes chinoises dont Pékin, Canton et Shenzhen, Zhuhai, Chongqing, Guiyang, Wuhan, Nanning et Xi’an.

Le deuxième événement fut l’inauguration par Xi Jinping du pont de 55 km enjambant le delta de la rivière des perles et reliant Hong Kong à Macao et Zhuhai. Pour un coût final de 20 Mds d’€, l’ouvrage dont la construction a débuté en 2009 est désormais avec la liaison TGV, le symbole à la fois physique et politique du rattachement à venir de la R.A.S au Continent.


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