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›› Editorial

Xi Jinping, D. Trump, Kim Jong-un, brutal retour aux réalités

Le « piège » d’un traité de paix.

Quoi qu’il en soit, s’il est exact que Pékin n’a pas encore réussi à marginaliser le Japon de Shinzo Abe, loin s’en faut, ni à entraîner Washington dans le piège d’un traité de paix inopportun et trop précoce privant les États-Unis de tout levier de pression face aux réticences de Pyongyang, Xi Jinping, et Kim Jong-un ont compris tout l’avantage tactique qu’ils pourraient tirer à ne pas laisser le processus d’apaisement de la situation sur la péninsule enfermé dans le seul face-à-face entre D. Trump et Pyongyang.

Le 24 août, dans le New-York Times Mark Lander et Gardiner Harris citaient Victor Cha, Américain d’origine coréenne, ancien directeur des Affaires asiatiques à la Maison Blanche qui négocia avec Pyongyang sous la présidence Bush.

Pour cet ancien membre du Conseil de sécurité nationale, la décision de Trump d’annuler la mission de Mike Pompeo à Pyongyang est la preuve que Washington avait perçu le risque de se laisser dès à présent séduire par la perspective d’un traité de paix en échange des concessions hypothétiques de Kim Jong-un.

A l’inverse, ajoute Victor Cha - et pour QC, il s’agit là d’une des clés de l’évolution prochaine de la situation dans la région -, le ralliement du maximum d’appuis dont celui de la Russie à la cause de la signature rapide d’un traité de paix fait partie intégrante des objectifs que la Chine garde en tête, même si elle ne les formule pas officiellement de crainte d’être accusée de saboter le processus de dénucléarisation en cours.

Pékin manœuvre pour rehausser l’audience de Kim.

Alors qu’il est prévu que Kim Jong-Un rencontre Vladimir Poutine, la rumeur lancée par le Strait Times de Singapour à la mi-août, reprise par Reuters et le Japan Times - mais que Pékin n’a pas confirmée - court, qu’après une longue période de glaciation des relations ayant brutalement pris fin au printemps 2018 en réaction au dégel entre Kim Jong-un et D.Trump (lire : Péninsule coréenne. Brutal dégel entre Pékin et Pyongyang.), Xi Jinping visiterait Pyongyang pour la première fois depuis son accession au pouvoir en 2012, à l’occasion du 70e anniversaire de la fondation de la République de Corée du Nord, le 9 septembre.

L’initiative qui marquerait un tournant majeur dans la relation Pyongyang – Pékin puisque la visite de Xi Jinping serait la première d’un n°1 chinois depuis celle de Hu Jintao en 2005, attiserait cependant les critiques accusant la Chine de se mettre en travers de la dénucléarisation, le rapprochement réduisant objectivement à néant toute possibilité de pressions concertées sur Pyongyang.

Elle porterait aussi le risque d’un retour aux tensions sur la péninsule et d’une dangereuse aggravation des rivalités entre Pékin et Washington. (*)

*

Tels sont les enjeux que la Chine doit tenter de concilier, entre sa crainte d’être marginalisée et le risque, si ses initiatives pour reprendre la main sont trop agressives, d’être accusée d’avoir fait capoter le processus.

Pour Washington, on voit bien que le dilemme vieux de plus de 30 ans consiste à doser au trébuchet ses pressions sur Pékin tout en persuadant le régime chinois que le processus n’aboutira pas à sa marginalisation sur un théâtre où elle avait jusqu’à présent toujours conservé une forte capacité d’influence.

Pour l’heure, constatons que la somme des malentendus et des intentions cachées encore compliquées par la carte sauvage de la violente guerre commerciale en cours entre Washington et Pékin, crée un faisceau d’obstacles enchevêtrés mettant au défi l’habileté des plus fins stratèges.

(*) Mise à jour le 5 septembre : Mesurant ce risque, Xi jinping, s’est abstenu. Le 4 septembre les médias nationaux chinois annonçaient que Li Zhanshu, n°3 du régime, proche de Xi et président de l’ANP le représentera aux cérémonies du 9 septembre à Pyongyang.

La décision ménage la susceptibilité de Pyongyang et maintient l’élan du rapprochement tactique entre Xi Jinping et Kim Jong-un. Elle témoigne aussi du souci du président chinois de ne pas attiser encore plus les accusations d’hypocrisie de la Maison Blanche. Rien ne dit que cette prudence suffira à dissiper l’hostilité qui monte entre Washington et Pékin.


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