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Pékin ce n’est pas de la tarte

Chapitre III

Grodaeg avait suivi Daniel Senghor qui s’occupait de toute la partie technique et de l’organisation pratique du séminaire. Ils avaient passé de longues heures de palabres, pour s’assurer du contrôle des participants, de la sécurité dans les couloirs et les chambres, pour surveiller les allées et venues des uns et des autres et tous les détails touchant au bon déroulement de l’événement. Huang avait accompagné Louis Polémile et André Tchague qui étaient chargés des relations avec les autorités locales. Mimille s’était occupé des problèmes de communication, et moi, j’étais resté aux côtés de Madame Galen et de Zabelle son assistante, pour superviser l’ensemble et pour tenir informés Faudrey et le service de l’évolution de la situation sur place...

Boutros, le commissaire de police de l’Ambassade, avait dispersé ses effectifs, à l’extérieur autour des bâtiments. Une bonne dizaine de CRS, arrivés la veille, étaient venus renforcer les gardes de l’Ambassade et leur prêter main forte.

Weng, de son côté, n’avait pas fait dans le détail... Il avait appelé des renforts, en suivant ce vieux concept de la stratégie chinoise, plein de sagesse, qui disait qu’on est bien plus nombreux à cent qu’à dix... Autant dire que l’hôtel grouillait de pandores...

Le colloque avait été ouvert le matin même, dans le grand auditorium du centre de conférence attenant à l’hôtel avec un discours de VGE qui avait débuté tout en chinois... L’accent aristocratique auvergnat avait généré quelques petites incompréhensions mais d’une manière générale, ce louable effort pour s’adresser à eux dans la langue de Confucius, était fort apprécié par tous les auditeurs... Le vice-premier ministre chinois qui avait fait le déplacement à Tianjin pour accompagner VGE, l’avait en tout cas, chaleureusement félicité...

Au rythme où se suivaient les éloges, on pouvait s’attendre, pour le prochain colloque, à un petit air d’opéra de Pékin, accompagné à l’accordéon... En tout cas, rien n’était venu perturber la prestation du Président et aucun tarto-terroriste fiché ne semblait se cacher au sein des participants. Il faut dire que tous les entrants étaient passés aux contrôles des trombinoscopes ou des vérifications d’identité et avaient subi une fouille minutieuse anti-crème. Mimille s’était spontanément proposé pour assister la police chinoise dans les fouilles au corps des participantes au colloque. Il palpait généreusement les rondeurs suspicieuses, tout en jetant de temps à autre un regard appuyé sur Buitini, le chef de Cabinet de VGE, qui profitait lâchement de son inattention forcée pour rôder autour de Lili, laquelle supervisait ses escouades de gorilles...

Sitôt les discours officiels terminés, VGE avait quitté la salle avec le Vice-premier, pour un petit tour dans la vieille ville de Tianjin, accompagné de Jacques Hobedeux, notre ambassadeur en Chine et d’Hervé Lateur, le Directeur Asie du Quai d’Orsay. Comme dans la plupart des villes chinoises, très peu des anciens édifices et des vieux quartiers avaient survécu à la soif des démolisseurs et des promoteurs immobiliers. Il ne restait plus çà et là, que quelques vieilles bâtisses rappelant vaguement le passé glorieux du quartier des anciennes concessions étrangères et un vieux pont de la société Eiffel traversant la rivière au centre de la ville. A part ces quelques vestiges miraculeusement sauvegardés, Tianjin ressemblait maintenant à toutes les villes de Chine, alternant les structures verticales en béton, acier, verre et arrogance, avec les fosses des chantiers qui démarrent...

Le départ du convoi, sous haute protection policière nous avait provisoirement soulagés jusqu’au moment où il nous faudrait affronter le buffet du midi. Les participants au colloque étaient enfermés sous bonne garde, dans le grand auditorium, condamnés à subir les discours des orateurs et le supplice de leurs diapositives toutes plus optimistes que des communiqués de guerre... Seuls les organisateurs et les gardes de sécurité traînaient encore dans les couloirs. Mycène Galen venait de terminer une conversation sur son portable et s’apprêtait à regagner sa place dans la chambre des tortures.


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