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Pékin ce n’est pas de la tarte

Mais André, notre maire, qui est odieux, avait profité de mon silence hébété pour continuer ses explications ; Il venait de recevoir un message du district de Baoxing, l’invitant à venir signer un accord d’amitié entre les deux villes et il avait rapidement convaincu, son copain Dulion, le président de la Section Chine des Conseillers du Commerce Extérieur, de l’accompagner pour étudier la possibilité d’un financement, par la section locale, de la restauration de l’église qui avait abrité ce bon Père David. Cette grosse chapelle et son cloître attenant, m’expliqua t-il, avaient été construits entièrement en bois, vers 1835, dans un style gothico-chinois flamboyant, mais les constructions donnaient, hélas, aujourd’hui, quelques signes de faiblesse : les planchers supportaient de moins en moins le poids des fidèles, et les installations électriques sommaires menaçaient de déclencher, à tout instant, des étincelles fatales...

Devant l’importance majeure de cet enjeu culturo-économique, et écrasé par le poids des jours fériés que je me devais impérativement de prendre, sous peine de les voir passer au compte des profits et pertes, sans espoir d’une quelconque compensation, pressentant le coup tordu, je n’avais pas hésité un quart de milliseconde. Et vous comprenez donc pourquoi, quelques jours après ce coup de fil un tant festif, je me retrouvai en train d’arpenter les pentes rocheuses qui menaient à l’église où ce religieux ezpeletar avait traîné ses guêtres, sans me douter une seule seconde du guet-apens qui m’attendait...

Nous partîmes à quatre, André, Dulion et Huang, mon fidèle acolyte, le complice de toutes mes aventures chinoises... Mais par de prompts renforts, nous nous vîmes plus d’une escouade en arrivant à bon port. Xavier Ménard-Deyfèce, en préretraite de chez Sanofi, nous accompagnait ; son copain Lépine, le Directeur Lobbying, avait bien pensé être également de la partie, mais l’OPA que SANOFI venait de lancer sur le Groupe Aventis ne lui avait pas permis de se libérer pour nous rejoindre dans cette expédition ; Legrand, le PDG du groupe n’aurait pas vraiment apprécié une désertion dans une période aussi sensible... Dommage, car Lépine était à la sinologie ce que la Grosse Bertha avait été à la Première Guerre Mondiale... Il avait laissé un souvenir impérissable de son passage en Chine, alors qu’il y dirigeait le bureau de représentation d’un grand groupe pétrolier... La Chine ne s’en remettait qu’à peine...

Duboisy le Consul général de France nouvellement nommé, s’était également joint à notre troupe disparate pour couvrir notre escapade du sceau et des ors de la République. Sa seule présence nous ouvrait les portes de tous les mandarins locaux qui se pressaient pour venir se prosterner à notre passage... J’en rajoute un peu mais c’est pour vous faire regretter de ne pas nous avoir suivis... Duboisy était un revenant ; il avait fait ses classes dans l’Empire du Milieu, il y a de ça une quinzaine d’années, en tant que Conseiller Commercial. Je l’avais rencontré à cette époque, lors d’une enquête sur la mort bizarre d’un directeur de la COFACE. Il avait maintenant le prestigieux challenge de surpasser Bodard...

Monsieur Song, le vice maire de la ville de Yaan, le chef lieu du coin, avait été dépêché par les autorités locales pour s’assurer que notre délégation recevrait bien tous les égards dus à son rang. Duboisy avait également réussi à convaincre Louise et Laurie, les deux meilleures de ses collaboratrices, de chausser leurs bottes de montagne pour arpenter les pentes avec nous. Leur présence donnait une note de fraîcheur à notre expédition. Cela nous menait bien loin de la Chine aride d’antan, où la gente féminine s’attifait de sacs de patate d’un joli vert merdique uniforme, sous la houlette de mégères aux jolis sourires de hyènes. Je ne vais pas vous faire le coup du radotage à la papy mais quand même... La Chine sous le patronage du Grand Timonier a eu des moments moins drôles qu’aujourd’hui... A ces époques reculées, si par miracle, vous arriviez à découvrir une jolie donzelle sous son camouflage de toile rêche, la moindre tentative de lui passer la main dans le dos vous condamnait à une rééducation immédiate et à dix pages d’autocritique... Mais pourquoi faut-il que tous ceux qui ont rêvé de sauver l’humanité, aient commencé par empêcher les autres de tout simplement rêver ?


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Par ErLangShen Le 6/10/2006 à 18h46

> Pékin ce n’est pas de la tarte

Il y a des moments comme çà où on ne voudrait pas que çà s’arrête, surtout en pleine courante...
Peut-on savoir si l’auteur de ces lignes inénarrables est aujourd’hui (DuanWu 2006) dans ce beau pays ?

Site indiqué : http://www.questionchine.net/articl...

Par Lé Hèm Le 14/01/2007 à 14h12

> Pékin ce n’est pas de la tarte

Bonjour Monsieur Gedoie,

Si vous avez besoin d’un outil de recherche avancée *, technologie 1980, en complément de votre téléphone j’en tiens un à votre disposition ...
Je viens de me plonger dans la lecture de votre dernier roman.

Plus que l’intrigue policière, c’est les tranches de vie, les moments de vie qui m’interessent (cf « le vendeur de sang »). Aujourd’hui, je suis attirée par les « impressions de chine », vos regards sur la chine.

Merci de satisfaire ma curiosité :
le cerf à queue de vache ...est-ce une réalité encore de nos jours ?

Bref, j’arrête là...pour poursuivre ma lecture... car j’ai envie de poursuivre.

* je viens de retrouver le nom : « minitel »
.........disponible à STRASBOURG

Par Anonyme Le 9/02/2007 à 10h52

> Pékin ce n’est pas de la tarte

trés bien super je suis entousiasmer par votre solution de défense des hipopotames en vois de reproduction selon le théoreme du pandatisme mais je sais que cela n’aurais pas pu se passé ds une ville comme naintré

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